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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Le bardo de la méditation

Maintenant, nous sommes dans le Bardo, l’État Intermédiaire de la Méditation, de la Concentration. Quand nous parlons du Bardo de la Méditation, cela revient à parler du Dzogchen.
Quand nous parlons du Bardo, de l’État Intermédiaire de la Méditation, nous parlons de l’essence de notre esprit. Auparavant nous avons parlé des Trois Cieux, des Trois Espaces.

Dans ce texte, il est fait référence à cette pratique des Trois Espaces (ou des Trois Cieux).

Tout d’abord il y a l’espace extérieur, c’est l’espace qu’il y a en face de nous, un espace intermédiaire vide. Il y a toutes sortes d’espaces. Il y a l’espace à l’intérieur d’une maison, l’espace à l’extérieur, le ciel. C’est le même espace.

Voilà pour l’espace extérieur. L’espace intérieur est relié aux yeux, il est relié en fait à l’eau qui se trouve dans les yeux, aux larmes et aussi au cœur. Un canal relie le cœur et les yeux, ce canal est vacuité, il est vide.

Puis, il y a aussi l’espace secret. L’espace secret se trouve dans le cœur. C’est la propre nature de la sagesse, de la connaissance, Rigpa.

Qu’est-ce que cela veut-il dire ?

Pour cette pratique des Trois Cieux, nous allons voir à travers nos yeux, Rigpa, la Connaissance. Il y a ce qui s’appelle les larmes de la libératrice. Nous allons poser notre regard dans l’espace en face de nous et ainsi, la sagesse pourra apparaître spontanément.

Quand notre regard se pose dans l’espace, nous ne devons avoir absolument aucune pensée. Nous ne devons pas pratiquer non plus, nous ne devons pas voir. En fait, naturellement, la Vue, cette vision va apparaître. Quand nous sommes dans cette vision, il n’y a absolument aucune pensée qui apparaît, il n’y a aucune saisie, en fait, il y a juste la clarté. C’est de cette manière que nous devons pratiquer. Cette pratique des Trois Espaces est dans le texte qui fait aussi référence à la Posture en Sept Points.

Si nous regardons de cette manière dans l’espace, les yeux ouverts, nous n’avons pas de pensée dans notre esprit. Il en est ainsi parce qu’il y a une relation entre les yeux et le cœur à travers ces canaux. De cette manière, nous pouvons voir la connaissance émerger.
Dans cette pratique, il est nécessaire de ne pas avoir de pensée dans notre esprit. Il faut vraiment qu’à travers nos yeux, nous regardions la Sagesse. Quand nous regardons cette Sagesse, Rigpa, la Connaissance à travers nos yeux, il ne doit y avoir absolument aucune pensée dans notre esprit.
A cet instant, nous ne sommes pas dans la méditation, il n’y a absolument rien qui fait référence à la méditation, mais nous sommes juste dans cet état où nous voyons Rigpa.
Dans cette pratique, dans cet état plutôt, il n’y a ni agitation, ni saisie dans notre esprit car nous pouvons avoir de la non-agitation dans notre esprit tout en ayant de la saisie.

Dans cet état-là, il n’y a ni agitation, ni saisie.

Malgré le fait qu’il n’y ait pas d’agitation ni de saisie dans notre esprit, il y a une très grande clarté. En un instant nous comprenons.
Quand nous arrivons à cet état, nous pouvons dire que nous sommes dans l’État Intermédiaire de la Méditation. il n’est pas difficile de l’obtenir. Notre corps doit être dans la Posture en Sept Points de Vairocana et nous devons juste déposer notre regard en face de nous dans l’espace sans avoir de pensée.

Quand nous sommes dans cet état, nous ne pouvons pas dire que nous sommes en session ou que nous ne sommes pas en session de méditation ou de concentration. Mais puisque nous sommes encore sous l’emprise de nos émotions, les sessions de méditation, de concentration sont nécessaires actuellement.

Pourquoi cela ?

Les êtres ordinaires - les débutants - ont un esprit différent quand ils pratiquent et quand ils ne pratiquent pas. Quand nous mangeons ou quand nous ne mangeons pas, notre esprit est différent, quand nous accomplissons une activité ou quand nous n’en faisons pas, notre esprit est différent.
Effectivement, si nous posons notre regard dans l’espace, nous pouvons obtenir un certain état mais cet état change. Cet état, quand nous mangeons, nous ne pouvons pas l’obtenir. C’est pour cela, en fait, qu’il faut faire ces sessions de méditation. Tout d’abord, ces sessions doivent être de courte durée.
Après avoir fait ces courtes sessions un certain temps, petit à petit, nous pourrons les allonger. Elles peuvent devenir plus longues au fur et à mesure de l’entraînement.

Dès que nous avons terminé la session de méditation, il ne faut pas reprendre nos autres activités tel un fou. Il faut conserver un lien entre nos activités ordinaires et notre session de méditation. Nous devons nous entraîner pour qu’il n’y ait pas de différence entre les sessions de méditation et toutes nos activités.
L’entraînement est nécessaire. Une fois que nous avons reconnu Rigpa, la Connaissance, nous devons nous entraîner à la voir et à la reconnaître dans toute chose. Quand nous parlons, quand nous restons dans un endroit, quand nous allons dans un autre endroit… en fait dans toutes les activités que nous pouvons avoir.

