Conférences, cours et stages sur le bouddhisme selon la lignée Nyingma du Dzogchen. Nous sommes membres de l’Union Bouddhiste de France.

Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Sagesse et compassion

Dans le Bouddhisme, la manière dont nous allons nous entraîner nous permettra d’obtenir l’Esprit d’Éveil, d’obtenir la paix dans notre esprit. C’est pour cela que nous pratiquons le Bouddhisme, afin de transformer notre esprit si nous n’avons pas un bon état d’esprit. Nous le transformerons pour obtenir ce bon état d’esprit, cet état d’esprit excellent. À partir de ce moment-là, nous pourrons arrêter la cause de la souffrance. Pour pouvoir arrêter cette cause de la souffrance, le Bouddha Shakyamuni a donné 84000 enseignements. Et le plus important est de développer Esprit d’Éveil

Quand nous disons « l’esprit », nous parlons de celui qui sait s’il y a mal-être, de celui qui va ressentir le mal-être. Le mal-être, en fait, n’est rien d’autre que l’esprit. En réalité, nous souhaitons, dans notre esprit, faire toutes sortes d’activités mondaines dans le but d’obtenir le bien-être, le bonheur. Mais toutes les activités que nous pouvons faire ne conduisent pas au bonheur. Le résultat en est la souffrance.

Le moyen pour obtenir le bonheur, c’est l’esprit lui-même. C’est l’énergie de notre propre esprit, c’est cette nature spontanée de l’esprit qui va nous permettre d’obtenir ce bonheur. Actuellement nous n’avons pas la capacité de le reconnaître ; de voir l’énergie de notre propre esprit. C’est grâce aux Bouddhas et aux Bodhisattvas que nous allons obtenir la force de l’esprit, car nous n’avons pas la capacité par nous-mêmes de pouvoir l’obtenir. Pour obtenir cela, il faut ne plus avoir d’émotions et il faut s’entraîner à ne plus en avoir. Si nous avons de trop fortes émotions, il n’est pas possible d’acquérir cette énergie.

Quand nous parlons d’émotions, tout le monde sait ce que cela veut dire. Tout le monde a pu ressentir l’émotion de la colère, l’émotion du désir et de l’attachement. Ces émotions, en fait, apparaissent spontanément. Il n’y a pas une seule personne qui n’ait pas ressenti l’émotion du désir, de l’attachement, de la colère, de l’opacité mentale. Nous n’avons pas la possibilité, comme les Bouddhas et les Bodhisattvas, de ne plus avoir ces émotions car nous pensons que ne plus avoir ces émotions veut dire ne plus ressentir, ne plus avoir de sentiments. Cela est une pensée des êtres de notre monde.

Dans la tradition bouddhiste nous pensons qu’en priorité nous devons avoir une prise de conscience et développer l’Esprit d’Éveil. Afin de faire naître en nous cet Esprit d’Éveil, il faut réfléchir ; il faut avoir une bonne compréhension de ce qu’est l’impermanence, de la loi de cause à effets, des défectuosités du samsara [1].

En fait, tout d’abord, il y a l’impermanence. La vie est impermanence. Nous ne pouvons absolument pas savoir quel sera le moment de notre mort. Dans une famille, il peut y avoir plusieurs enfants. Nous pouvons penser que le plus jeune des enfants ne sera pas le premier à mourir, pourtant, peut-être que cet enfant plus jeune va mourir en premier.

Cela veut dire que nous n’avons aucune maîtrise sur notre vie et que nous n’avons aucun pouvoir sur le temps. D’heure en heure, de jour en jour, le temps passe et nous ne savons pas à quel moment nous allons mourir. Au moment de la mort, nous aurons différentes émotions : désir, colère, opacité mentale et ce, d’une manière très forte, cela nous procurera beaucoup de souffrances.

