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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Pratique de Vajrasattva (Dorjé Sempa)- 1/2

Aujourd’hui nous allons voir la pratique de Dorjé Sempa qui permet de dissiper l’ensemble des fautes et des voiles. La pratique de Dorjé Sempa permet de confesser, de regretter l’ensemble de toutes les émotions perturbatrices sans absolument aucune exception. D’une manière générale, l’ensemble de tous les enseignements du Bouddha sont innombrables de façon à pouvoir justement dissiper toutes les émotions perturbatrices. De toutes ces méthodes, la méthode la plus facile, la plus incommensurable, est la pratique de Dorjé Sempa.

 Que signifie purifier ?

Cela signifie ne plus avoir ces conceptions d’être ou de ne pas être, d’avoir ou de ne pas avoir, afin d’être dans la nature véritable de l’esprit, mais en réalité, actuellement, nous n’avons pas la possibilité de réaliser cet état de la nature de l’esprit. Pourquoi ne pouvons-nous pas réaliser cet état ? Parce que nous avons toutes sortes d’émotions perturbatrices.

Quand nous parlons des Bouddhas des trois temps, les Bouddhas du passé, du présent et du futur, le cœur, l’essence même de l’ensemble de tous ces Bouddhas n’est rien d’autre que Dorjé Sempa. Ces émotions concernent plus particulièrement tous les endommagements que nous avons pu effectuer au niveau des engagements du Vajrayana dont la figure principale est Dorjé Sempa.

Nous sommes semblables à quelqu’un de très malade qui aurait besoin d’un sublime médecin pour être soigné. Toutes ces émotions perturbatrices sont la cause de notre maladie. Dorjé Sempa est le meilleur médecin qui soit pour que cette maladie des émotions perturbatrices soit guérie. Nous allons effectuer des souhaits pour que Dorjé Sempa ce médecin sublime, puisse nous permettre de nous libérer de la maladie des émotions perturbatrices.

Cela concerne non seulement les émotions perturbatrices mais aussi la sorcellerie, les envoûtements, la magie noire, qui ne pourront plus nous nuire. Car à partir du moment où nous avons complètement purifié l’ensemble de notre karma, nous n’en avons plus. C’est-à-dire qu’il n’y a plus aucun karma qui doive parvenir à son mûrissement. Cela concerne aussi toutes les nuisances, toutes les peurs. C’est la raison pour laquelle nous pouvons prendre Dorjé Sempa comme Yidam [1]. Il est dit que le méditant qui pratique Dorjé Sempa a une grande connaissance.

Dans la méditation de Dorjé Sempa, il y a trois aspects, l’aspect extérieur, l’aspect intérieur et l’aspect secret.

L’aspect extérieur est la visualisation de Dorjé Sempa au sommet de notre tête, l’aspect intérieur est de le visualiser au niveau du cœur. L’aspect secret est de le visualiser à la fois au sommet de la tête, au niveau de la gorge et au niveau du cœur.

Il y a aussi l’aspect sur-secret, qui est la réalisation de Rigpa, c’est-à-dire la réalisation de la Connaissance.

Le texte dit pour commencer : « Nous sommes sous notre aspect ordinaire ». C’est-à-dire que nous n’allons pas nous visualiser sous l’aspect d’une divinité masculine ou féminine, mais bien sous notre propre aspect ordinaire avec notre corps actuel, avec toutes nos émotions et nos fautes.

Au sommet de notre tête, à la hauteur d’une coudée, se trouve un lotus blanc ainsi qu’un disque de lune au centre duquel il y a la lettre Houng de couleur blanche, qui irradie d’une lumière éclatante. En un instant cette lumière et la lettre Houng deviennent le Lama Dorjé Sempa.

Pourquoi l’appelle-t-on Lama Dorjé Sempa ? Il est appelé ainsi parce que le Lama est la réunion, l’essence de l’ensemble de tous les Bouddhas. En essence, il est notre propre Lama sous l’aspect de Dorjé Sempa.

