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Le bardo naturel de cette vie - 16/19

Enseignement de Chépa Dorjé Rinpoché - Paris, le 26 février 2001

Nous devons penser que nous allons maintenant écouter cet enseignement sur les six Bardos pour pouvoir libérer l’ensemble de tous les êtres qui ont tous été nos pères et nos mères et dont le nombre est aussi vaste que vaste et l’espace.

Ce qui importe, c’est l’écoute de l’enseignement, la réflexion sur l’enseignement que nous avons pu entendre et puis la mise en pratique par la méditation. L’écoute du Dharma va apporter une aide à l’ensemble de tous les êtres qui souffrent à cause de leurs émotions de désir, de colère, de jalousie ou d’orgueil. L’enseignement est là pour nous aider, s’il ne nous aide pas cela n’est pas utile de l’écouter. Si nous développons de la jalousie, de l’orgueil pendant l’écoute de l’enseignement, cela ne nous apporte rien de l’écouter. Si nous pensons, suite à l’enseignement, « moi, je sais, moi, j’ai compris », nous développons un grand orgueil, le bénéfice de l’écoute n’est pas présent dans notre esprit, bien au contraire, et à cause de cet orgueil, nous renaîtrons dans l’enfer. Le cœur même, l’essence même du Dharma est l’amoindrissement de notre orgueil, de notre jalousie, de nos émotions. S’il en est ainsi dans notre esprit, le Dharma est bénéfique. C’est à chacun d’examiner en son esprit et d’observer si nous avons encore l’essence de l’orgueil ou si nous avons en nous l’essence de la jalousie ou encore l’essence d’autres émotions.

Les six Paramitas sont les antidotes à ces différentes émotions. Il y a la Paramita de la Générosité, de l’Éthique, de la Patience, de la Persévérance. Si par exemple, nous avons en nous l’essence de l’orgueil, de la jalousie dans notre esprit et plus particulièrement de l’avarice, il est bien de pratiquer la Paramita de la Générosité qui est l’antidote de l’avarice. A travers la générosité, l’avarice va s’amoindrir. Il est possible que tout d’abord nous continuions à développer de l’avarice continue dans notre esprit mais, peu à peu avec la pratique, cette avarice va s’amoindrir. Si l’avarice s’accroît, c’est que la Paramita de la Générosité n’est pas mise en application. A travers l’une de ces Paramitas, telle que la générosité d’autres vont se rajouter. Par exemple, grâce à la générosité, nous pouvons développer la patience. Si nous offrons de l’argent, peut-être qu’à nouveau, nous allons en avoir besoin, il nous faudra de la persévérance ou de la patience. Pour pratiquer ces Pparamitas, l’esprit doit être stable ainsi nous développerons la Paramita de la concentration. Si nous nous disons : « peut-être que je vais donner, peut-être que je ne vais pas donner », là notre esprit n’est pas stable. Pour développer la générosité, nous allons pratiquer la concentration. Afin de pouvoir réaliser cette Paramita de la Générosité, pour pouvoir la parachever, il nous faudra de la sagesse et pour cela nous allons utiliser la Paramita de la Sagesse. Tout cela portera des fruits. Le fruit de la générosité sera la joie de la personne pour laquelle nous faisons preuve de générosité et notre joie. Si offrir développe en nous une grande joie, ce n’est pas véritablement la Paramita de la Générosité car nous faisons ainsi pour nous faire plaisir d’abord. Quand nous faisons preuve de générosité, il faut véritablement développer le bien d’autrui, c’est-à-dire être bénéfique à autrui.