Ce que nous allons expérimenter provient de notre esprit et c’est par l’esprit que nous expérimenterons de la souffrance ou du bonheur.
Si nous commettons des actes vertueux, le résultat en sera du bonheur, du bien-être. Si nous commettons des actes non-vertueux, le résultat en sera de la souffrance. Nous pouvons alors nous rendre compte par nous-mêmes que toutes les activités de ce monde quand elles s’accroissent – et elles s’accroissent de plus en plus – amènent plus de souffrances. Toutes ces activités sont la cause de nos souffrances, ont les appellent les « défectuosités du samsara ». C’est-à-dire que nous faisons aujourd’hui une activité et demain une autre. C’est sans fin et cela conduit à toutes sortes de souffrances. C’est cela que nous entendons par les « défectuosités du samsara ». Si nous réfléchissons à cela et au fait que tout ce que nous faisons, nous le faisons grâce à notre esprit, que c’est notre esprit qui crée toutes ces choses, alors peut apparaître la prise de conscience. La prise de conscience ne doit pas être développée seule, il est important de développer aussi l’Esprit d’Éveil.

Que signifie « Développer l’Esprit d’Éveil » ?

C’est reconnaître que c’est notre esprit qui crée cette souffrance et que l’ensemble de tous les êtres sont exactement comme nous, ils ne souhaitent pas cette souffrance mais malgré tout, ils endurent et expérimentent cette souffrance. C’est véritablement du fond du cœur, du fond de notre esprit qu’apparaît la pensée de pratiquer pour pouvoir libérer l’ensemble de tous les êtres, c’est cela l’Esprit d’Éveil. C’est cela l’Esprit d’Éveil pour le bien d’autrui, pour le bien des autres.

Dès lors nous pouvons faire preuve de générosité, de don. Pas une générosité pour se faire plaisir à soi-même, mais une générosité pour le bien des autres. Car si nous sommes généreux pour nous-mêmes, le résultat en sera de la souffrance. Au contraire si nous sommes généreux pour le bien des autres, il y aura vraiment un bénéfice dans ce geste de don que nous aurons. C’est bien de garder à l’esprit la pensée que faire un don, faire preuve de générosité, c’est pour le bien d’autrui, pour être bénéfique à autrui. Ce n’est pas de penser : « je fais preuve de don parce que je suis content, cela me réjouis de donner à autrui ». Il y a deux états d’esprit différents, il y a celui qui est pour son propre bien et l’état d’esprit qui est pour le bien des autres, ces deux états d’esprit proviennent de notre esprit.

Nous avons aussi à faire preuve de patience. Tout d’abord, ce sera d’avoir une bonne compréhension de la souffrance du samsara, du cycle des existences. Ainsi, lorsque quelqu’un va se mettre en colère, ce sera de reconnaître qu’il se met en colère parce qu’il n’est pas dans le bien-être, mais dans un mal-être et que c’est pour cette raison qu’il se met en colère. Nous allons ainsi en prendre conscience et développer de la patience vis-à-vis de cet être-là et ne pas nous mettre en colère.

Si, véritablement, nous développons cette générosité, si nous développons cette patience, la racine même de l’orgueil ne pourra appraître, l’orgueil n’apparaîtra pas. Si nous faisons ainsi, la Paramita de la Sagesse pourra apparaître spontanément dans notre esprit parce que nous ne ferons pas toutes ces activités pour notre bien. Nous pourrons alors parler de transformation de l’esprit. Si nous obtenons véritablement cet Esprit d’Éveil dans la paix, dans la pacification, alors toutes les activités pour le bien d’autrui nous remplirons d’une grande joie. Nous pourrons parler alors de détente.

Cette détente signifie la non-saisie. Il y a une détente spontanée, une non-saisie spontanée qui apparaît. Quand nous suivons ce cheminement, nous obtenons la persévérance. La persévérance signifie que nous faisons le bien d’autrui en le faisant avec beaucoup de joie. Pour reparler de la générosité, alors nous n’allons pas nous dire « Je donne tout mon temps. Oh là ! Mon temps est précieux »… ou bien… « Je n’ai pas envie », ou « Je n’ai pas le temps de donner de mon temps ». Non ! Nous faisons tout cela avec une grande joie, une joie spontanée.

