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Enseignement

Le bardo de la réalité absolue 7/8

Paris, le 28 septembre 2001

Nous pensons que nous allons écouter cet enseignement sur les six bardos, pour pouvoir libérer l’ensemble de tous les êtres de la souffrance du samsara, tous ces êtres qui ont été nos pères et nos mères et dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace.

A nouveau, nous développons l’Esprit d’Éveil, un esprit très vaste, très ouvert. Si nous faisons l’offrande du Dharma, c’est la générosité la plus suprême. Dans la tradition bouddhiste, nous parlons de trois Véhicules, même de neuf Véhicules. A l’intérieur de ces Véhicules, l’esprit, peut être vaste, ouvert ou étroit. C’est pour cela qu’il faut développer l’Esprit d’Éveil du Bodhisattva , un esprit extrêmement vaste et ouvert, un esprit courageux. Quand nous développons l’esprit du Bodhisattva, nous faisons le bien d’autrui, nous mettons de côté notre propre bien, nous pratiquons le bien des autres. Dire que nous développons l’esprit du Bodhisattva, ce ne sont que des mots, c’est à chacun de nous de développer cet esprit.

Comment développer cet Esprit de l’Éveil ?

Nous allons visualiser un être qui se trouve dans la souffrance et nous allons profondément souhaiter que cet être puisse obtenir le bonheur, le fait de penser cela va nous permettre de développer l’Esprit d’Éveil, de développer la compassion.Nous pouvons voir toutes sortes de personnes qui se trouvent dans la souffrance et souhaiter qu’elles obtiennent le bonheur et d’en être séparé. Nous ferons tout dans notre pratique pour que ce bonheur soit obtenu. C’est cela, l’Esprit d’Éveil, l’esprit du Bodhisattva. Il est bien de penser que tous les êtres peuvent obtenir le bonheur et si nous voyons quelqu’un d’heureux, nous allons nous en réjouir :« Puisse-t-il demeurer toujours dans ce bonheur ! ». Si nous développons cet état d’esprit, nous ne serons pas jaloux des êtres. Nous avons tous beaucoup de jalousie dans notre esprit. L’antidote est celui-ci : quand nous voyons une personne heureuse, développons une grande joie et souhaitons que cette personne puisse demeurer dans le bonheur. Si nous développons cet état d’esprit, la jalousie disparaîtra naturellement. C’est une pratique que nous devons faire de manière continue avec la vigilance, le rappel et naturellement, dans notre courant de conscience, la jalousie va s’amoindrir petit à petit et disparaître. Par l’écoute des enseignements nous souhaitons réaliser la Vue. Mais si nous avons de la jalousie dans notre courant de conscience, ce n’est pas possible de réaliser la Vue. La jalousie est semblable à une porte en fer, il nous est impossible de développer l’esprit d’Éveil. Reconnaître que les êtres souffrent véritablement et désirer qu’ils soient séparés de cette souffrance, va naturellement faire naître et développer l’Esprit d’Éveil. L’état du Bouddha parfaitement éveillé n’est rien d’autre que cet Esprit d’Éveil et cet esprit se trouve à l’intérieur de nous-même. Nous pouvons l’atteindre au travers de la pratique de l’Esprit d’Éveil. D’une manière générale, nous pensons : « Je suis bien, je suis dans le bien-être. » ou bien : « Je désire le bonheur. ». Il serait mieux de se dire : "Nous désirons tous le bonheur, nous désirons tous le bien-être". Si nous ne développons pas cet état d’esprit d’aide à autrui, toutes sortes d’émotions vont apparaître et ces émotions ne pourront pas diminuer si nous ne développons pas l’aide à autrui. Dans notre courant de conscience, il y a ce « Je ». Quand nous voyons de la bonne nourriture, nous nous disons, « Je dois manger le premier. ». Si’l y a un endroit qui nous plait, nous pensons « Je dois l’avoir le premier. ». Ce « je » est toujours présent et c’est lui qui désire. Il faudrait parvenir à mettre de côté ce « Je » et penser à l’ensemble de tous les êtres. Si nous désirons véritablement réaliser Rigpa, la Connaissance, mettons ce « Je » de côté. Sans cela, il nous sera réellement impossible de réaliser Rigpa.
Il y a différents chemins, différents états pour cela. Tout d’abord, il y a les Auditeurs mais ce chemin ne permet pas d’atteindre l’état de Bouddha. Il y a ensuite le chemin des Bodhisattvas qui permet à certaines de nos émotions de s’amoindrir, mais toutes les émotions ne sont pas complètement disciplinées. Le troisième chemin est celui du Mantrayana, il permet la réalisation de l’état d’Éveil, c’est le chemin de l’Atiyoga, le chemin du Dzogchen.

