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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Prière des Huit Nobles Stances Auspicieuses

Nous effectuons des prières de souhaits car dans notre groupe, il peut y avoir de la disharmonie. Afin de dissiper tous ces obstacles nous devons réaliser l’état d’éveil, l’état parfait de Bouddha. L’état de parfait Bouddha n’est rien d’autre que la réalisation de la Sagesse Transcendante. Cette prière va nous permettre de transformer les apparences. Nous récitons cette prière avant de recevoir l’enseignement afin de transformer toutes les apparences en apparence pures. C’est pourquoi, dans cette prière, il est question de différents signes auspicieux, de signes de bon augure.

A propos des apparences

Cette prière commence par OM signifiant que toutes les apparences, que tout le devenir sont parfaitement purs. Puisque naturellement et spontanément, les apparences sont pures nous ne pouvons pas dire « J’ai besoin de cela (telle ou telle apparence) » ou « Je n’en ai pas besoin ». En réalité, cette prière, est celle d’un être qui a déjà obtenu la Vue.

Les pensées émergent spontanément, naturellement, elles sont spontanément présentes. Celui qui a réalisé la nature même de ses pensées ne va pas dire qu’il a besoin de certaines pensées et pas besoin d’autres, puisqu’elles sont naturellement et spontanément présentes. Les pensées, de toute façon surviennent, elles vont, elles viennent ou ne viennent pas. Celui qui a réalisé la Vue n’a absolument aucun ennemi, dans aucune des dix directions. Pour lui, les apparences ne sont ni pures, ni impures. Pour lui, toutes les apparences sont auspicieuses [1]. Le sens de ce mot est très profond.

Ceux qui n’ont pas réalisé la Vue, sont obligés d’effectuer des souhaits et de réciter cette prière. C’est pourquoi nous rendons hommage dans cette prière au Bouddha, au Dharma et à la Sangha, à ceux qui sont parfaitement purs, à tout ce qui est auspicieux. En rendant hommage à la Noble Assemblée, nous-mêmes et l’ensemble de tous les êtres, devenons auspicieux.

La référence à une lampe représente la lumière, qui symbolise la clarté, c’est-à-dire la non-obscurité. L’obscurité de l’ignorance n’existe plus car la lumière est clarté, ainsi tout devient spontané.

Quand nous avons réalisé cet état, toutes les apparences sont bonté, pour l’ensemble de tous les êtres. Toutes les apparences sont des ornements pour ceux qui ont réalisé ces apparences pleines de bonté. Tout est esprit éveillé, c’est-à-dire que toutes les apparences et toutes les pensées sont des signes auspicieux. Celui qui a réalisé cet état est semblable à une montagne, il en a la stabilité, comme s’il résidait tout en haut sur le pic de cette montagne. L’énergie de cette Sagesse est incommensurable et nous faisons des souhaits afin que tous les êtres puissent réaliser cet état.

Dans cet état, nous n’avons plus aucun désir, nous sommes rassasiés. Quand nous avons faim, nous nous disons « Je veux ci, je veux ça », puis quand nous avons bien mangé, nous n’avons plus faim. A ce moment-là, nous n’avons plus aucun désir.

Pourquoi réciter ces prières

Ne pensez pas que réciter cette prière sans en comprendre le sens est inutile car il suffit d’entendre simplement le nom des Trois Rares et Sublimes pour que nous développions la capacité à ce que tout devienne auspicieux. En récitant cette prière, la renommée des Trois Joyaux va s’accroître. La grâce et la bénédiction sont inexprimables par les mots et il n’est donc pas nécessaire de savoir et de comprendre véritablement ce que signifient la grâce, la bénédiction, la foi et la dévotion. La force de cette prière est suffisante pour que nous puissions recevoir les bienfaits des Trois Joyaux.

Généralement, en pratiquant, les méditants développent beaucoup d’espoir, ils récitent des Mani [2], en se disant « Je n’ai pas encore vu le visage véritable de Chenrézi ». Mais il est mieux de pratiquer sans avoir d’espoir. Nous désirons toujours quelque chose, quand nous pratiquons, nous souhaitons obtenir un fruit et nous sommes toujours en train de nous dire « Je n’obtiens pas de réalisation, quand vais-je l’obtenir ? ». Si nous avons ce trop fort désir, il n’est pas possible de recevoir la bénédiction ou la grâce. Lorsque nous adressons une prière aux Trois Rares et Sublimes, ou en méditant, nous ne devons pas penser : « Il faut vraiment que j’acquière un esprit stable ». Il n’y a pas besoin de se dire cela car la stabilité de l’esprit apparaîtra naturellement. Il n’y a rien à désirer, ce n’est pas nécessaire.

