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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Le bardo de la méditation

Maintenant nous allons penser que nous allons pratiquer le Dharma pour pouvoir établir l’ensemble de tous les êtres en l’état parfait de Bouddha.

Si nous développons un état d’esprit excellent, le chemin sera excellent. Si nous développons un mauvais état d’esprit, le chemin sera mauvais. Si nous développons un état d’esprit excellent, il sera facile d’obtenir les différentes terres de Bouddha. Si nous développons cet esprit excellent, il nous sera facile de suivre le chemin qui nous conduira à l’état de Bouddha. Alors que si nous développons un esprit mauvais, c’est comme mettre du poison dans la nourriture, cette nourriture sera empoisonnée.

Padampa Sangyé avait un disciple qui lui demandait de lui accorder sa bénédiction. Padampa Sanguyé lui a répondu « Tu as juste à te détendre, si tu te détends, si tu es sans saisie, tu recevras toute ma grâce et ma bénédiction. ». Cela signifie que si nous restons dans cet état de détente véritable, la bénédiction apparaîtra spontanément. La bénédiction des Bouddhas et des Bodhisattvas est semblable à une immense rivière, à un cours d’eau ininterrompu. Cela dépend de nous d’absorber cette eau, de recevoir cette bénédiction ou pas. Si nous buvons cette eau nous pourrons recevoir la bénédiction. Si nous ne la buvons pas, nous ne recevrons pas cette bénédiction qui est présente de façon ininterrompue. Il ne suffit pas de penser que nous allons recevoir cette grâce, il faut développer une très grande foi, une très grande dévotion et comprendre. Comprendre cela est nécessaire. Grâce à cette compréhension, la foi et la dévotion pourront apparaître naturellement et nous pourrons obtenir la bénédiction. Mais attention, certaines personnes en développant de la compréhension développent aussi de l’orgueil et à cause de cela la foi et la dévotion ne peuvent pas naître en eux. Sans la foi, sans la dévotion, il n’est pas possible de recevoir cette bénédiction.

Nous sommes actuellement dans le Bardo de la Méditation, dans l’état intermédiaire de la concentration, de la méditation. Dans cet état intermédiaire, nous parlons de la nature même de l’esprit. Non seulement il faut en avoir la compréhension mais il faut aussi la réaliser. Comprendre ce qu’est le Bardo de la Méditation ne suffit pas, il faut véritablement obtenir la réalisation de la nature même de notre propre esprit. Sans cette réalisation, la compréhension n’apporte rien, ce n’est pas utile, cela n’est d’aucun bienfait. Il est possible que pour nous ce soit difficile d’avoir une véritable compréhension de ces enseignements qui sont très profonds, de ce sens qui est infiniment profond car nous n’avons pas réalisé l’écoute et la réflexion de façon correcte. C’est pour cette raison que peut-être, il n’est pas facile de comprendre le sens profond de ces enseignements. Mais nous pouvons malgré tout faire le souhait de pouvoir l’obtenir. Si nous faisons des souhaits véritables il est possible que nous obtenions dans cette vie-ci la compréhension et la réalisation du sens profond de la nature de l’esprit. Si nous n’avons pas la possibilité de la réaliser dans cette vie-ci et de pouvoir nous libérer dans cette vie-ci, nous pourrons peut-être nous libérer dans le Bardo du Devenir.

Il est dit dans le texte qu’auparavant, que ce soit avant-hier ou il y a bien longtemps, nous n’avons pas compris le sens véritable de la nature de l’esprit. Nous n’avons pas pu réaliser que notre esprit est complètement libéré. Nous n’avons pas compris les moyens véritables qui nous permettent de réaliser cette nature de l’esprit. Aujourd’hui nous saisissons toutes les pensées qui apparaissent, c’est pour cela que nous errons dans le samsara, que nous expérimentons la souffrance. C’est parce que nous suivons nos pensées. Puisque nous suivons ces pensées nous avons de la saisie sur ces pensées : ainsi la souffrance apparaît. Par exemple, pour l’émotion du désir-attachement, si je suis cette émotion, en la suivant, je la saisis et de cela apparaît la souffrance.

C’est notre Lama qui nous introduit à la réalisation de la libération de la nature de l’esprit. Il est dit que c’est le Lama qui va nous donner l’introduction à la libération des pensées. Quand nous serons introduits à la libération de ces pensées, nous allons réellement en avoir l’expérience. A partir de cet instant, nous n’aurons plus besoin d’être attaché à nos pensées. Reprenons l’exemple du cheval. Au Tibet, les chevaux sont attachés à un piquet par une corde. Jusqu’à présent nous sommes attachés à nos pensées, car nous saisissons nos pensées. Après avoir reçu l’introduction à la libération des pensées, nous n’aurons plus besoin de les saisir et d’y être attachés.

