Conférences, cours et stages sur le bouddhisme selon la lignée Nyingma du Dzogchen. Nous sommes membres de l’Union Bouddhiste de France.

Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Le bardo du rêve - 3/12

Tout d’abord nous devons penser à développer l’esprit d’éveil en pensant à tous les êtres qui sont dans la souffrance du samsara et dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace, et penser que grâce à l’écoute de cet enseignement sur les six Bardos, nous allons pouvoir les libérer. Nous commençons en disant : « l’ensemble de tous les êtres qui se trouvent dans l’océan de la souffrance ». Qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela signifie que tous les êtres sont dans cette souffrance du cycle des existences.
Comment est cette souffrance ? Elle est comme l’océan. En tibétain qu’est-ce que cela veut dire ? L’océan est par nature, très vaste et très profond, la souffrance des êtres est aussi vaste et aussi profonde que l’océan. Quand le corps s’arrête, meurt, l’esprit, lui, continue et c’est l’esprit qui erre dans le samsara, qui continue dans le cycle des existences. Tant que la nature même de notre esprit ne se libère pas, cet esprit est dans cette errance. L’ensemble des êtres est dans cette expérience.

Avant toute chose, il faut comprendre la souffrance et pour la comprendre nous la ressentons. Nous ressentons à travers notre esprit tout le temps, nous ressentons chaque jour, du matin au soir, nous ressentons différentes choses à travers notre esprit. Il ne suffit pas de reconnaître dans cet esprit la souffrance que nous pouvons avoir car cela ne suffit pas pour nous en libérer. De même si nous comprenons la sensation de bonheur que nous pouvons avoir en notre esprit, cela ne nous en libère pas non plus.
Dans le monde animal, les grands animaux mangent les petits animaux et les petits animaux vivent dans les grands animaux et mangent donc aussi les grands animaux. Les uns les autres se dévorent sans fin, cela est la cause même de la souffrance. Nous n’avons pas la possibilité d’obtenir le bonheur. Un jour je te mange, le lendemain tu me manges, indéfiniment.

Tout être, même le plus petit insecte, désire accomplir le bonheur. Chacune de ses activités est dirigée vers l’obtention de ce bonheur. Il va obtenir un bonheur véritable, la félicité, mais un bref instant. Quand nous parlons d’un bonheur temporaire, nous pouvons le ressentir le soir ou quand nous nous amusons, mais ce bonheur est éphémère, il ne dure pas.

A l’inverse il y a la félicité que nous pouvons obtenir à travers le Dharma. Mais si nous n’avons pas une compréhension de cette félicité, nous ne pouvons pas la réaliser. Ce bonheur du Dharma ne peut être réalisé que s’il est compris.

Il faut avoir confiance dans Dharma car c’est grâce à cette confiance que nous pouvons réaliser ce bonheur véritable. Pour développer cette confiance, il est nécessaire de rentrer en apprentissage du Dharma, c’est-à-dire d’avoir l’écoute, la réflexion et la méditation, pour développer une confiance qui deviendra spontanée.

La première racine de la pratique c’est la reconnaissance de notre souffrance, car sinon nous prenons le bouddhisme comme un passe-temps.

De nombreux Lamas viennent en Occident et en France et nous transmettent beaucoup d’initiations et d’enseignements. Pourquoi cela ne nous apporte-t-il pas véritablement de grands bienfaits ?

Parce que nous n’en comprenons pas le sens véritable, ni le sens de notre propre souffrance. Nous prenons cela comme un jeu, un passe-temps. Il y en a même certains qui vont parler de l’initiation, mais qui n’en donnent pas le sens véritable. Si nous ne comprenons pas le sens véritable d’une initiation elle ne peut pas être effective, ni nous apporter de bienfait. Il faut véritablement comprendre le sens profond pour recevoir toute la bénédiction de l’initiation.

Certains donnent des enseignements alors qu’ils n’ont même pas la compréhension véritable de la souffrance. Ils ne peuvent donc pas avoir une véritable compréhension des textes du Dharma, de leur sens profond et du sens profond du Bouddhisme. C’est pourquoi en un premier temps, il est nécessaire de comprendre ce qu’est la souffrance et l’expérience que nous en avons. Ayant une véritable compréhension, alors seulement, nous voudrons nous en libérer, connaître les moyens de nous en libérer et nous les donner.

Il faut cette compréhension de l’expérience de la souffrance. Par exemple si j’ai faim et que je n’examine pas d’une manière correcte mon esprit, si je vois le moindre animal qui peut me permettre de me nourrir, je vais vouloir le tuer et le manger. Je n’ai pas une bonne compréhension car si je fais cet acte ce sera la cause d’une souffrance. Je ne vais peut-être pas avoir immédiatement le plein effet de mon acte mais dans le futur ce sera forcément une cause de souffrance.