Quelles sont les différences ?

Sur le chemin de l’Auditeur, toutes les émotions sont stoppées, bloquées, nous allons considérer qu’elles sont des poisons, que nous ne devons pas les ressentir ; c’est pourquoi nous allons les couper. L’ensemble des êtres n’aime pas les émotions et souhaiterait les arrêter mais il ne connaît aucun moyen pour cela. Pour pouvoir stopper les différentes émotions, il faut suivre une éthique rigoureuse, il y a plus de deux cents vœux pour les Auditeurs, pas d’alcool, pas de femme, etc, donc il faut être moine. Nous ne pouvons prendre les vœux qu’une fois et il n’y a aucun moyen de les reprendre à nouveau. C’est comme une tasse qui se casse, elle ne sert plus. Sur le chemin du Boddhisattva, nous considérons les émotions comme des émotions. Lorsqu’elles surviennent, c’est l’occasion de les regretter, de les confesser. Le Bodhisattva va se dire : « Depuis des temps sans commencement, dans mon courant de conscience, il y a toutes ces différentes émotions et à nouveau ces émotions surviennent, je dois confesser encore et purifier l’ensemble de toutes ces émotions. ». Les émotions sont utiles au Bodhisattva, elles lui permettent de reconnaître quand il doit les purifier. Si nous prenons les vœux de Bodhisattva, si nous les endommageons, nous pouvons les reprendre Dans cet exemple, les vœux sont comme un récipient en matière précieuse, même s’il tombe et se cabosse, nous avons la possibilité avec un marteau de le remodeler.
Entre ces deux exemples, ces deux chemins, nous remarquons une très grande différence.

Dans le Mantrayana, c’est très différent. Pourquoi cela ?

Parce que l’émotion est le chemin. Si quelqu’un d’ordinaire boit de l’alcool, l’émotion sera très forte. Si dans le Mantrayana, le pratiquant boit de l’alcool, cette émotion, n’est plus l’émotion, il n’est plus sous son emprise. Cet alcool, le fait de boire cet alcool, va se transformer en l’obtention de la Sagesse.
Et pourquoi cela ? Parce qu’à ce niveau, celui qui boit développera une plus grande dévotion dans son esprit. Les vœux de celui qui suit ce chemin sont naturels, spontanés, il n’y a pas besoin de choses particulières, d’habits spéciaux, les cinq poisons sont reconnus comme les cinq sagesses. Il a une immense confiance dans la loi de cause à effet, il n’est pas sous l’emprise des différentes émotions car il les reconnaît comme les cinq sagesses. Nous pouvons prendre l’exemple d’un feu, quand l’Auditeur le voit, il pense : "Je dois arrêter ce feu". Le Bodhisattva sur le support de ce feu, petit à petit, va faire qu’il n’y a plus de feu. Celui qui pratique le mantra secret va utiliser le feu. S’il fait froid, par exemple, il va se préparer de la nourriture. Celui qui a une parfaite connaissance de ses émotions, qui reconnaît la nature même des cinq émotions est appelé le moine parfaitement pur car il n’est pas sous leur emprise. Alors que l’Auditeur, le « Bouddha par soi-même » est sous leur emprise. L’émotion est présente et comme il ne sait pas comment faire, il la coupe, il la bloque. Le Bodhisattva va reconnaître qu’il a besoin de ces émotions, mais il ne faut plus qu’il en ait. Sur le support de la reconnaissance de l’émotion, il va l’arrêter peu à peu. Le pratiquant du mantra secret va reconnaître la nature même de ses émotions. Il va reconnaître que depuis des temps sans commencement, ses émotions sont Sagesse. L’émotion ne pourra lui nuire, elle va l’aider car il en reconnaît son essence. Nous pensons suivre le chemin du Bodhisattva et le chemin des mantras, nous mettons un peu de côté notre saisie du « Je », du « Moi ». Nous ne mettons pas tout de côté. Si nous mettons un peu de côté notre saisie du « Moi », du « Je », un certain bonheur va apparaître dans notre esprit. C’est pourquoi, si nous n’avons pas une compréhension véritable, nous saisissons le « Je », le « Moi ». Dans la méditation, nous pouvons ne rien sentir, puis ensuite ressentir quelque chose tel le bien-être par exemple. Nous allons le saisir et à cause de celà, nous ne pouvons reconnaître la Vue Parfaitement Pure. C’est pour cela qu’il est important de développer l’Esprit d’Éveil qui nous permettra de développer un esprit plus vaste, plus ouvert, un esprit d’aide aux autres, nous ne penserons plus à notre bien mais à celui des autres. Dans l’aide à autrui, nous pouvons reconnaître deux aspects différents. Le premier serait d’aider toutes les personnes qui nous sont chères, proches, famille, amis, cela n’est pas l’aide à autrui, c’est l’aide à notre propre attachement. C’est pour cela qu’il nous faut développer ce même état d’esprit vis-à-vis de nos ennemis également. Nous allons devoir développer l’équanimité, en nous séparant de l’attachement vis-à-vis des gens que nous aimons et en nous séparant de l’aversion, de la colère vis-à-vis de nos ennemis. C’est ainsi que nous pourrons acquérir cette équanimité.