Par exemple s’il y a une personne pauvre au milieu d’une centaine de personnes et que nous disons : « je vais donner un peu d’argent à ce pauvre », par cette action peut être que d’autres personnes vont pouvoir donner une peu à cette personne et qu’ainsi elle va pouvoir se nourrir, avoir ce dont elle a besoin. Là, nous développons une pensée altruiste, à ce moment-là, c’est une véritable preuve de générosité. Il y a deux sortes de générosité, il y a la générosité pure et impure. La générosité impure sera de donner et d’offrir de l’alcool, du tabac. Si nous disons : « non, je ne vais pas donner d’argent à cette personne car elle va s’en servir pour boire ou fumer », ce n’est pas une bonne pensée car cette personne va peut-être, effectivement, boire mais peut-être qu’avec cet argent, cette personne recevra une aide. Si elle utilise mal cet argent, c’est qu’elle est dans l’ignorance. Donc il vaut mieux donner avec un esprit altruiste. Il peut arriver aussi que cet argent donné par générosité soit utilisé à des fins négatives et que d’autres personnes se disent : « ce n’est pas bien, de donner de l’argent à quelqu’un qui va boire ou fumer ». Il ne faut pas penser ainsi, il faut faire preuve de générosité et nous dire que si nous ne donnons pas, peut-être que cette personne va éprouver encore plus de difficulté et que cela va être pire. Il faut donner, il faut être généreux quoi que puisse penser les autres. Si nous n’avons pas d’argent, si nous ne pouvons pas faire preuve de générosité, nous devons nous réjouir de la générosité d’autrui. Si nous faisons ainsi, cela peut apporter une aide en notre esprit. La vraie pratique du Dharma, c’est cela.
Quand nous voyons quelqu’un pratiquer véritablement le Dharma et qu’il y a un résultat, nous devons développer de la joie sincère, nous allons nous en réjouir. Nous allons être heureux que cette personne puisse véritablement pratiquer et ne pas développer de la jalousie car si nous développons de la jalousie en nous disant : « untel parvient à faire ceci, cela, à pratiquer de telle manière mais moi je n’y arrive pas », cela n’est pas bénéfique. Dans un tel cas, l’essence de la jalousie est toujours là en notre esprit. Nous devons tout faire pour nous réjouir de la vertu. La jalousie n’aide personne, elle ne nuit pas à autrui, elle nuit à nous-mêmes. Parmi les trois poisons racine, parmi les émotions principales, la jalousie est une émotion très importante qui est très négative.
A cause de la jalousie et de l’orgueil, nous errons dans le samsara depuis des temps sans commencement et continuons encore et encore à errer dans le cycle des existences. C’est pour cette raison que nous devons examiner notre esprit pour voir, pour reconnaître ces émotions de jalousie et d’orgueil. Lorsque nous les reconnaissons, nous allons les examiner et voire d’où elles proviennent, qu’elles sont leur origine. Si nous examinons correctement, nous pouvons voir que leur origine est l’ignorance. L’origine des trois poisons racine, la colère, le désir et l’opacité mentale est l’ignorance, il n’y a pas un instant où nous ne sommes pas dans cette ignorance. Nous pouvons voir qu’en un instant, si nous aimons un objet, nous allons ressentir que nous en avons du désir, si nous n’aimons pas cet objet, nous allons en avoir du rejet. Cela est vraiment du à notre ignorance. Si nous ne pratiquons pas de manière correcte, ces trois poisons, de « désir-attachement », de « colère-aversion » et « d’opacité mentale » vont s’accroître de plus en plus. Ceci peut arriver dans la méditation car lorsque nous ressentons du bien-être en notre esprit, nous développons de la joie, cette joie développe le désir. Et si nous ressentons de la douleur dans le dos, dans les jambes nous ne nous sentirons plus bien du tout et nous développerons du rejet, donc ce sera une méditation rejet. Dans ces cas là ce ne sont pas de bonnes méditations. Il faut véritablement se défaire de ces trois poisons racine car si nous ne nous en séparons pas, notre méditation ne sera pas véritable, pas bonne.

Pour toutes ces raisons, il est nécessaire que la nature même des pensées se libère, que les pensées se libèrent d’elles-mêmes. Si c’est le cas, à ce moment-là, c’est comme une maison vide. Si un voleur entre dans cette maison vide, il ne nuit pas car il n’y a plus rien à voler. Quand les pensées se libèrent d’elles-mêmes, notre esprit devient très vaste. A l’inverse, si nous avons dans la méditation la moindre petite pensée, notre esprit devient petit, étroit. Si nous avons la moindre pensée de mal-être, car nous avons mal ou pour toutes autres sortes de raison, là encore, notre esprit est petit, il est étriqué.

Lorsque les apparences et les pensées se libèrent, la personne qui expérimente cet état, aura toujours des paroles bienfaisantes et douces car il n’y a pas de nuisance dans son esprit car son esprit est toujours dans le bien-être. A l’inverse, une personne jalouse ou ayant d’autres troubles en son esprit, nuira à autrui car il y aura dans son esprit cette graine de jalousie.

Dans notre monde, les êtres ordinaires disent toujours que la vie est difficile. Mais c’est chacun de nous qui créons nos propres difficultés. Nous avons la possibilité de dissiper ces difficultés. Puisque nous avons le moyen de créer nos propres difficultés, nous avons le moyen de les stopper. Et pour pouvoir dissiper ces difficultés, nous devons pratiquer. Pour que les pensées se libèrent vraiment d’elles-mêmes, il faut reconnaître que la nature de ces pensées est vide, en reconnaissant cela, elles ne peuvent plus nous nuire, tout comme dans l’exemple de la maison vide et du voleur, il n’y a rien qui puisse nuire. Comme les pensées n’ont pas de matérialité, elles ne peuvent pas nous nuire. De même quand nous sommes malades, si nous reconnaissons le jour où nous avons mal que la maladie n’a pas de matérialité, nous sommes libérés de la maladie.

Nous allons méditer.