Il est tout d’abord nécessaire, d’avoir l’attention, la vigilance sur le chemin de l’activité pour pouvoir reconnaître cette Connaissance. Puis petit à petit nous n’aurons plus besoin de cette vigilance, de l’attention.

Il se peut que nous avons une certaine stabilité de cet état au moment de notre session de méditation. Si nous n’avons pas cette stabilité dans les activités ordinaires, cela ne va pas nous aider. C’est pourquoi, en fait, quand nous avons reconnu Rigpa, nous devons vraiment nous entraîner à ce que cette Connaissance soit présente dans toutes nos activités. S’il en est ainsi, ensuite, nous pouvons obtenir l’état d’un grand yogi, d’un Nedjorpa, d’un grand méditant.
Les sensations que nous pouvons avoir et le Dharma devront véritablement être indifférenciés. En fait, nous ne pouvons pas dire : « Voilà, la sensation et ma méditation dans le Dharma, c’est la même chose ». Nous devons nous entraîner.
Il faut vraiment que cette sensation, c’est-à-dire que les activités soient indifférenciées de notre propre concentration. Ces deux mots ne sonnent pas bien en chinois, mais il y a vraiment un terme en tibétain qui dit exactement cela qu’il n’y a pas de différence avec les activités.

C’est à chacun d’expérimenter l’indifférenciation entre la Connaissance dans nos activités et dans la méditation ou la concentration. C’est quelque chose que nous pouvons vraiment obtenir.

A ce moment-là, nous disons que la méditation, c’est la non-méditation. Actuellement, quand nous disons que nous méditons, ce n’est pas la véritable méditation. Dans cet état-là de Connaissance, la plus grande méditation, c’est la non-méditation.

Il est dit dans le texte que l’ensemble de tous les phénomènes est vide, vacuité. Puisqu’il en est ainsi, puisque tout est vacuité, qui y a-t-il y a à méditer ? Il n’y a rien à méditer puisque tout est vacuité. L’ensemble de toutes les apparences phénoménales est vacuité, notre esprit est vacuité. Comme il en est ainsi, l’ensemble de tout cela est non-né. Puisque cela est non-né, il y a non-obstruction, cela n’est pas obstrué.

L’Absorption Méditative Parfaitement Pure est appelée ainsi puisque tout est non-né et que tout est non-obstrué.
Puisque cela est non-né, puisque cela est non-obstrué, il n’y a pas de lieu où demeurer. Ainsi puisque tout est vacuité et qu’il y a non-naissance, non-obstruction et non-lieu, c’est l’Absorption Méditative Parfaitement Pure.
Le Bouddha Shakyamouni a dit que cet état était inexprimable par des mots, puisque l’ensemble de tous les phénomènes et de tout notre esprit étaient non-nés, non-obstrués et qu’il n’avaient pas de lieu où demeurer.
L’essence même de notre esprit est inexprimable par des mots et c’est cela la Grande Sagesse qui est non-née, non-obstruée et qui est sans lieu. Ainsi l’essence de cet esprit est semblable à l’espace.

C’est cela la sagesse, ce n’est pas le mental, l’aspect intellectuel de notre esprit, mais cela est véritablement la Connaissance, la Sagesse.

Quand le Bouddha Shakyamouni dit que ce n’est pas l’intellect, que ce n’est pas le mental, cela veut dire que ce ne sont pas toutes nos pensées que nous pouvons développer au travers de nos six organes des sens. Ce ne sont pas les pensées que nous développons à travers l’organe de l’ouïe, de la vue, de l’odorat, du goût, même par l’organe de la conscience, c’est au-delà. Quand nous allons au-delà de ces six sens nous obtenons la Sagesse, c’est l’obtention de Rigpa, de la Connaissance.

Au-delà de ces six organes des sens, il y a une très grande clarté, cette clarté c’est Rigpa, c’est la Connaissance.

Nous pensons qu’au-delà de ces six organes des sens, il n’y a rien. Mais c’est justement quand nous sommes au-delà de ces six organes sensoriels et de ces pensées que nous pouvons développer véritablement Rigpa, la Connaissance.
En fait, ces six organes sensoriels ne sont pas nécessaires. Nous pouvons littéralement les jeter car au moment de notre mort, ils n’existeront pas.
Il faut avant tout, dans cette vie-ci, reconnaître la nature de notre esprit. Sinon, quelle est l’utilité de jeter ces six organes des sens ? Naturellement, ces six organes sensoriels ne seront plus présents au moment de notre mort. Mais si nous n’avons pas eu la reconnaissance de la nature de notre esprit, au moment de notre mort, à nouveau, toutes sortes de pensées apparaîtront.

Donc, en fait, pour l’instant, il y a attachement à cause de ces organes sensoriels, c’est pourquoi il faut aller au-delà de cet attachement.

