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Le bardo naturel de cette vie - 10/19

Enseignement de Chépa Dorjé Rinpoché - Paris, le 29 janvier 2001

En ayant l’esprit détendu, nous devons développer l’Esprit d’Éveil. Ainsi nous pensons à l’ensemble de tous les êtres dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace et nous pensons que nous allons écouter cet enseignement sur les six bardo pour pouvoir libérer l’ensemble de tous ses êtres de la souffrance du samsara.

L’esprit d’Éveil est très important car si nous voulons vraiment obtenir la réalisation, il est nécessaire tout d’abord d’obtenir cet Esprit d’Éveil et de le développer. Cet Esprit d’Éveil est présent naturellement en notre esprit mais il est nécessaire de l’accroître.

Sans cette présence comment peut-il se développer ?

Même si nous nous disons qu’il doit s’accroître maintenant, cela ne pourra pas se faire. Il est nécessaire tout d’abord de s’entraîner à le développer. Se dire que nous irons très loin dans notre première méditation est quelque chose de faux. C’est en voyant les représentations des Bouddhas et des Bodhisattvas que peut naître en nous de la dévotion et du respect. C’est en regardant la souffrance de tous les êtres que l’amour et la compassion peuvent naître en nous. C’est ainsi que va pouvoir s’accroître notre esprit, notre Esprit d’Éveil. Grâce à lui, il nous sera possible d’aider les êtres. Nous pourrons même aider une personne qui est en train de mourir. Nous pourrons véritablement l’aider, lui montrer le chemin. Quand l’Esprit d’Éveil apparaîtra naturellement dans notre esprit, toute l’aide que nous apporterons aux êtres se fera sans aucune saisie, sans aucun attachement. Nous ne nous poserons même pas la question de savoir si nous développons l’Esprit d’Éveil ou non. Cet Esprit d’Éveil se manifestera spontanément et nous pourrons aider véritablement les êtres. Nous pourrons leur montrer véritablement le chemin. Tout comme si nous indiquions la direction à prendre à quelqu’un qui nous demanderait son chemin, nous serions capable sans erreur de lui indiquer.

Nous pouvons réaliser, obtenir cet Esprit d’Éveil, plus particulièrement par la grâce de tous les Bouddhas et de tous les Bodhisattvas. C’est par le bien qu’ils font véritablement à tous les êtres, c’est par leur bénédiction. Tous les êtres sont Bouddha, comme nous en avons déjà parlé, nous sommes tous Bouddha mais cela ne suffit pas de se dire : « je suis Bouddha » pour l’être car nous sommes ignorants. C’est véritablement par la bénédiction de tous les Bouddhas et de tous les Bodhisattvas et à travers leur compassion que nous allons pouvoir véritablement faire naître en nous, de façon durable, cet Esprit d’Éveil. Le support du Bouddha ou du Lama est nécessaire pour pouvoir entraîner notre esprit. Il est dit que, sans le Lama, il n’est pas possible de voir le Bouddha. Cela signifie que c’est le Lama qui nous donne les instructions et les moyens qui ont été enseignés par les Bouddhas et les Bodhisattvas. Mettre en pratique ces enseignements, ces instructions dépend de nous. Pour faire ainsi, nous avons besoin d’un support. Le Lama est le support. Grâce au Lama, nous pourrons recevoir les instructions, nous pourrons les mettre en pratique et nous pourrons méditer.
Maintenant nous en sommes au Bardo de cette vie. Nous avons déjà un peu parlé de ce bardo et nous allons continuer à en clarifier le sens.

Que pouvons-nous dire de la naissance d’un être humain ?

L’être, tout au début, n’a en lui aucun canal. Il n’y a en lui ni canaux, ni chair, ni sang.
Alors comment cela se passe t-il ?

S’il y avait des chairs sans os, nous pourrions penser qu’il y a maladie, souffrance. Puisqu’il n’y a ni chair, ni canaux, ni os, nous pourrions penser qu’il n’y a pas de souffrance. En pensant ainsi, au moment de notre mort, il n’y aurait pas de souffrance mais ce n’est pas ainsi. Car dans le cas d’une personne qui va mourir, qui va quitter son corps et qui va renaître dans les enfers, elle va expérimenter de la souffrance.

Qui expérimente la souffrance ?

