Conférences, cours et stages sur le bouddhisme selon la lignée Nyingma du Dzogchen. Nous sommes membres de l’Union Bouddhiste de France.

Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Le bardo du devenir 2

Quel est le sens de l’écoute d’un enseignement ?

Le monde est un mensonge mais nous ne le reconnaissons pas, nous le prenons pour véritable. C’est pour reconnaître cela que nous écoutons le Dharma. Le sens en est celui-ci. Nous sommes dans l’état intermédiaire de la non reconnaissance que le samsara, que notre monde est mensonge. Parce que nous ne le reconnaissons pas, nous souffrons et nous errons continuellement dans cette souffrance. Si nous reconnaissons la nature même de ce mensonge, si nous avons cette compréhension, les difficultés, alors, ne surviendront plus. C’est parce que nous saisissons ce mensonge et le prenons pour vrai, que nous avons cette saisie, que nous errons dans le samsara, que nous errons dans notre monde. C’est pourquoi le Bouddha Shakyamuni lui-même a dit que notre monde est semblable à un rêve. Lors de l’enseignement sur l’état intermédiaire du rêve, nous avons vu que les rêves que nous expérimentons la nuit étaient semblables à ce que nous pouvons expérimenter durant le jour et que cela aussi était un rêve. Il n’y a aucune différence entre l’aspect nocturne et l’aspect diurne. Nous connaissons cela car, même si nous nous endormons tranquillement, il peut arriver que nous expérimentions en rêve toutes sortes de souffrances, de difficultés. Nous souffrons car nous prenons pour vrai, pour réel, toutes les apparences qui surgissent durant ce rêve. Nous saisissons ces apparences. Si dans notre rêve, nous reconnaissons toutes les apparences comme n’étant qu’un rêve, tout ce qui peut survenir, même la peur sera reconnue comme n’étant pas réelle et là, nous n’aurons plus peur. Il en est de même pour la sensation de faim dont nous avions parlé la dernière fois. Elle peut se manifester durant le sommeil. Nous saisirons la faim dans notre rêve et si nous pouvons reconnaître que ce n’est qu’un rêve, alors, la faim n’existera plus. Actuellement, toutes les apparences sont semblables à un rêve. Il n’y a pas de différence mais nous ne le reconnaissons pas. Après notre mort, nous allons passer dans l’état intermédiaire du Devenir et là, comme dans un rêve, nous allons expérimenter toutes sortes de choses, la faim, le froid. Tout cela sans avoir de corps. Alors qui expérimente cette faim ? Qui expérimente ce froid ?
Pour reconnaître ce mensonge, il y a des moyens. Pour en réaliser sa nature même, petit à petit, il y a la reconnaissance que ce mensonge n’est pas véritable.

Donc, la dernière fois, nous nous étions arrêtés au moment du Bardo du Devenir.
Nous avons vu :
– qu’il nous fallait pratiquer isolé dans un endroit solitaire,
– que nous devions nous dire que nous étions morts et que nous étions dans le Bardo du Devenir,
– que nous devions penser également que tous nos proches et amis, eux aussi, étaient morts et qu’il était donc tout à fait possible de les rencontrer dans ce Bardo du Devenir.
Dans cette pratique, nous allons nous entraîner à méditer des divinités. Nous devons penser que nous sommes dans le Bardo du Devenir et que nous devons méditer que toutes les apparences qui surgissent sont des divinités. A ce moment-là, tous les phénomènes extérieurs, c’est-à-dire notre monde et tous les phénomènes intérieurs, c’est-à-dire l’ensemble des êtres vivants devront être visualisés comme suit :
– tous les phénomènes extérieurs seront vus comme un paradis pur et tous les êtres qui y habitent, comme des divinités,
– tous les démons (voir l’enseignement précédent) ne devront pas être visualisés comme tels mais comme des divinités pures,
– tous les sons que nous entendons, toutes paroles prononcées sont les mantras des divinités.