Il ne faut pas penser que parce que certains êtres sont petits ils n’expérimentent pas la souffrance. Les plus petits êtres expérimentent eux aussi la souffrance. Il y a des êtres vivants qui ont la possibilité de s’exprimer, de dire : « je suis en train de souffrir ». Il y en a certains autres qui ne le peuvent pas, ce n’est pas pour autant qu’ils n’expérimentent pas la souffrance.

Dans le bouddhisme nous parlons des êtres qui embrassent complètement l’espace, précisément car la souffrance embrasse tout l’espace.

Dans l’enseignement des Six Bardos, nous sommes arrivés au Bardo du rêve. Là encore il est nécessaire de s’entraîner pendant le Bardo de cette vie. En fait c’est dans le Bardo de la naissance que les êtres ont une énorme saisie sur les phénomènes. Dans ce même Bardo de cette vie, nous devrons nous libérer de cette saisie sur les phénomènes. Pour cela il y a différents moyens.

Pour les êtres ordinaires tels que nous, quand quelqu’un nous parle mal nous allons saisir ces sons comme quelque chose de négatif et nous mettre en colère. Pour le grand méditant – le Neldjorpa –, que nous lui disions de bonnes paroles ou de mauvaises paroles c’est exactement pareil. Il n’y a aucune différence.

Pour s’entraîner les pratiquants considèrent la vacuité des sons : la vacuité-sonorité. Par exemple, ils vont dire des paroles négatives contre eux-mêmes et puisqu’ils sont dans la montagne, l’écho va leur renvoyer leurs paroles. Ils vont ainsi s’entraîner avec cet écho.

De cette manière, si un jour une personne leur dit quelque chose de négatif, ils ne répondront pas, ils ne se mettront pas en colère. Nous disons que c’est la libération de la parole car s’il y a eu auparavant un entraînement sur cette parole, peu importe ce qu’une tierce personne va leur dire, bonnes paroles ou mauvaises paroles, ce sera égal.

Nous allons nous entraîner de même avec le corps. Après nous être lavés nous allons nous regarder dans un miroir et reconnaître que nous sommes propres et bien habillés. Un autre jour, nous serons sales. Nous nous regarderons dans le miroir et verrons que nous sommes sales. Il n’y aura plus de saisie ni dans l’aspect positif et beau de notre corps ni dans son aspect négatif et sale. Nous verrons que cela est uniquement le reflet du corps.

Si nous faisons ainsi nous nous rendrons compte que ce corps est comme le reflet du miroir et alors nous n’aurons plus de souffrance puisque nous reconnaîtrons que le reflet du miroir n’expérimente aucune souffrance ni aucun bonheur. Grâce à cet entraînement, nous reconnaîtrons que notre corps n’est que le reflet du miroir. C’est comme un rêve, il n’y a plus ni souffrance, ni bonheur. Notre esprit, depuis des temps sans commencement est ainsi.

Si notre esprit est ainsi depuis des temps sans commencement, pourquoi souffrons-nous, pourquoi expérimentons-nous de la souffrance ? Si nous voyons tout comme un rêve, comme une illusion, alors il n’y a plus de saisie. Il ne peut plus y avoir de saisie puisque c’est comme un rêve. Si nous faisons tout le temps ainsi et si nous pouvons reconnaître que notre vie diurne est exactement comme un rêve, une illusion, au moment de notre sommeil nous reconnaîtrons quand nous comlençons à rêver. A ce moment précis, il y aura indifférenciation entre l’aspect nocturne et l’aspect diurne. De jour comme de nuit nous serons à chaque fois comme dans un rêve, une illusion.

Si nous réussissons à ne plus avoir de saisie, quand nous ferons preuve de générosité, celle-ci ne sera plus empreinte de saisie, quand nous ferons un acte positif pour les êtres, là encore, cela ne sera plus empreint de saisie. Nous accumulerons alors un très grand mérite. Si nous faisons preuve de générosité avec saisie, il y un aspect négatif, tandis que sans saisie, nous accumulons un grand mérite.

Nous disons que c’est la libération de l’opacité mentale qui nous aveugle au moment de notre rêve. Pouvoir reconnaître que nous sommes dans un rêve nous libère de cette opacité mentale.

Il y a quelques moyens à mettre en œuvre au moment de notre sommeil.

Par exemple, la posture. Nous pouvons mettre notre tête dans la direction du Nord et nous endormir sur le côté droit avec notre main droite au niveau de notre joue droite, notre main gauche et notre bras gauche le long de notre corps. Il faut aussi avoir nos jambes bien allongées. Malgré que nos jambes soient bien tendues, il faut quand même qu’elles soient détendues sinon nous ne pouvons pas dormir. Notre corps est comme un objet : si nous le mettons toujours comme cela, il va naturellement et avec détente se positionner de la même manière.

Nous allons visualiser, au niveau de notre gorge, un tiglé – c’est-à-dire notre propre esprit. Notre propre esprit doit être visualisé comme la divinité propre à chacun. Je ne sais pas si en France vous avez une divinité propre à chacun. Pour certains, c’est peut-être un cochon parce que parfois nous être dans un sommeil lourd. Alors nous sommes comme un cochon, donc la divinité est la divinité cochon et nous sommes sous le pouvoir de l’opacité mentale.