Si nous possédons cette sagesse, nous n’avons plus d’orgueil, nous n’avons plus de jalousie, nous n’avons plus les trois émotions que nous avons évoquées tout à l’heure. Ainsi nos qualités peuvent s’accroître. A l’inverse, si nous avons de l’orgueil, nos qualités intérieures ne pourront pas se développer et nous ne pourrons pas apprécier, aimer les autres êtres. Si nous avons de la jalousie, nous avons de la jalousie pour l’ensemble de tous les êtres, ce qui va créer le fait que nous ne puissions pas avoir véritablement de bons amis.

Cependant, si nous pouvons obtenir tout ce dont nous avons parlé, comme une sorte de récipient qui serait parfaitement propre, parfaitement lavé, dans lequel nous pourrions y déposer toutes sortes de nourriture, cela n’irait pas car cela voudrait dire que nous sommes encore en train d’errer dans les cycles de l’existence. C’est pourquoi, en plus de cela, il est nécessaire d’avoir la Vue Parfaitement Pure.

Qu’entendons-nous par la Vue Parfaitement Pure ?

Dans la Prajnaparamita, le Soutra du Cœur, nous disons que la forme est, en essence, vide. Tout d’abord, que devons nous comprendre ? Nous devons comprendre que toutes les apparences proviennent de notre propre esprit. C’est à chacun d’entre nous de reconnaître, d’examiner le fait que toutes les apparences du monde phénoménal proviennent de notre propre esprit. Toutes les apparences phénoménales sont véritablement notre propre esprit. Nous pouvons, par exemple, commencer à examiner ainsi : ce soir, nous nous trouvons ensemble, je suis en train de donner un enseignement, vous écoutez cet enseignement et donc, toutes les apparences que vous pouvez entendre et voir, proviennent de votre esprit.

D’une manière générale quand les apparences nous apportent de la souffrance, nous disons : « Oh là, là, ça je n’aime pas ! Il faut que je les stoppe ! » Il n’y a pas besoin de les arrêter, il n’y a pas besoin de les stopper. C’est parce que nous saisissons toutes les apparences que survient la souffrance dans notre esprit, c’est à travers la saisie que notre souffrance apparaît.

Qu’entendons-nous par « saisie » ?

Si un objet se trouve devant nous, en lui-même, il ne nous nuit pas, il ne nous apporte rien. Si nous disons : « Cet objet est beau » ou « Cet objet n’est pas beau », c’est là qu’apparaît le désir, l’attachement, qu’apparaît la colère. L’objet en lui-même ne nous nuit pas, mais parce que nous ne reconnaissons pas la nature véritable de cet objet nous le saisissons. Alors la souffrance et l’aspect négatif apparaissent. Si nous obtenons cette sagesse, à ce moment-là, véritablement, nous aurons un entraînement au niveau de l’esprit. Notre esprit sera complètement purifié.

Il n’y a pas besoin de purifier toutes les apparences, c’est notre esprit qui doit être purifié. Si nous voulons changer les apparences, il n’y a pas de fin à ce changement des apparences. Prenons l’exemple d’une maison. Nous achetons une maison. À l’intérieur de cette maison, nous y déposons toutes sortes d’objets que nous plaçons à un endroit. Puis quelques jours après, nous nous disons : « Non, en fait, cet endroit-là ne me convient plus » et puis nous changeons d’endroit. Ensuite, plus tard, nous nous disons : « Ah non ! J’ai placé ces objets là mais ça ne va pas non plus, il va falloir que je les mette dans un autre endroit ! » Changer les apparences, c’est sans fin.

C’est véritablement de cette façon que nous faisons avec nos activités mondaines. Aujourd’hui, nous faisons une activité et le lendemain nous désirons en faire une autre. Il n’y a pas de détente, il n’y a pas de non-saisie et de cette manière-là, il n’est pas possible d’atteindre véritablement la Libération.