C’est ainsi que nous devons méditer dans un endroit solitaire et il est bien de méditer ainsi.
L’endroit où nous nous trouvons, cet endroit même est un paradis pur de Bouddha mais nous ne le reconnaissons pas. Si nous nous trouvons dans un endroit où nous nous sentons bien, dans un lieu agréable, nous allons nous dire que nous sommes vraiment dans un paradis pur. En pensant cela, nous allons avoir de l’attachement envers cet endroit mais ce n’est pas la vraie compréhension de ce qu’est un paradis pur. Pour comprendre ce qu’est un paradis pur, il faut reconnaître la pureté de notre esprit, de nos propres apparences. Et c’est en réalisant que nos apparences sont parfaitement pures que nous pourrons voir que les apparences extérieures sont, elles aussi, parfaitement pures. Dans tous les êtres, dans chacun d’entre-nous, il y a la graine du Tatagatagarba, c’est-à-dire le potentiel de l’état de Bouddha. L’ensemble de tous les êtres sont parfaitement purs parce qu’ils sont Bouddha. Si notre esprit est souillé par les émotions, il est impur et nous voyons l’ensemble des autres êtres comme des esprits impurs, des esprits souillés de même par les émotions. Ce n’est pas les aspects extérieurs qui sont impurs, c’est notre propre esprit qui n’est pas reconnu comme pur et qui est vécu comme impur. Donc, nous devons purifier les défauts de notre propre esprit. Il ne faut pas s’occuper des défauts des autres car ils sont absolument inépuisables. Comment pouvons-nous ainsi avoir la possibilité de travailler sur les autres ? Nous devons travailler sur notre propre esprit. Si nous nous mettons en colère, ce ne sera pas quelqu’un d’autre qui pourra arrêter notre propre colère, c’est nous-mêmes qui devons la stopper. Si nous arrivons à trouver la paix dans notre esprit, l’ensemble des êtres qui nous entourent eux aussi seront paisibles. C’est la raison pour laquelle nous devrons purifier les défauts de notre esprit. Lorsqu’il sera purifié, nous verrons l’ensemble de toutes les apparences parfaitement pures. C’est pourquoi il est dit que cela ne dépend entièrement que de nous, que de notre propre esprit. Si nous purifions notre courant de conscience, tous les êtres auront spontanément et naturellement l’apparence des divinités. Dès à présent, si notre esprit est pur, tous les sons que nous entendrons seront perçus comme la parole des divinités, comme des mantras car nous n’aurons pas de saisie sur les sons que nous entendrons. Certains textes tibétains parlent des sons ali kali. Ces sons font référence aux sons naturels. Ces consonances naturelles sont présentes dans les sons. Il est dit que les sons ali tournent vers la droite, que les sons kali tournent vers la gauche et qu’au milieu se trouve le son du mantra des douze causes interdépendantes. Qu’entre les deux consonances ali kali se trouve le son. Pour qu’il y ait un son, il faut deux objets. Prenons l’exemple de la tasse et de la main. S’il n’y a que la tasse, il n’y a pas de son, s’il n’y a que la main, de même, les deux sont donc nécessaires. C’est pourquoi la nature même du son est parfaitement pure. Le son se manifeste parce qu’il y a un support mais nous ne pouvons pas le saisir car il est parfaitement pur. C’est pourquoi au travers des sons ali kali, l’ensemble de tous les sons perçus sont parfaitement purs. Tous les mantras des divinités sont la nature même des sons.
En méditant que toutes les apparences sont de nature parfaitement pure, que les divinités que nous visualisons sont parfaitement pures, que tous les sons que nous entendons sont parfaitement purs tels les corps et les mantras des divinités, nous ne serons pas dans l’obscurité. C’est ainsi que nous devons nous entraîner et cet entraînement s’effectue dans cette vie-ci, dans le Bardo de la Naissance.

Après avoir acquis une expérience au cours du Bardo de la Naissance, après notre mort, au moment de l’état intermédiaire du Devenir, nous nous rendrons compte que nous nous trouvons dans le Bardo du Devenir. Au travers de cette reconnaissance, nous effectuerons la phase de création, en méditant une divinité. Ainsi en méditant la divinité, n’ayant plus de corps, nous deviendrons immédiatement cette divinité. Par le souvenir de cette méditation, nous deviendrons la divinité. Mais sans entraînement, cela n’est pas possible. Celui qui s’entraîne bien, peut déjà au travers des rêves, en avoir l’expérience, en avoir une compréhension car celui qui s’entraîne dans l’état intermédiaire du rêve va devoir reconnaître qu’il est dans le rêve. L’ayant reconnu, si en un instant, il se dit : « Je suis une divinité. », il sera en un instant cette divinité. De même, grâce à la pratique de la méditation, il pourra méditer dans son rêve qu’il est dans un paradis pur, qu’il y a un Bouddha, qu’il y a des disciples et qu’il est en train d’écouter des enseignements. Il pourra le faire car il aura la reconnaissance qu’il est dans un rêve. Donc, si nous avons cet entraînement dans le rêve, dans le Bardo du Devenir, il sera tout à fait possible de faire de même.

