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Les 37 pratiques des Bodhisattvas

par Gyelsé Thogmé Zangpo (1245-1369)

Les parfaits Bouddhas sont la source de tous les bonheurs et bienfaits obtenus par la pratique du saint Dharma. Puisque de cela dépend notre connaissance du Dharma, je vais expliquer les 37 pratiques des Bodhisattvas.

1. Une fois obtenu ce précieux corps humain, vaisseau si difficile à obtenir, écouter, réfléchir et méditer jour et nuit sans distraction pour libérer soi-même et autrui de l’océan du samsara est le comportement du Bodhisattva.

2. Désir et attachement vis-à-vis des proches nous agitent comme de l’eau. La colère envers les ennemis nous brûle comme du feu. Pour celui dont la confusion lui fait oublier ce qui doit être rejeté et adopté, abandonner son pays est le comportement du Bodhisattva.

3. Loin des environnements malsains, les obscurcissements mentaux diminuent peu à peu. En l’absence de distractions, la pratique de la vertu croît naturellement. Grâce à une connaissance claire et limpide, naît la connaissance réelle du Dharma. Demeurer seul est le comportement du Bodhisattva.

4. Nous serons séparés de tous nos proches de longue date. Les richesses si difficilement accumulées devront être laissées dernière nous. L’auberge de notre corps sera quittée par la conscience, son hôte. Renoncer mentalement à cette vie est le comportement du Bodhisattva.

5. Si, en fréquentant quelqu’un, les trois poisons s’accroissent et que les activités d’écoute, de réflexion et de méditation diminuent, abandonner les mauvais compagnons qui réduisent à néant amour et compassion est le comportement du Bodhisattva.

6. Si, en s’en remettant à quelqu’un, les défauts s’épuisent et que les qualités augmentent comme une lune montante, prendre soin de cet ami spirituel plus que de son propre corps est le comportement du Bodhisattva.

7. Les dieux mondains, enchaînés eux aussi dans la prison du samsara, qui peuvent-ils protéger ? Prendre refuge dans les infaillibles Trois Joyaux est le comportement du Bodhisattva.

8. Le Bouddha ayant enseigné que les souffrances des royaumes inférieurs étaient le résultat d’actions négatives, ne jamais effectuer d’actes nuisibles, fût-ce au péril de sa vie, est le comportement du Bodhisattva.

9. Les bonheurs des trois royaumes d’existence sont comme la rosée sur un brin d’herbe : ils peuvent être détruits en un instant. S’approprier le sens ultime de la suprême libération est le comportement du Bodhisattva.

10. Si, depuis la nuit des temps, nos mères aimantes souffrent, à quoi sert notre bonheur ? Développer l’esprit d’éveil pour libérer l’infinité des êtres est le comportement du Bodhisattva.

11. La source de toute souffrance est le désir d’un bonheur égoïste. La parfaite Bouddhéité naît de la pensée d’être bénéfique aux autres. C’est pourquoi échanger son propre bonheur contre les souffrances d’autrui est le comportement du Bodhisattva.

12. Même si, sous l’emprise d’un grand désir, quelqu’un s’empare de mes biens ou incite à les dérober, lui dédier mon corps, mes possessions et toutes les vertus des trois temps est le comportement du Bodhisattva.

13. Même si, sans que j’aie commis la moindre faute, quelqu’un me coupe la tête, prendre sur moi avec compassion tous ses actes négatifs est le comportement du Bodhisattva.

14. Même si, dans tous les univers, quelqu’un me calomnie, énoncer avec bonté ses qualités est le comportement du Bodhisattva.

15. Même si, devant une grande assemblée, quelqu’un révèle mes fautes et me critique, m’incliner avec respect devant lui et le considérer comme mon maître est le comportement du Bodhisattva.

16. Même si quelqu’un dont j’ai pris soin affectueusement, comme de mon propre enfant, me considère comme un ennemi, l’aimer encore davantage, comme le fait une mère envers son enfant malade, est le comportement du Bodhisattva.

17. Même si, sous le pouvoir de l’orgueil, quelqu’un d’égal ou d’inférieur à moi me déprécie, le placer respectueusement au sommet de ma tête, tel mon Maître, est le comportement du Bodhisattva.

18. Même démuni de tout, constamment méprisé par les autres, frappé de maladie ou attaqué par un démon, ne pas me décourager et prendre sur moi les actions négatives et les souffrances de tous les êtres est le comportement du Bodhisattva.