Si nous n’avons pas, à ce moment-là, une divinité particulière, nous pouvons par exemple visualiser Guru Rinpoché. Cela peut être Guru Rinpoché ou pour certaines personnes Chenrezi, Tara ou encore Yéshé Tsogyal, tout dépend de la divinité qui est propre à chacun.

Quand nous parlons de divinité, en tibétain cela se dit Yidam, ce qui signifie : « l’engagement pris par notre esprit ». Donc, ce n’est pas quelque chose que nous allons dire à l’extérieur. Nous n’allons pas proclamer : « je pratique ce Yidam-là ». C’est un engagement que nous prenons envers nous-même et que nous gardons à l’intérieur de nous.

Pour certaines personnes de tradition catholique, cela peut-être une image catholique bien sûr, puisque cette tradition est ancienne et vraiment en nous. Nous pouvons prendre un Saint catholique par exemple. Cette divinité, peu importe laquelle, doit être visualisée toute petite, comme la première phalange du pouce. Elle doit irradier d’une très forte lumière, très claire, très vive et nous devons la voir précise, sans aucune distraction dans notre esprit au moment de notre sommeil. Si nous visualisons ainsi au moment de notre sommeil, nous allons véritablement maîtriser notre rêve, le reconnaître.
Il est important d’avoir ce rappel, cette vigilance de se dire : « maintenant, je vais être introduit au rêve, je vais reconnaître mon rêve ». Il est important de s’endormir l’esprit concentré uniquement sur cette vigilance de la reconnaissance du rêve.

Le lendemain matin, quand nous nous réveillons, peut-être aurons nous maîtrisé le rêve, reconnu que nous étions dans un rêve, peut-être pas. Mais si nous ne l’avons pas reconnu, il ne faut pas se : « ah la la ! Je n’ai pas reconnu mon rêve », mais plutôt se dire : « Maintenant encore, je suis dans un rêve, je suis dans une illusion. Voilà, je suis introduit à mon rêve ». Si le matin nous pensons ainsi c’est vraiment d’un grand bienfait, cela va pouvoir véritablement nous aider.

Ne pas se dire qu’en faisant une, deux ou trois fois cet exercice, nous allons maîtriser et reconnaître le rêve. Cela peut prendre plus de temps. Cela peut prendre un mois, cela peut prendre deux mois ou cela peut prendre un ou deux jours. Dans le texte, il est dit qu’il est tout à fait possible qu’en un mois, nous ne maîtrisions pas le rêve, nous ne reconnaissions pas le rêve, mais qu’en deux mois cela soit possible. Tout dépend de nos propres obstacles. Si nous avons des tendances fondamentales très fortes, très lourdes, cela demandera beaucoup plus de temps. Si ces tendances fondamentales sont plus légères, cela ira plus vite.

Nous avons reçu toutes sortes de moyens de méditation à travers le Bardo de cette vie. Si nous faisons ces pratiques, ces méditations, il n’y a absolument pas besoin de faire d’autres méditations. En pratiquant de cette manière, spontanément, naturellement nous allons maîtriser le rêve, reconnaître que nous sommes dans un rêve. Parce que si nous sommes introduits par un maître authentique à notre propre esprit et que nous méditons cette introduction, nous allons reconnaître que toutes les apparences sont de la nature du rêve et n’aurons aucune saisie sur ces apparences. Et naturellement, spontanément, cette reconnaissance et cette non-saisie des apparences va apparaître dans notre esprit, aussi bien éveillées que dans notre rêve, sans effort de notre part. Cette manière de faire est la plus excellente.

Pouvoir nous dire que toutes les apparences de notre monde sont comme un rêve, comme une illusion, ce sont encore des pensées mais, malgré tout, à travers ces pensées, nous pourrons maîtriser le rêve et cela va nous aider.

Au moment de nous endormir nous mettons notre main sur notre joue droite. Dans les différentes traditions, avec notre auriculaire, nous bouchons l’orifice de notre bouche, avec l’annulaire nos deux narines, avec l’autre doigt nos deux yeux et avec notre pouce notre oreille. Cela veut dire que nous obstruons les neufs portes et cela peut justement nous aider à avoir cette maîtrise du rêve.

Faites-le d’une manière détendue car si vous le faites trop fort, vous allez bloquer tous les orifices et vous allez finir par mourir dans la nuit. Soyez détendus dans le mouvement sinon vous n’allez pas du tout maîtriser le rêve, ni même reconnaître que vous êtes dans un rêve car vous n’allez pas rêver du tout : vous serez si concentrés à tenir tous vos doigts que vous n’allez pas dormir de la nuit ! Je rigole, mais voici le moyen de pouvoir maîtriser le rêve, de pouvoir reconnaître que nous sommes dans un rêve. Maintenant, nous allons méditer quelques minutes…