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Le bardo naturel de cette vie - 8/19

Enseignement de Chépa Dorjé Rinpoché - Paris, le 15 janvier 2001

Nous devons penser que nous allons maintenant écouter cet enseignement profond qui porte sur les six bardos pour pouvoir libérer l’ensemble de tous les êtres qui est aussi vaste que vaste est l’espace.

Il est maintenant important de développer l’esprit de l’Éveil. C’est la première pensée que nous devons avoir en notre esprit car tous les êtres sans exception désirent le bonheur mais tout ce qu’ils accumulent est source de souffrance. Tous les êtres désirent le bonheur mais dans toutes les activités que ces êtres ont, il y a un « je », il y a cette saisie du « je » et à cause de cette saisie qu’ils ont du « moi », leur activité apporte de la souffrance. Le Bouddha a effectivement parlé de ce « je », de ce « moi ». A partir du moment où il y a les cinq agrégats, et notre corps est composé de ces cinq agrégats, il y a ce « moi ». Mais le problème est cette saisie que nous avons du « moi ».
C’est pour cela que le Bouddha a enseigné toutes sortes de méthodes qui vont nous permettre d’être séparés de la saisie du « moi », du « je ».

Entre l’ensemble des êtres qui ont été nos mères et le Bouddha, quelle est la différence ?

C’est juste cette saisie du « moi », c’est la seule différence. S’il n’y avait pas cette saisie, tous les êtres seraient des Bouddhas. C’est parce que nous pensons à longueur de temps et au fur et à mesure de notre activité à ce « moi », à ce « je », à cette saisie que nous accumulons toutes sortes de souffrances. C’est pour cela qu’il faut un moyen pour être séparé de cette saisie du « moi » et du « je » et ce moyen, c’est actuellement le Bardo de cette vie dans lequel nous nous trouvons.

Nous avons vu la fois précédente dans ce bardo de cette vie, la pratique de Dorjé Sempa. Nous avons parlé de la pratique de Dorjé Sempa dans la pratique plus spécifique de Chiné. Quand nous parlons de Chiné, c’est la pacification mentale. Chi c’est pacifier, être en paix et Né c’est demeurer, donc demeurer dans cette clarté, dans cette paix de l’esprit. Dans notre esprit, nous avons toutes sortes de pensées. C’est pour cela qu’il faut vraiment pacifier notre esprit. A travers la pratique de Chiné, nous allons arriver à calmer notre esprit, en fait, à le détendre.

Nous pourrions prendre l’exemple suivant : si nous nous trouvons dans une foule, peut-être qu’au bout d’un moment, nous allons être fatigués de toute cette foule et que nous allons vouloir changer d’endroit. Nous allons nous déplacer et aller dans un endroit plus solitaire. Dans cette solitude, à nouveau, nous allons trouver une certaine paix, une certaine détente dans notre esprit et dans notre corps.

En fait, dans cette pratique de Chiné, c’est exactement la même chose par rapport à nos émotions. Nous avons toutes sortes d’émotions. Lorsque nous allons faire cette pratique de Chiné, nous allons calmer notre esprit, nous allons nous mettre dans un endroit plutôt solitaire, dans un endroit tranquille et à travers cette pratique, notre esprit va être pacifié, va demeurer dans cette paix et un certain bienfait va apparaître dans notre esprit et nous allons nous dire : « oh, tiens, je suis bien, je suis bien dans cette pratique ». Et à nouveau des pensées vont revenir dans notre esprit. En fait, cela dépend de nous puisque tout vient de notre esprit.

Grâce à cette pratique de Chiné, nous allons finalement et véritablement voir la clarté de notre esprit. Naturellement, cette clarté va apparaître dans notre esprit. Mais nous ne pouvons pas dire à travers cette pratique de Chiné que, malgré tout, nous avons atteint la réalisation, la Vue ultime. Non, cette pratique de Chiné ne nous permet pas d’atteindre la réalisation, c’est une étape. C’est avec cette pratique de pacification de l’esprit en union ou réunie avec la pratique de Lhakthong, (la vision pénétrante) que nous pouvons atteindre une certaine réalisation. Mais il faut débuter par la pratique de Chiné. Si nous souhaitons faire un feu, s’il y a beaucoup de vent, il sera impossible d’allumer ce feu. Tout d’abord, il faudra arrêter le vent et quand ce vent sera parfaitement calmé, à ce moment-là, le feu pourra prendre.

C’est pour cela que pour atteindre l’état de réalisation, il faut tout d’abord calmer nos pensées, calmer notre esprit. Si moi-même je veux, maintenant, vous introduire à Rigpa, à cette pleine conscience, à cette clarté, si vous avez l’esprit agité par toutes ces émotions, vous ne pourrez pas la reconnaître. Alors que si tout d’abord, à travers la pratique de Chiné, vous pacifiez votre esprit, votre esprit devient calme, une certaine clarté peut apparaître dans votre esprit. A ce moment-là, si je vous introduis à cette clarté, vous allez pouvoir la reconnaître.

Donc, comme nous l’avons vu, il y a différentes méthodes dans cette pratique de Chiné que nous voyons maintenant dans le bardo de cette vie.