Actuellement nous pensons ainsi : « je suis en train de méditer ou je vais méditer ». Le fait de penser ainsi est comme le piquet planté en terre qui nous attacherait à ces pensées. Lors de l’introduction à la libération de la nature de l’esprit, nous allons enlever ce piquet, c’est-à-dire le concept de vouloir méditer et là nous serons libérés de cette saisie. Ce piquet symbolise vraiment la saisie, nous pensons : « C’est bien, je suis en train de méditer, c’est bien ! ». C’est une saisie. Où alors nous pensons : « J’ai une pensée négative dans cette méditation, non, ce n’est pas bien, etc… ». Là aussi nous avons de la saisie.

Après avoir reçu l’introduction à la libération de la nature de l’esprit, nous allons déterrer ce piquet, le jeter, nous en débarrasser, jeter cette saisie. Quand nous jetons cette saisie, il y a auto-libération. La libération apparaît d’elle-même, il n’y a plus de saisie. Les pensées vont se libérer d’elles-mêmes, nous ne les suivrons plus. Il n’y aura plus de saisie sur les pensées. Les pensées seront libérées d’elles-mêmes, de même, la saisie va se libérer d’elle-même. Pendant que nous méditons, toutes sortes de pensées viennent, surgissent en notre esprit. Nous n’allons pas nous dire : « Toutes sortes de pensées surgissent dans mon esprit, elles vont gâcher ma méditation ! ». Non, ces pensées surgissent, elles apparaissent, c’est très bien, elles se libèrent d’elles-mêmes.

Ces pensées qui se libèrent d’elles-mêmes sont comme un dessin que nous faisons dans l’eau . A l’instant même où nous dessinons, le dessin disparaît. C’est pour cela qu’il est dit : « Ne méditez pas, ne méditez surtout pas, restez seulement dans votre état naturel. Demeurez dans cet état naturel, reposez dans cet état dans une parfaite équanimité, dans une parfaite égalité. ». Ainsi les pensées s’en vont, elles viennent, elles partent, elles se libèrent d’elles-mêmes. C’est cela que nous appelons la nature même de notre propre esprit. Il n’y a rien à fabriquer, il faut juste laisser son esprit être tel qu’il est. Lorsqu’il demeure dans cet état naturel, il est dans l’équanimité, il n’y a pas d’endroit où il est ou où il n’est pas, il est parfaitement égal. Dans cet état d’équanimité, les cinq organes des sens sont vacuité, sont parfaitement purs. Cela signifie que les cinq organes des sens sont présents mais nous n’en avons absolument aucune sensation, aucun ressenti. A partir du moment où nous ressentons, il y a saisie.

Dans l’état d’équanimité, dans l’état naturel il n’y a plus la saisie de toutes les activités ressenties par nos cinq organes des sens d’ordinaire. Par exemple, par la conscience de l’organe de la vue, nous voyons un objet ; dès que nous le voyons, nous pensons : "C’est bien, c’est beau"... ou bien : "C’est pas beau". Dès cet instant, des pensées subtiles vont apparaître et comme il y aura saisie sur ces pensées, elles vont devenir de plus en plus grossières. Par contre, lorsque les pensées sont libérées, tout ce processus n’intervient pas : nous ne suivons plus tout ce qui se présente à la vue, l’odorat le toucher, l’ouie, à travers les cinq organes des sens. Il n’y a plus d’émotion, plus de pensées subtiles ou grossières. Absolument aucune émotion, aucune pensée n’intervient.
Donc quand nous ne saisissons plus, notre esprit demeure naturellement dans l’état d’équanimité. Cela signifie qu’il n’y a plus de frontière, plus de mur. Dès que nous avons des pensées, nous construisons des murs autour de nous. S’il y a un mur, il y a espace extérieur et espace intérieur. Quand il n’y a pas de mur, quand il n’y a pas de pensées, l’esprit est dans l’équanimité. L’espace extérieur et l’espace intérieur ne font plus qu’un et ces deux espaces deviennent complètement indifférenciés. Notre propre esprit devient indifférencié de l’esprit du Bouddha. L’esprit demeure dans l’état naturel qui est son véritable état depuis des temps sans commencement.

Ce ne sont pas les Bouddhas et les Bodhisattvas qui fabriquent cet état d’esprit et il n’y a pas non plus de notion de bénédiction ou de grâce car l’ensemble de l’esprit de tous les êtres vivants est ainsi depuis des temps sans commencement. Si nous ne reconnaissons pas cet état de la nature de l’esprit qui est ainsi depuis des temps sans commencement, la saisie apparaît, les émotions apparaissent et nous errons dans le samsara.