C’est pour cela qu’il faut avoir la compréhension que toutes les apparences qui proviennent de notre esprit comme des aides pour notre propre esprit. Pour entraîner notre esprit, il n’est pas besoin immédiatement de devenir moine, chacun peut entraîner son esprit. Chacun peut examiner son esprit et petit à petit le changer. Il faut juste avoir l’attention et la vigilance. C’est grâce à cette attention et à cette vigilance que nous aurons la compréhension du désir, de l’attachement et que nous pourrons les reconnaître. Il en sera de même pour les autres émotions.

Cette attention est réellement nécessaire. Si nous n’avons pas véritablement cette attention dans notre esprit, il n’est pas possible de transformer notre esprit. C’est grâce à cette attention [2] que nous allons avoir le sens du mal et du bien et dire : « Cet objet est bien » ou « il n’est pas bien », « ce que je fais est bien » ou « n’est pas bien », « ce que je pense est bien » ou « ce que je pense n’est pas bien ». Cette attention même, sa nature même est vacuité. C’est pour cela que si cette attention est vacuité, notre propre souffrance est vide.

Si nous reconnaissons que notre propre souffrance est vacuité, nous n’avons plus de saisie sur cette souffrance. A partir du moment où il y a de la saisie, la souffrance apparaît. Quand nous disons que toutes les apparences sont vacuité, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’apparences ! Bien sûr que si, il y a apparence !

C’est alors que nous disons : « l’apparence est vide, la forme est vide et le vide est forme ». Si nous arrivons à obtenir cette Vue [3], toutes les souffrances du samsara sont terminées.

Tout d’abord, il est nécessaire d’avoir une bonne compréhension de cette Vue. Sur le support de cette bonne compréhension, va pouvoir apparaître la Paramita de la Sagesse. Cette Sagesse est vraiment très profonde, c’est la sagesse de Manjushri. Manjushri est celui qui va avoir la sagesse la plus profonde, c’est-à-dire que c’est lui qui va examiner l’esprit le plus profondément.

Pendant toutes nos activités mondaines, nous pouvons obtenir un certain bonheur, un certain bien-être en changeant les apparences. Cependant, ce bonheur est petit car nous le saisissons et comme nous le saisissons, ce bonheur ne dure pas. C’est en faisant ainsi que nous tournons, nous tournons sans cesse dans le cycle des existences. Si nous développons la Vue, la Sagesse se développera.

C’est parce que nous ne reconnaissons pas que toutes nos souffrances sont vacuité, qu’elles sont de nature vides, que la souffrance devient de plus en plus grande. Nous saisissons cette souffrance, elle devient de plus en plus grande parce que nous n’avons pas la compréhension de la vacuité des apparences.

En développant la compréhension de la vacuité des apparences, nous aurons de la compassion vis-à-vis des êtres qui ne l’ont pas encore compris. C’est toute la différence entre celui qui ne comprend pas la nature vide de la souffrance et celui qui, possédant cette sagesse, reconnaît la vacuité de toute cette souffrance.

Pour obtenir cette Paramita de la Sagesse, il faut s’entraîner dans le Bouddhisme. Cela veut dire faire preuve de générosité, de persévérance, de patience, pratiquer et réciter des mantras. Dans le Dharma, nous disons que le mantra est la porte de la connaissance, la porte des qualités. Cela veut dire que nous développons ces qualités. Dans toutes nos activités mondaines, nous parlons beaucoup, nous développons beaucoup la parole. Dans le Dharma, nous développons les mantras pour acquérir une maîtrise de soi, du pouvoir sur notre esprit. Dans la tradition bouddhiste, il y a la notion de circambulation [4], d’offrandes, de prosternations pour examiner son propre état d’esprit et développer ses propres qualités intérieures, sa propre Sagesse intérieure. En fait, cela va véritablement permettre de développer la maîtrise de l’esprit. C’est ce que font les Tibétains lorsqu’ils se retirent dans la montagne pendant plusieurs années. Cela leur permet de développer cette Sagesse intérieure.