Si nous disons sans cesse « mon esprit doit être stable », comment pouvons-nous obtenir la stabilité de l’esprit ? De même, si nous nous disons : « Je désire obtenir Rigpa », nous n’obtenons rien du tout. Nos pensées s’accroissent de plus en plus à cause de notre trop grand désir, notre trop grand espoir d’obtenir un fruit, d’obtenir quelque chose. Ne pensez pas à tout cela, pratiquez et adressez une prière aux Trois Joyaux afin d’obtenir un esprit stable.

Nous n’avons pas à nous dire que nous désirons obtenir Rigpa, car c’est petit à petit, par la pratique, que la Sagesse, c’est-à-dire l’intelligence suprême, naîtra en nous. Cette intelligence va se développer au fur et à mesure. Il n’y a pas à demeurer dans la non-pensée de notre esprit, il suffit de l’examiner encore et encore. Ainsi, plus la Sagesse se développera, plus nous reconnaîtrons la nature même de notre esprit, plus nous reconnaîtrons que notre esprit est Connaissance depuis des temps sans commencement.

Le pigeon qui voulait devenir maître

Dans le texte, il est dit qu’en écoutant le nom de ceux qui sont renommés dans le Dharma, tous les souhaits de bon augure pourront s’accroître. Il y a différents noms de bodhisattvas comme le bodhisattva Manjushri ou le bodhisattva Chenrézi. Le seul fait d’entendre leur nom va nous permettre d’amoindrir toutes les émotions perturbatrices et toutes les pensées qui se trouvent dans notre courant de conscience. C’est pourquoi dans cette prière nous évoquons les noms de différents Bodhisattvas :

SA YI NYING PO, DRIP PA NAM PAR SEL.

Entendre et réciter ces noms créeront dans notre esprit de bonnes tendances fondamentales qui se développeront dans le futur. Voici une histoire pour illustrer cela : Un pigeon nichait au-dessus de la maison d’un moine. Tous les jours, le moine récitait les sutras et tous les jours, le pigeon les entendait. L’oiseau mourut et il prit renaissance en tant que petit garçon. À l’âge de 10 ans, cet enfant demanda où se trouvait le moine, il le chercha, s’en alla le voir et lui dit :
 Vous êtes mon Maître !

Le moine le regarda en disant :

 Je suis désolé, je ne te connais pas, comment puis-je être ton maître ?

Le petit garçon lui répondit :

 Dans ma vie passée, j’étais un pigeon, je vous ai entendu réciter les sutras, c’est pourquoi je suis là maintenant.

C’est ainsi qu’il a pu étudier le Dharma et finalement devenir un Maître. Lorsqu’il était un pigeon, il ne pouvait pas évidemment comprendre les textes qu’il entendait, mais il en reçut toute la bénédiction, c’est grâce à cela qu’il a pu devenir un maître. Donc, il n’est pas toujours nécessaire de comprendre. Nous avons tendance à vouloir tout comprendre mais en pensant ainsi, peut-être que nous rendons impur ce qui est pur. N’ayant pas la maîtrise des apparences nous les considérons comme impures, nous n’arrivons pas à les voir telles qu’elles sont.

Mon conseil est de ne pas trop penser mais de pratiquer. Par la récitation des prières, nous pourrons acquérir un esprit stable et aussi en comprendre le sens véritable.

De nombreux chinois récitent le mantra O MI TO BO qui est le mantra d’Amitabha, ils le récitent continuellement et naturellement l’esprit se stabilise. Nous, en Occident, nous aurons tendance à dire « Pourquoi réciter ce mantra tout le temps ? Cela ne veut absolument rien dire, je ne vois pas pourquoi je vais faire comme ça ». Pourquoi ? Parce qu’en Occident, nous avons beaucoup utilisé notre cerveau, nous lui avons appris à penser beaucoup. Pour la moindre chose, nous nous mettons à penser, à penser beaucoup et n’arrivons pas à nous concentrer ou à n’avoir qu’une seule pensée.