19. Même célèbre, respecté par autrui, détenteur de richesses semblables à celles de Vaishravana, ne pas être arrogant et voir les gloires du monde en essence vides est le comportement du Bodhisattva.

20. Si, ne soumettant pas l’ennemi intérieur qu’est sa propre colère, on vainc les ennemis extérieurs, ceux-ci s’accroissent. C’est pourquoi, à l’aide de l’armée de l’amour et de la compassion, maîtriser son propre courant de conscience est le comportement du Bodhisattva.

21. Les plaisirs des sens sont semblables à de l’eau salée : plus on s’y adonne et plus on en a soif. Abandonner immédiatement tout objet de désir est le comportement du Bodhisattva.

22. Les apparences sont notre propre esprit depuis toujours libre de l’extrême des fabrications. Reconnaître cela et, dans son esprit, ne saisir ni le sujet ni l’objet est le comportement du Bodhisattva.

23. Si un objet agréable m’apparaît comme plaisant, ne pas le considérer plus vrai qu’un arc en ciel d’été et abandonner tout attachement est le comportement du Bodhisattva.

24. Les diverses souffrances sont semblables à la mort d’un enfant en rêve. On s’épuise à voir comme vraie la manifestation illusoire. Quand on rencontre des circonstances défavorables, les voir comme illusoires est le comportement du Bodhisattva.

25. Si, lorsqu’on aspire à l’éveil, on doit donner jusqu’à son propre corps, que dire des objets extérieurs ? Pratiquer la générosité qui n’attend aucun résultat immédiat ni ultérieur est le comportement du Bodhisattva.

26. Si, sans éthique, on ne peut accomplir son propre bien, vouloir accomplir le bien des autres est une plaisanterie. C’est pourquoi préserver une éthique qui n’attend rien du monde est le comportement du Bodhisattva.

27. Le fils des vainqueurs qui souhaite jouir de la vertu considère que toute nuisance est un précieux trésor. C’est pourquoi cultiver la patience sans aversion vis-à-vis de tout et de tous est le comportement du Bodhisattva.

28. Au vu des efforts déployés par les auditeurs et les bouddhas par soi, comme s’ils voulaient éteindre un feu sur leur propre tête, alors qu’ils n’accomplissent que leur propre bien, pratiquer pour le bien de tous les êtres la diligence, source des qualités, est le comportement du Bodhisattva.

29. Les émotions étant complètement vaincues par une vision supérieure entièrement basée sur le calme mental, cultiver la méditation qui transcende correctement les quatre états sans forme est le comportement du Bodhisattva.

30. Sans la sagesse, le parfait éveil ne peut être obtenu par les cinq autres paramitas. Cultiver donc une sagesse dotée des moyens habiles et sans conceptualisation (sujet-objet-action) est le comportement du Bodhisattva.

31. S’il n’analyse pas lui-même ses propres illusions, il est possible qu’un pratiquant ne soit pas dans le Dharma. Analyser continuellement ses propres illusions pour les abandonner est le comportement du Bodhisattva.

32. Si, sous l’emprise des émotions, on révèle les fautes d’un autre Bodhisattva, on se nuit à soi-même. Ne pas dévoiler les fautes de celui qui est entré dans le grand véhicule est le comportement du Bodhisattva.

33. Si, sous l’influence du gain et des honneurs, on se querelle et que les activités d’écoute, de réflexion et de méditation se détériorent, abandonner l’attachement envers les maisons des proches et des bienfaiteurs est le comportement du Bodhisattva.

34. Si des mots blessants vont agiter l’esprit des autres et que le comportement des fils des vainqueurs va se détériorer, abandonner les paroles dures et ce qui est désagréable à autrui est le comportement du Bodhisattva.

35. Si on s’accoutume aux émotions, il est difficile de revenir en arrière, même avec des antidotes. Le pratiquant, armé de l’épée du rappel, décapite dès son apparition émotion, attachement … Tel est le comportement du Bodhisattva.

36. En résumé, quoi que l’on fasse, dans quelque domaine que ce soit, se demander quel est l’état de son propre esprit. Que celui qui possède un rappel et une vigilance continuels accomplisse le bien d’autrui. Tel est le comportement du Bodhisattva.

37. Pour dissiper les souffrances des êtres innombrables, dédier à l’éveil les vertus accomplies ainsi par l’effort, au moyen d’une sagesse dans laquelle sujet-objet-action sont totalement purs. Tel est le comportement du Bodhisattva.