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Enseignement

L’écoute, la réflexion et la méditation

Chépa Dorjé Rinpoché - Paris, 15 novembre 2001.

Nous devons penser que nous allons écouter cet enseignement pour pouvoir nous établir ainsi que l’ensemble de tous les êtres en l’état de Bouddha, en l’état de l’éveil.

En fait, qu’est-ce que je dis principalement ? Je dis toujours les mêmes choses et de quoi est-ce que je parle ? Je parle de l’esprit, je parle tout le temps de la nature de notre propre esprit, et je dis qu’il faut discipliner notre esprit.

Milarépa a dit : Je pointe l’arc et la flèche vers tous les êtres.

Cette flèche touche tous les êtres qui ont la foi et la dévotion. C’est grâce à cela qu’il est possible d’aider ceux qui ont la foi, la dévotion, qui ont du respect, qui examinent leur propre esprit, qui ont la vigilance, qui ont cette attention qui leur permet d’examiner leur propre esprit.

Je vous dis toujours que ce qui est le plus important, c’est notre esprit. Nous avons des émotions perturbatrices et il faut les discipliner. Nous seuls pouvons discipliner nos émotions perturbatrices en examinant notre propre esprit. Nous ne pouvons pas aller discipliner l’esprit de l’autre.

Quoi que nous puissions entendre comme enseignements, que ce soit l’enseignement du petit véhicule ou du grand véhicule, ce sont des moyens pour discipliner les émotions perturbatrices. Quels sont les différents moyens ? Un des moyens est de considérer les émotions perturbatrices comme des ennemies, un autre moyen sera de les considérer comme des amies. En fait, tout dépend de la possibilité intellectuelle de chacun.

Si, grâce à la vigilance et l’attention, nous reconnaissons nos émotions perturbatrices, il nous sera possible de les considérer comme étant bénéfiques, comme une aide. Les émotions perturbatrices seront comme un feu que nous allons attiser ! Ces émotions vont nous permettre de développer notre sagesse.

Mais si nous voyons ces mêmes émotions comme des ennemies, nous devrons reconnaître qu’il faut complètement les dissiper. Il ne faudra pas chercher à les discipliner car tant que nous les avons nous les gardons en nous, et elles vont nous faire renaître dans les mondes inférieurs. Elles vont nous nuire, nuire aux autres êtres. Il faudra par tous les moyens possibles, parvenir à détruire complètement ces émotions perturbatrices car elles sont nuisibles.

Il faut bien prendre conscience que l’ennemi ce sont les émotions, car ce sont elles qui créent la souffrance. Il y a par exemple les émotions de colère, de jalousie, d’opacité mentale, et toutes les autres émotions et c’est cela même qui apporte la souffrance, qui nous nuit et qui nuit aux autres êtres, car ce n’est pas du tout notre propre sagesse intérieure ou notre propre intelligence éveillée. Si durant l’enseignement du Dharma, durant l’écoute du Dharma, nous ressentons des émotions, nous pouvons dire, à ce moment-là, que ces émotions sont des ennemies. Car, si, durant l’écoute de l’enseignement, on ne peut être attentif à notre propre esprit, on ne peut pas examiner notre propre esprit. Si nous pensons : « ce n’est pas bien ce que dit untel, ce n’est pas bien ce qu’il fait » ou « là, ça ne va pas » ou si nous regardons à l’extérieur, nous ne pouvons, avec ces émotions, avoir la possibilité d’écouter véritablement l’enseignement d’une manière correcte l’enseignement.
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A quoi cela aide-t-il d’écouter un enseignement ?

L’enseignement aide à complètement dissiper les émotions perturbatrices. Et comme je le dis tout le temps, l’enseignement du Dharma aide notre propre courant de conscience. Donc, si nous commençons à regarder les autres en pensant « Mais qu’est-ce qu’ils font ? Qu’est-ce qu’ils disent ? », cela ne nous aide absolument pas, bien au contraire, car nous développons toutes sortes de pensées, nous commençons à nous dire toutes sortes de choses qui nous nuisent, qui nuisent aux autres, qui n’apportent absolument aucun bienfait au niveau de notre propre courant de conscience.

Et nous pouvons reconnaître que celui qui examine toujours autrui qui ne s’examine pas lui-même, c’est-à-dire qui développe toutes sortes de pensées, toutes sortes d’émotions, celui-là même peut se rendre compte qu’il n’a pas d’amis, et qu’il a, au contraire, des ennemis. Cela ne l’aide absolument pas, cela ne l’aide pas dans cette vie-ci, cela ne lui permet pas d’être séparé de la souffrance, cela ne l’aidera pas non plus au moment de la mort, donc il n’obtient absolument aucune aide en étant ainsi.

Un grand maître accompli a dit ceci :

La chose la plus importante est de s’examiner soi-même, d’aller dans un endroit solitaire et d’examiner son propre esprit.