Que signifie s’entraîner au niveau de notre esprit, puisque notre esprit n’a pas de matérialité, puisque l’essence même de notre esprit est vacuité ?

Cela permet de développer un esprit stable et ainsi une certaine force, une certaine énergie dans notre corps. Tous ces êtres qui partent pour trois, six ou neuf ans, développent une certaine énergie dans leur corps et ainsi ils ne tombent pas malade. Nous sommes souvent fatigués, nous sommes souvent malades. Ce sont des signes que nous avons beaucoup d’émotions perturbatrices, en fait ce sont les signes que nous n’avons pas la maîtrise de notre esprit. Tous ces Lamas, pendant de très nombreuses heures, peuvent rester le dos parfaitement droit et n’ont absolument pas mal au dos tandis que nous restons assis sur une chaise pendant de nombreuses heures et quand nous allons voir le médecin, il nous dit que nous avons des problèmes de lombaires. C’est le signe que nous n’avons pas véritablement une maîtrise de notre esprit.

Dans notre corps, il y a des souffles qui circulent et si ces souffles ne circulent pas correctement – car nous n’en avons pas la maîtrise – la souffrance peut apparaître. Si nous avons une maîtrise de notre esprit, notre esprit deviendra fort et les souffles circuleront de manière correcte, il n’y aura pas de maladie. Tout cela, ce sont juste des pensées dans notre esprit, nous devons examiner notre propre esprit. En fait, si nous pouvons examiner véritablement de manière correcte notre esprit, naturellement, spontanément, une détente va apparaître dans notre esprit. Si cette détente apparaît dans notre esprit, il y aura une détente dans notre corps et les souffles pourront circuler d’une manière correcte.

Comme nous n’avons aucune maîtrise de notre esprit, aucun pouvoir sur notre esprit, notre souffle devient de plus en plus petit. Les souffles internes devenant de plus en plus petits, ils ne peuvent pas circuler dans tout notre corps, cela veut dire qu’ils sont comme bloqués à certains endroits. S’ils sont bloqués à certains endroits, nous pouvons ressentir toutes sortes de douleurs dans notre corps, nous ne nous sentons pas bien, nous ressentons un mal-être.

Nous pouvons nous rendre compte quand nous n’allons pas très bien, quand nous ressentons du mal-être dans notre esprit. De même, quand nous allons dans la nature, dans un jardin pour respirer l’air pur, nous nous sentons alors un peu mieux. Sans maîtrise de tout cela, à nouveau, tout change et la souffrance réapparaît. En fait, d’ordinaire, nous ne regardons que les apparences. Nous voulons maîtriser les apparences, nous ne nous entraînons pas pour maîtriser notre esprit et c’est pour cela que les choses ne peuvent pas durer. Quand nous avons la maîtrise de notre esprit, nous n’avons pas besoin de support extérieur, c’est-à-dire aller ou ne pas aller dans la nature, cela ne fait absolument aucune différence.

Si nous entraînons notre esprit, nous aurons une maîtrise de notre esprit. Si nous ne nous entraînons pas, ce sont les apparences qui auront une maîtrise sur nous, le pouvoir sur nous. C’est cela la grande différence, il y a ceux qui entraînent leur esprit et qui en obtiennent la maîtrise et ceux qui n’entraînent pas leur esprit et qui sont sous le pouvoir des apparences.

Pour avoir cet entraînement de l’esprit, il est nécessaire d’avoir une bonne compréhension de ce que peut être la tradition qui amène à cet entraînement de l’esprit. Ce soir, je ne peux pas parler trop longtemps, je n’ai pas assez de temps pour cela. Vous pouvez malgré tout lire de nombreux ouvrages sur le Bouddhisme qui peuvent vous donner une idée sur ce qu’est l’entraînement, ce qu’est le chemin bouddhiste. En lisant, peut-être que cela vous apportera une aide, que cela vous sera bénéfique à vous et aussi à ceux qui vous entourent, alors ce sera une bonne chose.