 Pourquoi nous ne nous visualisons pas directement sous l’aspect de Dorjé Sempa ? Pourquoi visualisons-nous notre Lama sous l’aspect de Dorjé Sempa ?

Nous faisons ainsi parce que notre Lama racine représente la réunion de la compassion de l’esprit éveillé de l’ensemble de tous les Bouddhas, c’est-à-dire qu’il est la bénédiction, la grâce de la compassion éveillée. C’est pourquoi nous méditons sa présence. En essence, il est notre Lama sous l’aspect du Corps de Jouissance, le Sambhogakâya, il est paré de tous les ornements précieux, paré de soieries et de bijoux, et il est très beau. Dorjé Sempa est blanc, semblable à de la neige, brillant comme le rassemblement de l’énergie d’un million de soleils condensés en un soleil, ses rayons, lorsqu’ils touchent la neige, produisent une grande réverbération, un grand éclat. C’est ainsi que nous devons l’imaginer.

Il a deux bras, comme nous, il a un visage et il croise les deux jambes en posture adamantine. Il enlace Nyema Karmo. Au niveau du cœur, il tient un Vajra à cinq pointes dans la main droite et une cloche dans la main gauche au niveau de l’aine.

Le Vajra représente l’immuabilité, au sens où la vacuité de l’esprit est un état immuable. Le Vajra est le symbole de cet état immuable de la vacuité de l’esprit. Le Vajra est la Connaissance-Vacuité ou Clarté-Vacuité. Regardez, ce Vajra que je vous montre est visible, nous pouvons le voir, cependant il est vacuité. Notre esprit est exactement pareil, toutes sortes de pensées peuvent émerger, se déployer, cependant toutes ces pensées sont vides.

Toutes sortes de pensées de bonheur ou de souffrance viennent à l’esprit, mais toutes ces pensées sont vacuité. Comme nous n’en avons pas la reconnaissance nous en avons peur ! En reconnaissant la vacuité, nous n’avons plus à avoir peur de toutes ces pensées qui émergent.

Depuis des temps sans commencement, notre esprit est Clarté-Vacuité. Il n’est pas nécessaire de méditer sur la Vacuité, il n’est pas nécessaire de méditer sur la Clarté, cet état est toujours présent depuis des temps sans commencement, et le Vajra est le symbole de cet état.

 Pourquoi Dorjé Sempa tient-il un Vajra à cinq branches ?

Parce que la vacuité n’est pas vacuité seulement, où il n’y a rien. La vacuité est clarté, parée des Cinq Sagesses, les cinq pointes du Vajra représentent la nature même de l’esprit, c’est-à-dire les cinq Sagesses.

Nous avons vu que Dorjé Sempa tenait dans sa main droite un Vajra à cinq branches et une cloche dans sa main gauche. Que nous parlions du Vajra ou de la cloche, le sens est exactement le même parce qu’il s’agit de l’esprit éveillé du Bouddha et que l’esprit éveillé du Bouddha n’a qu’un seul sens. Le Vajra à cinq pointes n’est rien d’autre que la Connaissance-Vacuité, Rig-Tong. Cela signifie que l’objet est la connaissance et que la vacuité est la nature même de l’objet.

Nous voyons un objet, c’est la connaissance ; la nature même de cet objet n’est rien d’autre que la vacuité.

Quand nous parlons de la cloche, nous disons qu’elle est Apparence-Vacuité, Nan-Tong, le sens est le même. Que faut-il comprendre ?

Il faut comprendre véritablement que tout est Connaissance-Vacuité. Il faut comprendre à la fois ce qu’est la Connaissance-Vacuité et comprendre véritablement ce qu’est l’Apparence-Vacuité. Quand il y a le Vajra, il y a Connaissance-Vacuité, quand il y a la cloche, il y a Apparence-Vacuité. Cela signifie que l’ensemble de ces phénomènes n’est rien d’autre qu’Apparence-Vacuité. Le Lama, lui-même, n’est rien d’autre que Connaissance-Vacuité, Apparence-Vacuité.

 Différence entre Rig-Tong, Connaissance-Vacuité, et Nan-Tong, Apparence-Vacuité ?