C’est l’esprit. En tibétain, l’esprit se dit sem ou zingpa qui signifie tenir.
Précédemment, nous avons parlé qu’il y avait quatre éléments et de la quintessence même de ces éléments. Par exemple, la quintessence du feu est la chaleur. La quintessence, c’est la sagesse, c’est la lumière de la sagesse et il y a cinq lumières. La lumière jaune, nous en avons parlé la dernière fois, fait référence au devenir des dieux, au monde des dieux. La lumière verte fait référence au monde des demi dieux. Dans ce monde, l’émotion prédominante sera une très forte jalousie. La lumière rouge fait référence au monde humain. La lumière noire au monde animal. La lumière blanche au monde des enfers. Quant à la lumière bleu nuit, elle fait référence au monde des esprits avides. Là encore la quintessence même de ces lumières embrasse l’ensemble de l’univers, des êtres.

Toute cette lumière représente le mérite de l’ensemble de tous les êtres. C’est pour cela qu’il y a la lumière du soleil, de la lune, des étoiles. Ces lumières sont le mérite de l’ensemble des êtres. Il y a interdépendance entre le soleil, la lune et les êtres. Il y a comme une aide réciproque. Le mérite des humains aide le soleil, la lune et vice versa. C’est le mérite même de ces quatre éléments. C’est le mérite spontané lié à ces quatre éléments.

La non égalité parfaite entre ces quatre éléments, ce qui signifie que l’un est plus fort que les autres, déterminera une naissance soit dans le monde humain, soit dans les autres mondes, soit sous d’autres aspects. Tout dépend quel élément dominera. Nous sommes comme une graine quand on la plante toutes sortes de fleurs peuvent en éclore. Pour l’être humain il en est de même. C’est parce que nous ne reconnaissons pas Rigpa, la connaissance naturelle, c’est à cause de cette ignorance que nous prenons naissance comme être humain. Il y a un homme, une femme, du désir, de l’attachement puis la naissance d’un enfant. Si nous renaissons dans le monde humain nous pouvons renaître comme homme ou comme femme. A l’intérieur de notre être se trouvent naturellement les moyens habiles et la sagesse mais de cela nous n’en avons pas conscience.

L’esprit et les souffles, comme nous l’avons vu précédemment, se trouvent dans l’esprit. mais il ne nous est pas la possibilité de les voir. L’être naît dès la conception, dès la réunion de l’ovule et du sperme. A ce moment précis de l’union des deux tiglés du père et de la mère, l’esprit et les souffles de l’être viennent se fondre dans ces deux tiglés. Les canaux naissent à ce moment-là. L’esprit et les souffles à ce moment-là sont encore indifférenciés. Les tiglés sont comme agités dans cette indifférenciation de l’esprit et des souffles. A cette étape, tout comme dans le monde du « sans forme », il n’y a pas encore de forme car l’esprit est uni aux souffles et aux tiglés. Ce monde du « sans forme » existe et nous sommes un peu comme cela. La conception a eu lieu, nous sommes dans le ventre de la mère, l’esprit et les souffles sont là mais il n’y a pas encore le corps.
Ensuite les quatre éléments vont se mettre en place. Un élément sera prédominant sur les autres. Il y aura changements et transformations et cela pendant quelques semaines. Par exemple lorsque l’élément eau sera prédominant, cet élément va s’accroître le souffle de l’eau va se développer, puis à nouveau cet élément va se résorber en lui-même et ce sera le tour de l’élément terre, etc. Le corps va commencer à se développer en commençant par les yeux. Puis tout va se résorber et d’autres transformations au niveau des éléments vont encore se produire, un élément va se développer, cesser, eau, vent, etc., et tout le cycle va recommencer. Après la première semaine, le développement va s’effectuer dans les quatre directions, l’est, le sud, l’ouest, le nord. L’est de trouve devant nous. C’est donc uniquement à partir de la deuxième semaine que les canaux se développent. Il croissent dans les quatre directions. Pendant cette deuxième semaine, les canaux vont former comme un filet. La quintessence même de ces canaux sera présente mais n’apparaîtra pas. A nouveau un cycle va recommencer avec l’élément eau. Durant la troisième semaine, les soixante quatre canaux principaux vont se développer. Là, ces canaux vont prendre racine au niveau du chakra du nombril qui est le chakra du feu.