Ce soir, j’ai parlé de l’Esprit d’Éveil et j’ai parlé de la sagesse. L’Esprit d’Éveil n’est rien d’autre que la nature de l’esprit, la sagesse n’est rien d’autre que la nature de l’esprit. En fait, ce soir, je vous ai introduit à la nature de l’esprit.

Si nous avons un bon examen de notre esprit et si nous avons foi, confiance, vérité, alors la Sagesse véritable pourra naître. Si nous pensons et que nous avons toutes sortes de saisies sur nos pensées, la Sagesse n’apparaîtra pas.

Que signifie la Vérité ?

C’est reconnaître que toutes les apparences que nous voyons du monde phénoménal – parce que nous ne reconnaissons pas leur nature propre – deviennent mensongères, c’est un mensonge. Avoir la compréhension de la nature de toutes ces apparences, c’est la Vérité. Si nous avons cette Vérité – ce que chacun d’entre nous peut avoir, obtenir – nous serons alors séparés de la souffrance.

Que ce soit le bonheur, que ce soit la souffrance, tout provient de l’esprit. Nous en avons des exemples : si nous fumons, au départ, nous pensons qu’en fumant nous allons obtenir un certain bien-être, il en est de même pour la boisson. Ne reconnaissant pas la nature de cela, la souffrance va apparaître. De plus en plus, en ne reconnaissant pas la nature de cela, la souffrance va devenir de plus en plus grande. Pourquoi ? Parce que nous avons une saisie, parce que cette personne aura une grande saisie, elle ne reconnaîtra pas la Vérité, elle sera dans le mensonge, le leurre, elle sera dans la souffrance.

C’est notre propre esprit, c’est l’esprit de chacun d’entre nous qui crée cette souffrance, ce n’est personne d’autre qui crée cette souffrance. Si nous nous disons : « Je veux obtenir le bonheur, entrer en conflit avec quelqu’un d’autre, cela m’apportera le bonheur », nous ne pouvons pas obtenir le bonheur. Nous ne ferons qu’obtenir la souffrance. Le conflit se trouve à l’intérieur de nous-même, pas à l’extérieur. Même si il n’y avait qu’une seule personne, cette personne créerait de très nombreux conflits à l’intérieur d’elle-même. A l’inverse, si nous avons véritablement le bonheur dans notre esprit, peu importe ce qu’il y aura à l’extérieur, quoi qu’il en soit, notre esprit sera dans le bonheur.

Prenons l’exemple d’une famille. Dans une famille de cinq ou six personnes, il peut y avoir des conflits. Si quelqu’un a véritablement la compréhension qu’il va être comme un invité, il ne va pas s’impliquer dans ces conflits, il va juste avoir la compréhension que l’ensemble de ces personnes sont réunies aujourd’hui et que demain elles vont être désunies et qu’il en est ainsi. De cette manière-là, il est en paix dans son esprit, il ne rentre pas dans ces conflits. Peut-être que cette paix va toucher les autres et que même les conflits vont s’apaiser d’eux-mêmes. La personne qui va examiner son esprit de cette manière est dotée de la Sagesse. Cette personne qui ne rentrera pas dans les conflits et qui restera l’esprit en paix, est dotée de Esprit d’Éveil. Etant dotée de cet Esprit d’Éveil, cette paix va pouvoir s’étendre aux autres êtres.

En fait, toutes les personnes désirent la paix, désirent le bonheur. Nous ne pouvons pas dire qu’il y a une seule personne qui ne désire pas cette paix et ce bonheur.

Comment obtenir ce bonheur ?

Certaines personnes pensent que pour obtenir ce bonheur il faut entrer en conflit avec les autres. D’autres personnes pensent qu’il faut nuire aux autres. En réalité, de cette manière-là, nous ne pouvons pas obtenir le bonheur, ce n’est pas la cause du bonheur. Si chacun d’entre-nous peut discipliner ses émotions perturbatrices, si nous n’avons plus ces émotions perturbatrices, alors nous obtiendrons la paix.