La Connaissance-Vacuité, c’est ce que nous voyons ; cette connaissance est en elle-même Vacuité. L’Apparence-Vacuité, c’est voir que la nature même des apparences est vacuité. Nous pouvons dire aussi que la clarté et la vacuité sont indifférenciées. Ces différents termes que nous trouvons en tibétain ont le même sens.

 Qui est indifférenciation de la clarté et de la vacuité ? Qui voit l’apparence du Vajra ?

Ce n’est rien d’autre que notre esprit, n’est-ce pas ! Oui, c’est notre propre esprit qui voit l’apparence du Vajra. Et notre propre esprit, qui voit ou crée l’apparence, est par nature vacuité. C’est pourquoi nous disons que l’apparence est vacuité et que la vacuité est apparence. La nature de notre esprit est exactement pareille. Lorsque nous avons réalisé la nature vide de notre esprit, notre esprit est semblable à un Vajra. Il est immuable parce qu’il est vacuité.

 Pourquoi Dorjé Sempa tient-il le Vajra ?

Il tient le Vajra pour symboliser que nous devons réaliser l’Apparence-Vacuité. Lui-même a réalisé cet état d’Apparence-Vacuité, il détient le Vajra et nous fait comprendre : « Votre esprit est ainsi, il est semblable au Vajra ».

 Pourquoi Dorjé Sempa enlace-t-il sa parèdre en union ? Quel en est le sens ?

Cet aspect symbolise la Félicité-Vacuité, c’est symbolique. Cela ne signifie pas qu’il aime sa parèdre, mais que cette union permet d’obtenir la reconnaissance de la félicité dont la nature même n’est rien d’autre que la vacuité.

Nyema Karmo, l’épouse de Dorjé Sempa, tient dans la main droite une lame recourbée, un trikou, signifiant qu’elle a coupé la naissance et la mort, c’est-à-dire qu’elle a obtenu l’état au-delà de la naissance et de la mort.

Dans la main gauche, elle tient un kapala rempli de nectar, le kapala est une calotte crânienne, c’est quelque chose de naturel. Cet aspect naturel nous montre que la Félicité-Vacuité est naturelle et que cet aspect de la Félicité-Vacuité n’est rien d’autre que l’accomplissement. En réalité, le nectar, c’est l’accomplissement.

Nous poursuivons la visualisation de Dorjé Sempa en disant qu’il est paré des différents ornements. Vous pouvez, peut-être, vous procurer une représentation de Dorjé Sempa où vous verrez les différents joyaux qu’il porte.

Vous devez méditer qu’au-dessus de votre tête se trouve un lotus blanc sur lequel se trouve Dorjé Sempa. C’est ainsi qu’il faut le visualiser. Ne le méditez pas comme une photo, une représentation, comme une pierre, faite d’une matière dure ou concrète. Vous devez le méditer dans sa nature même de non-réalité ; vous devez méditer son corps lumineux comme un arc-en-ciel.

Quand nous parlons de la non-réalité de Dorjé Sempa, ne pensez pas qu’il est juste vide et qu’il n’a pas de vie, il n’en est pas ainsi car il possède toutes les qualités de compassion, d’amour vis-à-vis de l’ensemble de tous les êtres. Il possède la Sagesse, la Connaissance Primordiale qui permet d’aider l’ensemble de tous les êtres. L’amour, la compassion, la douceur de Dorjé Sempa sont semblables à la douceur de l’amour et à la compassion d’une mère pour son enfant. Sauf que la mère, vis-à-vis de ses enfants, peut ressentir un amour différent selon ses enfants ! Dorjé Sempa n’est pas ainsi, son amour est semblable pour l’ensemble de tous les êtres car Dorjé Sempa pense véritablement à l’ensemble de tous les êtres.

Au début de la méditation, nous devons penser que notre corps est noir dans le sens que nous sommes remplis des 84 000 sortes d’émotions perturbatrices. C’est important de reconnaître dans un premier temps la souffrance du Samsara. Grâce à cette reconnaissance, nous pourrons éprouver une sorte de renoncement à toutes ces émotions perturbatrices. Grâce à cela, parce que nous aurons la reconnaissance de toute la souffrance qui se trouve dans le Samsara, nous nous adresserons à Dorjé Sempa et réciterons son mantra.