En faisant ainsi, il est possible de discipliner nos émotions perturbatrices, notre esprit peut devenir plus clair et notre sagesse et nos qualités intérieures pourront se développer. Si nos qualités intérieures se développent, les autres nous apprécierons car tout ce que nous dirons sera dit avec justesse, d’une manière douce. Les gens nous verront aussi un visage doux, avenant, et ainsi, dans notre monde, nous serons considérés et nous n’aurons que des amis. Il y a donc un bienfait à se conduire de cette manière.

Un autre sens concernant l’écoute de l’enseignement du Dharma, c’est ne pas perdre son temps, et c’est aussi la possibilité d’accroître en nous l’esprit de l’éveil. Mais si quelqu’un se dit : « L’esprit d’éveil naît en moi, je développe vraiment l’esprit d’éveil, c’est quelque chose de bien ! » tout en donnant un grand coup de coude à son voisin, on ne peut pas dire que l’esprit de l’éveil soit vraiment développé en lui.

Ainsi donc, durant l’écoute de l’enseignement, celui qui écoute est comme l’invité et le Dharma, est comme un présent, un cadeau. D’une manière générale, quand un invité reçoit un cadeau, il ressent de la joie dans son esprit, et cette joie c’est la pratique, c’est la mise en pratique. L’ami spirituel est comme le guide sur le chemin c’est-à-dire que grâce à lui le chemin va se dérouler d’une manière correcte. Par exemple, si je vais à Taiwan, les Taïwanais vont m’aider à voyager dans ce pays et il n’y aura pas de difficultés, tout va bien se passer. Donc l’ami spirituel est le guide qui va permettre que le chemin se passe correctement. Pour cela il est nécessaire que cet ami spirituel ait cette connaissance du chemin.

Nous pouvons dire également que nous-mêmes, les auditeurs, sommes comme des passagers sur un bateau, que le bateau est le Dharma, l’enseignement même, et que la pratique c’est l’eau, c’est l’océan. Cet exemple montre bien que sans auditeur, il n’y a pas d’écoute possible.

Nous, les auditeurs, de quoi avons-nous besoin ? Nous avons besoin d’un bateau, afin d’aller au-delà, afin de traverser. Le bateau, c’est l’enseignement, c’est le Dharma, et l’eau est nécessaire également car sans cela, le bateau serait inutile, de même les passagers. L’eau représente la pratique, grâce à elle nous pourrons aller au-delà, nous pourrons passer sur l’autre rive. Sans le capitaine du bateau, qui pourra diriger le bateau ? Nous avons besoin du capitaine du bateau, et ce capitaine c’est l’ami spirituel, c’est grâce à lui que nous pourrons aller sur l’autre rive.

Actuellement nous sommes ici en train d’écouter l’enseignement du Dharma. Mais, s’il n’y avait pas de Dharma, quel serait le bienfait d’être ici ensemble ? Si nous sommes ici en train d’écouter, c’est pour recevoir le Dharma, pour écouter l’enseignement du Dharma. Quelle est l’utilité d’écouter un enseignement du Dharma si nous ne le pratiquons pas. Quelle en est l’utilité ? Quelle est l’utilité d’écouter si nous ne pratiquons pas ? Sans le mettre en pratique, nous n’aurons aucune possibilité d’aller au-delà de la souffrance du samsara, nous ne pourrions qu’y rester et subir.

Il est nécessaire que l’enseignant du Dharma soit un esprit excellent, car si cela n’est pas le cas, s’il n’a pas l’esprit de l’éveil, l’esprit d’aider, d’aider autrui, il n’y a aucune aide possible car au lieu de traverser, l’on sera emportés par l’eau, par l’océan.

Si nous sommes là en train de dormir au lieu d’écouter l’enseignement, on ne peut pas dire que nous sommes sur le bateau, on ne s’y trouve absolument pas. De même, si on est bien là, si notre corps est là mais que notre esprit est agité par différentes émotions, nous ne demeurons pas, non plus sur le bateau. C’est seulement notre corps qui demeure sur le bateau mais nous n’avons pas la possibilité d’aller vers l’autre rive et de l’atteindre. À ce moment-là, l’enseignement n’est absolument d’aucun bienfait.

C’est pourquoi un grand accompli a dit :

Bien que le Dharma puisse être parfaitement excellent, si cette écoute du Dharma n’était pas elle-même excellente, si cette écoute du Dharma n’était pas présente, nous serions comme un malade avec des remèdes qu’il ne prendrait pas.

C’est pourquoi, comme ce malade qui n’utiliserait pas ses remèdes, si nous ne mettons pas en pratique les enseignements que nous avons reçus, quelle que soit la profondeur de l’enseignement ou plutôt quel que soit l’aspect bénéfique de l’enseignement, si nous ne le mettons pas en pratique, cela ne sera d’aucune aide.

C’est pour cette raison qu’il est dit qu’il est important d’avoir l’écoute, la réflexion et la méditation. L’écoute et la réflexion sont les deux premières choses nécessaires puisqu’elles doivent être réellement mises en pratique.