Dans les activité mondaines, nous pensons que c’est l’autre qui fait, qui provoque. Il n’en est pas ainsi. Si je me mets en colère, l’autre personne se mettra en colère, ainsi deux personnes seront en colère. C’est alors que chacun doit exercer la patience et si nous développons la patience dans ces moments-là, c’est grâce à cette patience que nous pourrons véritablement obtenir cette paix. Cela, c’est à chacun d’entre nous de le faire. Quand deux personnes se disputent, si l’une est en colère et que l’autre ne dit rien, ne répond pas, naturellement une paix va s’installer d’elle-même.

C’est cela la Vérité, quand nous examinons bien, c’est cela la Sagesse.

Ce que je veux dire principalement, ici, ce soir, c’est que c’est à chacun d’entre nous de transformer son esprit, ce n’est pas quelqu’un d’autre qui peut le faire à notre place. Si c’est quelqu’un d’autre, alors c’est plutôt de la colère qui va apparaître. C’est ainsi que nous pensons dans la tradition bouddhiste. Si certaines personnes ne le perçoivent pas de cette manière, j’en suis vraiment désolé, je m’en excuse. Si vous avez des questions vous pouvez maintenant les poser.

 Auditeur : Bonjour, vous nous avez parlé du bonheur, pouvez-vous nous parler de la compassion.

Rinpoché : En fait, lorsque nous parlons de paix, de pacifier son esprit, nous ne nuisons plus aux êtres. A partir du moment où nous ne nuisons plus aux êtres, c’est ce que nous appelons la Compassion. Quand nous parlons d’amour et de compassion, ce n’est pas l’amour ou la compassion que nous pouvons avoir de manière ordinaire, c’est-à-dire avec la saisie, à travers le désir et l’attachement. Quand il n’y a pas de désir, pas d’attachement et pas de saisie, quand il y a une équanimité dans cet amour et dans cette compassion, à ce moment-là, nous pouvons parler de grande Compassion, d’immense Compassion. Nous pouvons avoir cette sorte de compassion avec l’attachement, le désir dans notre famille, avec nos proches, c’est quelque chose que nous pouvons trouver même chez les animaux. Par cet exemple, nous ne pouvons pas véritablement parler d’amour ni de compassion. En fait nous pouvons parler de désir et d’attachement.

 Auditeur : C’est difficile pour mon esprit de saisir la différence entre le détachement et l’indifférence. Pour nous, occidentaux, souvent le détachement conduit à l’indifférence.

Rinpoché : Généralement quand nous parlons de désir-attachement, notre esprit est étroit, étriqué alors que lorsque nous parlons de Esprit d’Éveil nous parlons d’un esprit très vaste, d’un esprit très ouvert. Si nous pouvons développer une réelle Compassion vis-à-vis de nos proches, nous pouvons étendre cette compassion à l’ensemble de tous les êtres. Si nous arrivons à ne plus avoir ces émotions de désir, d’attachement et de colère, à ce moment-là, notre Compassion est sans limite.

 Auditeur : (Inaudible)
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Rinpoché : S’il y a de la colère et si en retour, nous développons de la colère, forcément, cette colère deviendra de plus en plus forte. Si, en retour, nous ne rendons pas cette colère, une fois, deux fois, trois fois, peut être que la personne qui sera en colère va avoir un petit peu comme une certaine honte, elle ne se sentira pas bien car quand nous nous mettons en colère, nous ne sommes pas bien dans notre esprit. Si nous ne répondons pas à la colère, l’esprit s’apaise.

 Le Directeur du Festival : Plus de questions ?…. Il me reste à remercier Chépa Dorjé Rinpoché d’être venu vers nous. Je le remercie du fond du cœur et j’espère que nous le reverrons bientôt à Tours. Merci.

 Rinpoché : Je tiens à vous remercier, à remercier l’ensemble de toutes les personnes qui sont ici. Je vais faire des souhaits, des souhaits pour vous.