Une de ces méthodes que nous avons vue est la pratique de Dorjé Sempa. Nous allons concentrer notre esprit sur une seule pensée et ce sera la visualisation de Dorjé Sempa. Quand Dorjé Sempa a atteint l’état de Bouddha, il a fait véritablement le souhait « Puisse l’ensemble de tous les êtres pouvoir atteindre cet état de Bouddha ». C’est pour cela que nous pouvons le méditer. Nous sommes actuellement dans l’ignorance, dans la non-reconnaissance de notre nature véritable, de la nature véritable de notre esprit. A travers cette méditation de Dorjé Sempa, nous allons pouvoir nettoyer, purifier, nous allons pouvoir confesser l’ensemble de toutes nos souillures.

Ce qui pourrait être bien à effectuer, c’est de recevoir comme la fois précédente, par exemple, les instructions sur la pratique de Dorjé Sempa et de faire cette pratique de Dorjé Sempa dans la semaine qui suit. C’est-à-dire, chaque jour, pouvoir pratiquer Dorjé Sempa et puis, ensuite, quand arrive l’autre semaine d’enseignement, je peux donner, à nouveau, un autre moyen ou une autre instruction. Je pense que, actuellement, les circonstances ne sont peut-être pas évidentes pour que cela se fasse parce que vous êtes très occupés. D’une manière traditionnelle, cela se passerait plutôt ainsi. Mais malgré tout, faire cette pratique de Dorjé Sempa est vraiment d’un grand bienfait. Il y a vraiment de très grandes bénédictions à faire cette pratique.

Aujourd’hui, nous allons méditer sur le Noble Tchenrézi. Nous allons faire Chiné, mais cette fois-ci sur le noble Tchenrézi.

Vous pourriez vous poser la question « mais pourquoi faire différentes divinités, toutes les divinités, c’est exactement la même chose, donc pourquoi en prendre des différentes ? Effectivement, toutes les divinités ont la même essence, mais elles ont chacune une particularité. C’est au niveau de leurs souhaits. Comme nous l’avons vu, Dorjé Sempa a fait le souhait « puisse l’ensemble de tous les êtres être purifiés de leurs fautes et de leurs voiles ». Donc si nous désirons véritablement nous purifier de toutes les fautes et de tous les voiles accumulés, nous allons adresser une prière particulière à Dorjé Sempa et puis, si nous voulons développer l’Esprit de l’Eveil –bien sûr, nous avons l’Esprit de l’Éveil – mais nous ne le reconnaissons pas encore véritablement dans notre esprit. Pour pouvoir développer cet aspect de l’Esprit de l’Éveil, nous allons nous tourner plus particulièrement vers le noble Tchenrézi.

Donc, nous allons maintenant visualiser en face de nous, dans l’espace, le Noble Tchenrézi à quatre bras.

Au cœur du Noble Tchenrézi va se trouver la syllabe germe HRI, c’est une syllable germe tibétaine, le son va être le plus important. Il y a le son HRI en français. Tout le monde peut entendre ce son. Normalement, il y a une lettre mais cette lettre est écrite en tibétain, cela n’est peut-être pas évident pour vous, donc vous allez rester uniquement sur ce son HRI.

Je pense que vous pouvez écrire cette syllabe en français dans la mesure où ce qui est important, c’est le son. Au départ, le Bouddha Sakyamuni était en Inde et tout était en sanscrit. Au départ, il n’y avait pas la lettre tibétaine, elle est venue par la suite. Vous pouvez écrire cette lettre HRI en français, le son en lui-même est dans notre être, certains sons sont vraiment dans notre courant d’être, dont cette syllabe particulière. Malgré tout, je vais quand même vous écrire cette lettre en tibétain. Si les gens pensent que c’est bien que cette lettre soit écrite en tibétain, c’est bien, je vais l’écrire.
Donc, comme nous l’avons vu, nous devons visualiser le Noble Tchenrézi en face de nous dans l’espace et en son cœur, nous visualisons cette syllabe HRI. Nous devons visualiser qu’une lumière blanche irradie de cette syllabe et que cette lumière va irradier en même temps que le son de cette syllabe, les deux vont simultanément irradier. Nous devons concentrer notre esprit sur cette visualisation de la syllabe HRI. Notre esprit doit être juste, focalisé sur cette syllabe mais il faut qu’il y ait vraiment une détente. Il faut que tranquillement vous gardiez votre esprit concentré et, si vous le faites ainsi, spontanément, naturellement, votre esprit va se détendre.

C’est la syllabe cœur de Tchenrézi. Quand nous récitons le mantra de Tchenrézi : OM MANI PEME HUNG, il s’appelle le Mantra aux Six Syllabes, là nous ne récitons pas le HRI, cela n’est pas nécessaire.

