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Le bardo naturel de cette vie - 15/19

Enseignement de Chépa Dorjé Rinpoché - Paris, le 22 février 2001

Nous allons développer dans l’esprit, de la joie, du respect et l’Esprit d’Éveil en pensant à l’ensemble de tous les êtres qui ont été nos pères et nos mères dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace. Nous allons maintenant écouter cet enseignement pour pouvoir tous les libérer.

Nous sommes actuellement dans l’enseignement des six Bardos, nous sommes encore dans le Bardo de cette vie. Que nous parlions du Bardo, de l’état intermédiaire, que nous parlions de l’apparence des phénomènes, cela est la même chose. Le Bouddha Sakyamuni, dans ses enseignements, a dit ce qu’est la vérité. S’il y a saisie, il n’y a pas la vérité. Ce qui est vrai est vrai, ce qui est, est. Le Bouddha Sakyamuni a dit que si nous obtenons cette vérité, nous obtenons la connaissance, le contraire de l’ignorance. Si nous reconnaissons la nature même de la nature des quatre éléments de notre monde, nous reconnaissons la vérité. Si nous reconnaissons la vérité de ces quatre éléments cela signifie que nous reconnaissons en premier lieu la nature même de notre propre esprit. Nous pensons voir la vérité, nous la croyons vraie et nous la saisissons. Nous avons l’impression, nous pensons que nous voyons la vérité, mais nous la voyons à travers la saisie et puisqu’il y a saisie, il y a souffrance. Si nous parvenons à reconnaître la nature même de cette saisie, de reconnaître que nous sommes en train de saisir, nous comprendrons ce qu’est la vérité, nous réaliserons ce qu’elle est. Nous pensons donc connaître la vérité mais si nous connaissions la nature même de cette vérité, nous reconnaîtrions aussi que rien n’est permanent que notre propre vie n’est pas durable, immuable, d’instant en instant, de seconde en seconde, tout change dans notre vie, il y a ce mouvement. Dès que l’on expérimente une seconde de bien-être, nous pensons tellement que ce bonheur est véritable que nous le saisissons et à partir de ce moment-là, il y a souffrance.

Le grand méditant va reconnaître la nature même de cette saisie. C’est-à-dire qu’il va reconnaître cette non-permanence des choses, à partir de l’instant même où la souffrance va apparaître, il va reconnaître sa nature et s’en libérera. Ce Nedjorpa va reconnaître la nature même de la saisie, par cette reconnaissance, la saisie n’existera pas. Notre problème vient du fait que nous ne reconnaissons pas la nature même de cette saisie. Le grand méditant, lui, verra toutes les apparences pures. Pour voir les apparences pures, il est nécessaire de pratiquer, sans cela nous ne pouvons pas les reconnaître comme telles.

Nous devons pratiquer et pour pratiquer nous devons être détendus, avoir de la détente dans notre esprit, dans notre corps, nous devons nous sentir bien. Pour cela, nous pouvons pratiquer la Posture en Sept Points de Vairocana, comme nous l’avons vu auparavant. Si certains d’entre vous ne connaissent pas cette posture, soyez juste détendus. Le plus important dans tout cela est de garder les yeux ouverts car il y a une profond signification à cela. Dans le Dzogchen, deux textes font référence à certains canaux qui se trouvent dans notre corps. La description concernant ces canaux n’apparaît que dans ces textes-là. Toute la description et les noms que nous allons donner à ces canaux sont des descriptions secrètes. Ils ne s’agit pas des trois canaux racine dont nous avons parlé précédemment, c’est-à-dire du canal central, du canal Ouma et du canal Chongma. Lorsque nous avons les yeux ouverts, ces canaux particuliers vont pouvoir s’ouvrir comme une fleur qui éclot, qui s’épanouit. En même temps la vacuité s’épanouit. Il y a deux méthodes pour permettre l’épanouissement de ces canaux. La première de ces méthodes se fait à travers la méditation, les yeux ouverts. La deuxième de ces méthodes ne sera pas abordée aujourd’hui car il s’agit d’une méthode qui est reliée à l’union sexuelle entre un homme et une femme, à la félicité qui peut survenir durant cette union. Quoiqu’il en soit, il est nécessaire que ces canaux s’ouvrent car grâce à eux nous allons reconnaître la vérité, c’est indispensable.
Avant tout, nous devons avoir l’esprit détendu pour que notre corps soit détendu. Il est nécessaire d’avoir le rappel de la détente, quand nous parlons de vigilance, ce n’est pas l’observateur qui aura la vigilance. Nous aurons les yeux ouverts dans la méditation, nous regarderons dans l’espace et nous resterons juste ainsi, dans la vacuité, le vide de cet espace. Durant cette pratique, nous allons juste rester, demeurer dans la connaissance, dans Rigpa, nous ne devons pas regarder un endroit particulier comme nous regarderions une photo, nous devons seulement rester assis, sans saisie dans l’esprit. Nous devons laisser notre esprit dans son état d’être. A ce moment là, il n’y a rien, aucune pensée de l’état dans lequel nous pouvons nous trouver. En restant dans cet état de notre esprit, il va y avoir une reconnaissance et nous allons à nouveau examiner celui qui a cette reconnaissance. Ensuite à nouveau, après avoir examiné celui qui reconnaît cet état, nous devons être dans la détente de l’esprit. Quand nous parlons de détente dans notre esprit, cela signifie que notre esprit est dans un parfait repos, dans un repos tel que celui de Chenrezi dans sa posture de repos. Peut être qu’actuellement nous n’avons pas la possibilité de laisser l’esprit dans ce repos. Il nous faut acquérir cette détente de l’esprit et reconnaître cette détente de l’esprit sinon nous ne pouvons pas demeurer dans ce repos.