Actuellement, nous nous trouvons à nouveau dans le Bardo de la Réalité absolue, dans cet état intermédiaire. Si nous ne nous sommes pas bien entraînés à la Prise de Refuge, au développement de l’Esprit d’Éveil, nous ne pourrons pas obtenir la Vue Parfaitement Pure. Sans l’obtention de cette Vue, nous n’aurons pas la possibilité de reconnaître toutes les apparences qui vont se déployer durant le Bardo de la Réalité absolue. Il est nécessaire d’avoir l’expérience durant cette vie-ci des Quatre Apparences. Et c’est au travers de la compréhension des Quatre Apparences que nous aurons la compréhension
véritable lors du Bardo de la Réalité absolue.

Quelles sont les quatre expériences des Quatre Apparences ?

La première expérience serait « la Véritable Réalité absolue », c’est-à-dire qu’au moment précis où nous réalisons la Vue Parfaitement Pure, cette apparence survient, nous la voyons, nous sommes dans cet état d’apparence de la Véritable Réalité absolue. Sur le support de cette première expérience de la Véritable Réalité absolue, va survenir l’expérience « d’Accroissement ». Quel est le sens de cette expérience de l’Accroissement ? Quand nous avons eu la première expérience de l’obtention de la Vue Parfaitement Pure, à ce moment-là, grâce à cela dans la pratique du Thögyel, tout va s’accroître. Toutes sortes de tiglés (sphères lumineuses) vont apparaître tout d’abord petites, puis de plus en plus grosses, toutes vont aller en s’accroissant. C’est pour cela que la deuxième expérience est appelée « l’Expérience de l’Apparence qui s’Accroît ». La troisième expérience de l’apparence est le sommet de Rigpa, le sommet de la Connaissance. Cela signifie que nous y sommes parvenus. Cette expérience s’appelle « le Sommet de la Connaissance où nous Sommes Arrivés ». Tout est parfaitement vu. Dans les sphères lumineuses, nous pouvons voir clairement tous les corps en totalité. Si nous prenons cette tasse pour exemple, si nous la remplissons à ras-bord, il n’y a plus rien à ajouter. La quatrième apparence est « la Réalité absolue qui est Terminée ». A ce moment-là, nous avons la complète réalisation que la nature des cinq émotions sont reconnues comme étant les cinq sagesses. Les cinq émotions sont complètement finies, évanouies, il n’y en a plus. Toutes les émotions, de la plus grossière à la plus subtile, sont terminées. Pour arriver à cet état, il est nécessaire de passer par la pratique de Thögyel. C’est le chemin pour réaliser cet état. Si nous ne pratiquons pas Thögyel, les différents tiglés, leur accroissement, ne pourront pas être reconnus car nous ne savons pas ce que cela signifie. Toutes les apparences qui vont se déployer dans la pratique du Thögyel vont nous ramener au Bardo de la Réalité absolue où toutes les sphères pourront se déployer et nous pourrons les reconnaître. Pour cela, nous allons pratiquer et maintenant nous allons méditer.