 Pouvoir réaliser l’état de l’esprit éveillé du Bouddha est très difficile pour nous, pourquoi cela ?

Parce que nous n’avons pas une bonne compréhension du renoncement au Samsara ni de la souffrance du Samsara. À cause de cela, nous ne pouvons pas atteindre cet état ni le réaliser.

Un grand Lama Kagyupa a dit ceci :

Afin de pouvoir suivre le chemin de la libération, il est nécessaire au départ d’avoir une bonne compréhension de la nature même du Samsara et d’en éprouver un véritable renoncement.

Grâce à cela, et sur cette base, nous pourrons penser à la libération et finalement, nous pourrons réaliser l’état d’éveil du parfait Bouddha. Quand nous commençons à penser aux souffrances du Samsara, le fait même d’y penser fait que très rapidement des difficultés apparaissent. Quand elles apparaissent, nous ne souhaitons pas penser à ça, nous disons que penser à cela n’a pas de sens. Pourtant cela a un sens ! Car si nous réfléchissons véritablement à la nature même de la souffrance du Samsara, nous allons finalement avoir vraiment envie de nous sortir de là et d’atteindre la libération, jour et nuit, nous allons vraiment avoir envie de sortir de cet état, et ainsi nous allons parcourir le chemin qui mène à la réalisation.

En général nous en parlons en disant que nous aimerions sortir du Samsara et atteindre la libération, mais au fur et à mesure du temps qui passe, nous attendons et nous recherchons tous les bonheurs temporaires.

Quoi qu’il en soit, donc, il est bien de penser et de se dire :
Je vais méditer Dorjé Sempa afin de pouvoir véritablement comprendre la souffrance du Samsara.

Nous allons adresser une telle prière à Dorjé Sempa en visualisant qu’en son cœur se trouve la lettre Houng et qu’autour d’elle le mantra de cent syllabes tourne dans le sens des aiguilles d’une montre. En récitant le mantra nous allons poursuivre la visualisation. Lorsque le mantra va tourner dans le cœur de Dorjé Sempa et de son épouse, de la félicité, de la joie, de l’exaltation apparaîtront. Ainsi le nectar du mantra, en s’écoulant, sortira de l’endroit de leur union pour venir emplir complètement tout notre corps. D’abord il s’écoule en imprégnant le siège de lotus, de lune, et coule ensuite tout le long de la tige du lotus pour finalement rentrer par le sommet de notre tête.

À ce moment-là, lorsque le nectar entre dans notre corps, nous devons penser que toutes les fautes, tous les voiles, toutes les émotions perturbatrices sont expulsés à l’extérieur sous la forme de fumée grise, de suie et, pour les fumeurs, sous la forme de nicotine. Toutes ces impuretés sont expulsées à travers tous les pores de notre peau et par tous les orifices de notre corps et descendent jusque dans les profondeurs de la terre.

Dans les profondeurs de la terre se trouve Yama, sous la forme d’un taureau. Comme sa gueule est ouverte, nous devons penser qu’il reçoit l’ensemble de tout cela et que son esprit est ainsi complètement satisfait parce qu’il reçoit comme nous-même nous l’avons reçue, toute la bénédiction, toute la grâce de Dorjé Sempa. À ce moment-là, nous devons penser qu’ainsi, toutes nos dettes karmiques sont complètement effacées.

De nouveau nous allons réciter le mantra de cent syllabes et puis, de nouveau, le nectar va s’écouler et entrer par le sommet de notre tête et va remplir tout notre corps. En remplissant complètement tout notre corps, nous recevons toute la bénédiction de Dorjé Sempa, celle de l’apparence pure, et nous sommes dans l’apparence pure.

Si vous avez envie de pratiquer la méditation de Dorjé Sempa, pratiquez-la !

Suite de l’enseignement