Ce qui est important, c’est de concentrer notre esprit sur la syllabe germe et comment visualiser Tchenrézi. Il y a des photos où nous pouvons voir différents Tchenrézi. Il y a Tchenrézi à quatre bras. Il y a Tchenrézi à deux bras et il y a aussi Tchenrézi à mille bras. Ce soir, nous visualisons Tchenrezi à quatre bras. Nous pouvons nous le représenter avec un visage, c’est un humain et sa particularité par rapport à nous est qu’il a quatre bras et il est très beau, il est resplendissant de beauté.

Ses deux premières mains sont jointes au niveau du cœur. A l’intérieur de ces deux mains, se trouve le joyau de sagesse qui est très rare. Il a deux autres bras qui sont à l’extérieur. Dans la main gauche, il tient un lotus et dans la main droite, il tient un rosaire de cristal. Il est paré de toutes sortes de soieries. Il est aussi orné de tous les ornements du corps de gloire, c’est-à-dire qu’il a différents tissus sur son corps. Ses cheveux sont relevés en chignon. Il a un diadème à cinq pointes. Ces cinq pointes représentent les cinq familles de Bouddhas, vous avez dû voir cela sur la photo qui vous a été donnée. En son cœur, se trouve la lettre HRI de couleur blanche, comme son corps qui lui aussi est blanc.

Ce qui est important à comprendre dans cette visualisation, c’est de concentrer son esprit plus particulièrement sur cette lettre HRI. Et lors de cette visualisation, il faut veiller à ce qu’il n’y ait pas d’obstacle. Il faut faire attention, dans la détente, et quand des obstacles apparaissent, il faut couper ces obstacles, il faut amener au-delà de la visualisation tout ce qui pourrait gêner cette visualisation, cette concentration.
Il faut concentrer son esprit sur cette visualisation mais il ne faut pas s’endormir pendant la visualisation. Si nous avons la détente, c’est une méthode contre l’orgueil. Pouvoir concentrer son esprit en un seul point sur cette visualisation permet de couper le désir. Et si nous méditons ainsi cette pratique de Chiné et que la jalousie survienne dans notre esprit, à ce moment là, cela ira. Que du désir survienne dans notre esprit, cela sera aussi dissipé. En fait toutes sortes d’émotions qui surviennent dans notre esprit seront dissipées. Car au travers de cette pratique de Chiné, nous allons pouvoir finalement pacifier notre esprit dans la détente.

A travers cette pratique de Chiné, comme nous l’avons vu, notre esprit va être pacifié de ces différentes émotions du désir, de la colère, de l’opacité mentale, de la jalousie et nous allons pouvoir aller au-delà de ces émotions, et naturellement, la détente s’installera dans notre esprit.

Quel est le bienfait de cette pratique de Chiné ?

Dans cette vie-ci, nous allons pouvoir être séparés des maladies et de la souffrance. Finalement, dans nos vies prochaines, nous pourrons atteindre le parfait état de Bouddha. Quel est ce bienfait ? Comme nous l’avons vu les fois précédentes, dans la moindre petite activité que nous pouvons avoir, une colère peut apparaître. Quand cette colère apparaît dans notre esprit, cela nous nuit et cela nuit aussi aux autres êtres. Finalement, nous arrivons même à en être malade. Quand des maladies apparaissent dans notre esprit, qui peut nous aider ? A ce moment là, personne ne peut nous aider. C’est pour cela qu’il est vraiment d’un grand bienfait de faire cette pratique de Chiné pour pouvoir être séparé de cette colère.

Il y a une grande bénédiction à faire cette pratique de Tchenrézi.
Il y a un point sur lequel il faut faire attention durant cette méditation. Il est tout à fait possible qu’au début, nous pensions que nous avons beaucoup d’émotions. Si beaucoup d’émotions surviennent dans notre esprit, nous pouvons nous dire que, grâce à cette pratique de Chiné, nous devrions avoir moins d’émotions alors que si nous en avons plus, il y a quelque chose qui ne va pas. Qu’il vaut mieux laisser complètement tomber cette pratique car cela ne nous apporte pas du tout ce que cela devrait nous apporter. Mais il faut voir que, jusqu’à présent, nous étions tellement dans nos pensées, que ces pensées tournaient tellement dans notre esprit que nous n’en étions même pas conscients. A travers cette pratique de Chiné, nous commençons à prendre conscience que nous avons de pensées. C’est pour cela qu’au départ, nous pensons avoir beaucoup de pensées et que c’est uniquement parce que nous commençons à les reconnaître. Il faut donc développer encore plus de persévérance dans la pratique et se dire que si nous avons déjà eu la possibilité de reconnaître ces pensées, que si nous continuons cette pratique de Chiné, peut-être que finalement, notre esprit va complètement se pacifier. Et peut-être qu’à travers la bénédiction de Tchenrézi, nous allons pouvoir obtenir son propre état, nous allons pouvoir nous-mêmes devenir Tchenrézi.

Si vous effectuez la pratique de Tchenrézi, cela pourra vous aider au moment de votre mort ou dans les différents bardos. Il est bien de savoir qu’il y aura un fruit de cette pratique de Tchenrézi, comme quand vous goûtez quelque chose, vous pouvez reconnaître si ce goût est salé, sucré ou acide et il est bien de reconnaître, de savoir.
Et maintenant, nous allons méditer ainsi.