Dans cet état, il nous faudra encore, à nouveau, examiner notre esprit et peut-être qu’à un moment donné, nous allons voir dans l’esprit la vigilance, l’attention et celui qui a cette vigilance et cette attention. A ce moment-là, il y a à nouveau deux esprits. Est-il possible d’avoir deux esprit ? Dans ces conditions, il y en aurait un dans le samsara et un qui serait bouddha. Cest difficilement réalisable. Nous savons bien que nous n’avons qu’un esprit et nous devons l’examiner et le reconnaître.

Si nous pouvons voir que nous n’avons pas d’esprit, l’esprit même n’existerait pas, donc ce ne serait pas possible de voir cela. Si nous disons que nous n’avons pas du tout d’esprit, comment est-il possible que nous puissions expérimenter le bonheur ou la souffrance ? C’est cela la difficulté, c’est à partir de là que nous ne pouvons pas dire que notre esprit est ou que notre esprit n’est pas. C’est pourquoi, pour en revenir à ce que nous avons dit lors de l’enseignement précédent, il ne faut pas tomber dans l’extrême de dire : « il n’y a rien » car nous tombons dans le nihilisme et nous ne pouvons pas dire non plus que tout est permanent, que tout est, car nous tombons dans l’éternalisme. Il est possible, au départ, lorsque nous entendons ce genre de choses, lorsque nous réfléchissons dessus que ces concepts soient difficiles. Si nous méditons régulièrement, un jour dans notre esprit, cela deviendra clair. A un moment donné, notre esprit sera parfaitement clair. La clarté de l’esprit ne peut pas apparaître immédiatement, pour cela, nous devons méditer encore et encore pour obtenir cette réalisation. Si nous ne faisons pas ainsi nous pouvons tomber dans l’état des dieux mondains où il y a encre une certaine saisie.

Par la méditation, nous devons ne plus avoir aucune saisie, ne plus avoir la moindre petite saisie. Si, lors de la méditation, nous avons juste la pensée : « je suis en train de méditer » ou nous avons des perceptions relatives à l’endroit où nous sommes, cela signifie qu’il y a encore saisie dans la méditation. Penser : « je ne pense à rien », c’est encore de la saisie, c’est une pensée.

Comment ne plus avoir cette pensée ?

Pour ne plus avoir de pensée, même la plus infime, il ne faut plus d’observateur. Dans la méditation, parfois, l’observateur ne sera plus, puis il va revenir, puis à nouveau il ne sera plus, etc. En tibétain, méditation se dit Gom qui signifie entraînement. Nous devons nous entraîner encore et encore. Donc, dans la méditation nous allons nous dire : « tiens, mon esprit est là » ou encore : « il est comme ceci ». A ce moment-là, l’observateur est présent. Il nous faudra faire disparaître cet observateur. Cet observateur, si nous le reconnaissons, va spontanément disparaître et notre esprit deviendra semblable à l’espace et puis à nouveau l’observateur réapparaîtra.

Grâce à la méditation, les quatre éléments de notre corps vont être en parfaite égalité, ils seront en équilibre les uns par rapport aux autres. Ces quatre éléments vont arriver à leur apogée, le feu, l’eau, etc. Ils seront tous équilibrés à leur meilleur niveau. La sagesse, la connaissance vont émerger en notre esprit. Le cinquième élément, c’est l’espace. Lorsque les cinq éléments sont réunis, ce sont les cinq sagesses. Quand nous obtenons ces cinq éléments nous réalisons l’état de Bouddha.
Et pour obtenir cet état de sagesse nous allons méditer.