Cet état de non-attachement est la vacuité et dans cette vacuité, il n’y a pas de méditation. En fait, nous ne pouvons pas dire qu’il y a méditation ou qu’il n’y a pas de méditation.
Quand dans la méditation, nous pensons que nous méditons, ce n’est pas la méditation car il y a la saisie. La saisie dualiste apparaît sur cette méditation au travers du fait de dire « Je suis en train de méditer. » ou de penser que nous sommes en train de méditer.

Dans cet état nous n’avons pas à chercher la méditation. Parce que si nous la cherchons, nous ne la trouvons pas, nous ne l’obtenons pas. Ce serait comme si je cherchais mon rosaire [1] alors qu’il est autour de mon cou. Car en fait, celui qui cherche « fait » de la méditation, il cherche quoi ? Il cherche la méditation.

Le Bouddha Shakyamouni a dit que l’ensemble de tous les êtres se mentaient à eux-mêmes, se perdaient eux-mêmes car ils allaient chercher à l’extérieur, les traces de l’éléphant qui se trouve à l’intérieur d’eux-mêmes.

C’est pour cela qu’il n’y a pas à chercher la méditation, il y a juste à rester dans l’état de méditation. Ne pas chercher la méditation mais simplement rester détendu, ne pas méditer mais rester dans cette détente, en fait, c’est cela méditer.

Celui qui reste détendu, celui-là est dans la méditation. Celui qui reste détendu sans saisie, est dans la méditation. Celui qui cherche à méditer n’est pas dans la méditation. Malgré le fait que nous pouvons parfois rester détendus, par manque de stabilité de l’esprit, toutes sortes de pensées peuvent survenir, et nous pouvons commencer à "chercher" la méditation. A cet instant nous devons adresser une prière fervente à notre Lama. En lui adressant cette prière, la sagesse va s’accroître, se développer dans notre esprit et finalement, nous allons pouvoir acquérir la stabilité dans cette reconnaissance.

Le sens même, la signification de la pensée du Bouddha, c’est que Rigpa, la Connaissance, émerge d’elle-même, apparaît naturellement, spontanément d’elle-même, il n’y a absolument rien à chercher, cela apparaît spontanément.

Lire des enseignements sur le Dzogchen, écouter des enseignements sur le Dzogchen peut nous apporter une certaine compréhension mais cette compréhension n’est pas cet état qui apparaît spontanément. Cette compréhension ne fait pas la réalisation de l’individu, ne fait pas que l’individu est véritablement un pratiquant du Dzogchen. Le texte du
Dzogchen contient la vérité, mais l’individu n’a pas cette réalisation, n’a pas cet état. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas saisir les mots et les sons du Dzogchen. Car nous ne pouvons pas acquérir ainsi l’état naturel et spontané.

Nous disons encore que la non-méditation, c’est la méditation. Nous ne pouvons pas dire : « Cette méditation est terminée. ». Non, car c’est vraiment quand il y a non-méditation qu’apparaît spontanément, naturellement, la méditation.

Il faut être sans pensée et ne pas méditer. En tibétain, quand nous disons « Ne pas penser » ou « Ne pas être dans l’esprit », c’est ne pas avoir toutes sortes de pensées et « Ne pas méditer », c’est ne pas méditer une divinité ou visualiser une divinité.

Il ne faut pas pratiquer, il n’y a rien à fabriquer au travers de nos trois portes, c’est à dire au travers de nos corps, parole et esprit.

Qu’est-ce que cela veut dire « ne rien fabriquer au travers de nos corps, parole et esprit » ?

Corps : nous ne devons avoir aucune activité, nous devons abandonner toutes les activités.

Parole : il est dit qu’il ne faut pas parler mais en fait quand l’on dit ne pas parler, c’est aussi ne pas réciter de mantra ou ne pas réciter de texte ou de rituels.

Esprit : il ne faut absolument avoir aucune fabrication mentale au niveau de notre esprit, il faut juste demeurer dans l’état.

Si nous méditons de cette manière, il n’y a ni jour, ni minute, ni temps. Le temps n’existe plus. S’il n’y a pas de temps, toutes nos activités, toutes nos journées, tout cela est à jeter.

Nous pourrions peut-être penser : « Tous les disciples de Chepa Dorjé Rinpoché ont tout abandonné, ils ne font absolument plus rien !". Peut-être que la police va m’attraper à cause de cela. Mais s’il n’y a ni jour, ni heure, ni temps, il n’y a même plus de police. Donc voilà, tout est fini, il n’y a plus de méditation non plus. Nous allons quand même méditer quelques minutes ou plutôt, nous n’allons pas « méditer ». Dans le Sutra du Cœur, dans la Prajnaparamita, nous avons vu à un moment donné dans le texte : " Il n’y a pas de tête, pas d’yeux, pas de nez, pas d’oreille, et il n’y a pas de Dharma". Voilà, il n’y a pas de Dharma ! Mais quand nous disons qu’il n’y a pas, c’est qu’il y a.