Nous ne pouvons pas dire que l’esprit de l’ensemble des êtres qui errent dans le samsara n’est pas libéré. L’esprit de tous les êtres est libéré. Nous ne pouvons pas dire qu’ils errent dans le samsara puisque l’esprit de tous les êtres est libéré de lui-même. C’est pour cela qu’il est dit que l’errance dans le samsara, que la libération et l’obtention de l’état de Bouddha ne sont pas différents, il n’y a pas de distinction à faire. En fait la différence va être au niveau de la compréhension ou pas que l’esprit est libéré. La différence va se situer là. Si nous ne reconnaissons pas la libération de l’esprit, l’illusion apparaît, les émotions interviennent.
C’est aussi pour cela qu’il est dit que même l’esprit des êtres qui sont actuellement dans les enfers et qui expérimentent une très grande souffrance est libéré. On ne peut pas dire que parce qu’ils sont dans les enfers, leur esprit n’est pas libéré. Leur esprit est complètement libéré mais ils n’en ont pas la compréhension. C’est pour cela qu’ils ont l’impression d’être dans la souffrance. Cependant, si en un instant, ils pouvaient avoir la compréhension que leur esprit est libéré, en un instant seulement toute cette souffrance disparaîtrait. A partir du moment où nous comprenons que notre esprit est libéré, même si nous pensons : « Je suis en train de souffrir, je suis actuellement dans la souffrance », nous reconnaîtrons instantanément que cette souffrance est libérée depuis des temps sans commencement.

En fait que nous parlions de la nature même de l’esprit, que nous parlions de Rigpa, la Connaissance, que nous parlions de l’aspect spontané de notre esprit, que nous parlions de la réalisation de notre esprit, que nous parlions de l’obtention de l’état naturel de notre esprit, le sens véritable de tout cela est la nature même de notre propre esprit. Voir clairement que la pensée est Clarté et Connaissance, c’est cela Rigpa, c’est cela la Connaissance. L’aspect spontané, naturel de l’esprit c’est comprendre que notre esprit n’est pas fabriqué, que sa nature même apparaît spontanément. Lorsque nous ne faisons plus de distinction entre les différentes pensées, en réalisant qu’elles sont toutes égales, c’est l’équanimité de l’esprit. Si nous réalisons que les pensées intérieures et les apparences extérieures qui émergent, sont l’esprit, il s’agit de l’esprit qui embrasse toute chose. Avoir la compréhension qu’il n’y a pas à méditer, qu’il n’y a pas à comprendre quelque chose, qu’il n’y a rien à faire, à fabriquer, à créer, est l’aspect vastitude de l’esprit. Celui qui atteint cet état extrême de vastitude, c’est-à-dire le grand Yogi, le grand méditant, le grand nedjorpa est semblable au soleil qui brille. Il n’est plus dans l’obscurité, il n’est plus dans la nuit. Sa clarté est aussi irradiante que le soleil. Dans cet état l’ignorance (la non-connaissance) devient connaissance. Nous ne pouvons pas dire que l’ignorance, la non-connaissance cesse. Elle ne se termine pas car elle est transformée en pure connaissance.

Dans le texte il est dit que notre esprit est libéré depuis des temps sans commencement, qu’il n’y a donc pas à méditer.

Pourquoi cela ?

Parce qu’il n’y a rien à fabriquer. Il n’y a pas à fabriquer pour utiliser notre corps, il n’y a pas à utiliser pour fabriquer notre parole, il n’y a pas à utiliser pour fabriquer notre esprit. Il n’y a pas à méditer non plus que notre esprit est libéré depuis des temps sans commencement. Il n’y a pas non plus à voir quoi que ce soit. Puisque notre esprit est libéré, il n’y a pas à fabriquer toutes sortes de ressentis à travers nos organes sensoriels. Puisque notre esprit est auto-libéré il n’y a pas à créer un autre esprit pour libérer cet esprit. Il n’y a pas à verser de l’eau pour éteindre le feu. C’est comme l’exemple du feu qui brûle le bois : c’est le bois lui-même qui brûle. C’est ce que Tilopa a dit. C’est pour cela que c’est l’esprit qui de lui-même qui se libère.

Si nous ne comprenons pas cela nous nous disons : « Il faut que j’obtienne la libération ! ». En pensant ainsi, il y a saisie dualiste car il y a la libération et la pensée de se libérer. Voilà pourquoi il est dit qu’il suffit de rester dans l’état naturel et que c’est dans cet état naturel que notre esprit va pouvoir se libérer.

Nous allons donc méditer quelques minutes dans cet état naturel !