Durant la quatrième semaine, trente deux autres canaux vont se développer au niveau du chakra du sommet de notre tête. Ce chakra est relié au vent, aux souffles. Puis trois cent soixante deux canaux plus petits vont se développer. Les canaux du chakra du nombril se dirigent vers le haut, ceux de la tête se dirigent vers le bas, comme deux bols qui se font face. Voilà pourquoi lorsque nous nous exerçons au niveau du souffle, le premier exercice consiste à amener le souffle au niveau du chakra du nombril. Si nous ne parvenons pas à faire cela, ces souffles ne peuvent pas aller dans les autres canaux. Il faut apprendre à garder les souffles au niveau du nombril. Si nous ne pouvons pas, il faut faire attention. Car, se mettre très fortement en colère ou tout autre trouble de l’esprit est du aux souffles qui se trouvent au niveau de la tête. C’est parce qu’il sont trop forts. C’est pour cela qu’il faut les diriger vers le bas et les garder, les tenir au niveau du chakra du nombril. Quand l’esprit est détendu, les souffles du feu au niveau du chakra du nombril vont aider les souffles qui se trouvent dans l’esprit et un véritable bien-être va se manifester dans notre esprit. Nous pouvons remarquer quand ces souffles sont bien placés au niveau du chakra du nombril, nous ne ressentons pas de mal-être dans l’esprit, bien au contraire, nous nous sentons vraiment bien, sans aucune pensée, l’esprit tranquille. A l’inverse, si les souffles sont beaucoup trop forts à l’intérieur du corps ou même dans notre tête, nous n’allons pas nous sentir bien, nous aurons beaucoup de pensées, nous seront perturbés.

C’est pour cette raison qu’il y a différents exercices tels que le Qi Gong, le Tai Ji dans la tradition chinoise ou des exercices tels que ceux des canaux et de souffles dans la tradition tibétaine. Ces exercices vont permettre aux souffles de résider au niveau du ventre et nous pourrons grâce à cela ressentir un véritable bien être dans notre corps. Pour faire ce genre d’exercices, il faut en connaître le sens. Si nous laissons les deux bras en l’air, cela n’apportera aucun bienfait. Mais si nous savons qu’en les montant ou en les abaissant, nous ramenons les souffles au niveau du ventre, alors nous en connaissons véritablement le sens et les bienfaits. Ces exercices alors sont efficaces. Grâce à ces exercices il est possible de se soigner, mais je ne vais pas vous en parler car en ce qui concerne le Qi Gong, il y a là certainement des personnes qui le pratiquent et qui le savent. Dans la tradition indienne, il y a aussi différents exercices pour les souffles. Actuellement, les exercices sont plutôt axés sur la détente des souffles. Auparavant, il y avait des exercices qui renforçaient les souffles avec un effet un petit peu différent. Certains exercices accentuaient le bien-être, d’autres la rapidité mais le sens de ces exercices était le même pour les deux.

Tout cela pour bien comprendre que pour toutes les maladies reliées aux souffles, il va falloir maîtriser ces souffles pour en ressentir les bienfaits. Si nous reconnaissons le bienfait de garder les souffles au niveau du nombril, si nous nous y entraînons, ces souffles y demeureront en permanence durant toutes nos activités et nous aurons peu de difficulté. Mais comme nous n’avons ni la reconnaissance des souffles, ni de l’endroit où ils demeurent, nous nous fatiguons à la moindre activité et les choses deviennent difficiles. Si nous comprenons le sens de cela, nous pourrons garder petit à petit les souffles dans toutes activités, tout sera plus aisé.

Il faut bien comprendre à qui cela va apporter une aide et pourquoi nous le faisons. Nous faisons ces exercices pour nous aider, pour que notre esprit soit plus détendu, plus heureux. Si nous ne comprenons pas cela et que nous continuons à ressentir de la colère ou à avoir toutes sortes de désagréments, cela ne nous apportera aucun bienfait. Ces exercices sont bénéfiques à notre esprit, il faut bien comprendre cela. Si nous pratiquons trois yogas par jour de telle tradition, puis d’autres de telle autre et si nous n’en comprenons pas le sens, cela ne rime à rien. Une fois que nous avons de la détente en notre esprit, du bien-être, un état paisible, nous pouvons faire tous les yogas que l’on veut, de toutes les traditions que l’on veut, il n’y a plus aucun problème. C’est pour cela qu’il faut s’entraîner. En faisant ainsi, nous entraînons notre esprit. Il suffit juste de rester détendu et peut-être qu’à travers cette détente, nous allons pouvoir obtenir la paix.

La méditation va peut-être nous aider à trouver cette paix, c’est pourquoi nous allons méditer quelques instants.