Voilà pourquoi la prière dit ceci :

Il suffit d’entendre les noms des êtres réalisés, pour que naturellement les souhaits de bon augure s’accroissent.

Ainsi, par la récitation de la prière des Huit Nobles Stances Auspicieuses, une fois, deux fois, chaque matin, tout notre monde et toutes les activités de notre monde seront de bon augure. Ainsi nous ne dirons plus que telle activité est bonne ou que telle ne l’est pas et de même nous ne serons plus en train de penser à toutes les activités de notre monde.

Etre en harmonie avec les apparences

Cette prière est vraiment importante, car nous n’avons pas la maîtrise des apparences, et nous sommes en disharmonie avec elles. Par cette pratique, nous allons pouvoir être en harmonie avec les apparences, notre esprit obtiendra une certaine stabilité et grâce à cela, nous pourrons vraiment pratiquer. Actuellement, notre pratique est semblable à la flamme d’une bougie, c’est-à-dire qu’au moindre souffle, la flamme s’éteint. C’est pourquoi il est vraiment important que nous puissions être en harmonie avec les apparences.

Quand un pratiquant est parvenu au stade du Dzogchen, s’il y a grand vent, le feu grandit, donc, plus le vent est fort, plus le feu va flamboyer et grandir. Actuellement, nous ne sommes pas capables de pratiquer le Dzogchen, car pour cela, il faut dans un premier temps, être en harmonie avec les apparences.

En récitant ces prières nous parviendrons à être en harmonie avec les apparences et nous dissiperons les obstacles concernant les activités mondaines. Lorsque tous les obstacles seront dissipés, notre esprit pourra demeurer dans le bien-être, dans le bonheur. Ces prières sont importantes pour nous, les êtres ordinaires, et si nous le reconnaissons, ce sera bénéfique pour nous.

Pour protéger une petite flamme provenant d’une petite bougie il faut par exemple placer un tissu autour afin que le vent ne l’éteigne pas. Cette protection est nécessaire, car nous n’avons pas la possibilité, la capacité d’arrêter le vent. C’est seulement lorsque la flamme est suffisamment grande que nous pouvons alors enlever le tissu protecteur. Vous n’en avez peut-être pas l’expérience, mais au Tibet nous avons une grande expérience de cela. Nous voyagions très souvent à cheval pendant plusieurs jours, en chemin nous étions obligés de faire bouillir de l’eau pour le thé. Il y avait souvent des grands vents au Tibet, donc pour faire le feu, nous utilisions notre zen pour allumer l’allumette, faire le feu et aussi pour le protéger. Donc nous arrangions le zen et commencions à allumer le petit feu, quand il devenait plus important, nous enlevions le zen. Et là, un seul grand coup de vent suffisait pour que le feu se mette vraiment à flamboyer.

Le sens de la prière

Tout cela pour dire qu’il est nécessaire de faire cette prière et faire une prière signifie « Garder l’esprit en un seul point » c’est-à-dire n’avoir qu’une pensée dans l’esprit. Le sens de la prière est de n’avoir qu’une pensée. Nous faisons ainsi en adressant une prière à Guru Rinpoché.

En nous adressant à Guru Rinpoché avec toute notre foi et toute notre dévotion, avec confiance, et en nous concentrant sur lui, la seule pensée qui emplira alors notre esprit ne pourra être que Guru Rinpoché. C’est pourquoi prier Guru Rinpoché, en pensant à Guru Rinpoché, à personne d’autre que lui, et rien d’autre, c’est n’avoir qu’une seule pensée, c’est avoir notre esprit en un seul point.

Pour un grand esprit, c’est-à-dire un être qui a la possibilité et la capacité de pratiquer le Dzogchen, qu’il y ait une pensée ou qu’il y ait beaucoup de pensées, cette personne reconnaît que ce ne sont que des pensées. Mais pour les êtres ordinaires tels que nous, il est important au départ de n’avoir qu’une pensée et de nous y entraîner car pour nous c’est très difficile. Nous devons d’abord entraîner notre esprit à être dans une seule pensée, afin d’être dans l’absorption méditative. C’est encore une raison de plus pour réciter les prières avant l’enseignement ou seul chez soi.

Et dans la tradition tibétaine, il y a toutes sortes de prières et pratiques pour que tous les obstacles soient écartés et dissipés, pour que nous ayons une bonne écoute durant l’enseignement du Dharma…