Celui qui est capable dans le Bardo du Devenir, de méditer ainsi, pourra fermer toutes les portes du samsara, toutes les portes du cycle de l’existence. A ce moment-là, cet être aura la possibilité de choisir où renaître à l’endroit où il pourra pratiquer le Dharma. Il lui sera aussi possible de choisir ses parents, son père, sa mère. Ainsi, puisque la porte des renaissances dans le cycle des existences sera fermée, cet être-là sera détenteur de la connaissance. Ayant acquit Rigpa, la Connaissance, il restera dans sa renaissance détenteur de la connaissance et il aura la possibilité d’atteindre l’état de Bouddha, l’État d’Éveil. D’une manière générale, il en est ainsi dans le Bardo du Devenir. Dans le Bardo du Devenir, les êtres ont un grand désir, un très grand attachement car dans cet état intermédiaire, nous avons la possibilité de voir énormément d’êtres. Si nous avons un très grand attachement pour ces êtres, nous renaissons, nous devenons leur enfant. Au moment du Bardo du Devenir, quand un être voit certains êtres, par exemple une jolie femme, il va avoir de la saisie. Celui qui aura entraîné son esprit va reconnaître cet attachement et se dira qu’il est dans l’illusion. Il aura le rappel de la méditation. Si au travers cet attachement, il y a le rappel et qu’il médite la divinité en union, cet être ne reprendra pas naissance par exemple en tant qu’animal. Il reprendra naissance dans un paradis pur. Le désir et l’attachement pour autrui ne signifie rien d’autre que notre propre attachement. Si nous reconnaissons cela et que nous méditons ce désir comme la divinité, en un instant, nous devenons la divinité. Nous devenons l’éclat même de la divinité. C’est maintenant en ce monde que nous devons nous entraîner de cette manière car pendant le Bardo du Devenir, il sera trop tard.

Dans ce Bardo du Devenir, à cause du désir et de l’attachement que nous allons avoir envers les autres êtres, nous pourrons prendre renaissance en tant qu’homme ou femme. Si nous renaissons homme, c’est que nous aurons ressenti de la colère pour notre père et de l’attachement pour notre mère au moment du Bardo du Devenir. Donc, si nous avons de l’attachement pour notre mère, nous renaîtrons en tant qu’homme. Et à l’inverse, si nous renaissons en tant que femme, dans le Bardo du Devenir c’est que nous avons eu du désir, de l’attachement pour notre père et que nous avons eu le rejet de notre mère. Si nous nous entraînons dans cette vie ci, au moment du Bardo du Devenir, à l’instant même où nous reconnaissons Rigpa, la Connaissance, nous pourrons utiliser différents moyens pour renaître homme ou femme, beau, etc. Par exemple, pour avoir un corps doté d’une intelligence éveillée, nous réciterons le mantra de Manjushri durant le Bardo du Devenir et ce, jusqu’au moment où nous irons dans la matrice de la mère. Si nous méditons notre corps comme la syllabe Hung, nous obtiendrons un corps très fort. Les êtres ordinaires qui ne sont pas entraînés à la méditation, ne reconnaîtront pas qu’ils sont dans le Bardo du Devenir et ils auront un très grand attachement pour les êtres qu’ils verront. A cause de cela, ils renaîtront dans les différents mondes d’existence, que ce soit dans le monde animal, des enfers ou dans un autre monde.

Si dans cette vie-ci, nous avons un très grand désir, un très grand attachement envers quelqu’un et que nous le reconnaissons, en méditant sous la forme d’une divinité, cela va détourner ce désir, cet attachement. Lorsqu’un un homme a un très grand désir pour une femme ou une femme un très grand désir pour un homme, ils sont dans l’émotion parce qu’il suivent ce désir. S’ils reconnaissent ce désir, s’ils le détournent, tout deviendra divinité. Cet entraînement, cette habitude se prend au moment de la phase de création. Si nous n’avons pas cet entraînement, cette habitude, nous sommes sous l’emprise d’un désir-attachement tout à fait ordinaire. Si c’est ainsi, nous n’avons aucun moyen de travailler avec. Dans un premier temps, les débutants doivent arrêter, stopper, ces émotions. Lorsqu’ils auront obtenu un esprit plus stable avec moins de saisie, ils pourront utiliser ces différentes émotions. Dés à présent, nous pouvons le voir. Si nous sommes attirés par quelque chose de beau, nous allons dire : « Oh comme c’est beau ! ». Si quelque chose nous déplait, pour laquelle nous avons du rejet, instantanément, nous dirons : « Oh comme c’est laid ! ». Tout cela montre bien que nous avons de très fortes saisies envers des objets extérieurs.

Obtenir l’intelligence éveillée qui nous permettra d’examiner correctement chaque chose ne dépend entièrement que de nous. Je ne peux pas dire : « Voilà, je vous donne ma grâce et tout est fait. », non, cela ne fonctionne pas ainsi. Je vais vous donner les moyens et c’est à vous de vous entraîner. Dans notre monde, les êtres ordinaires veulent immédiatement du bien-être et du bonheur. Bien sûr, vous pouvez ressentir du bonheur mais sur un temps très court et cela ne sera pas d’une grande aide à notre mort. Cela ne nous aidera pas. Nous ne pourrons pas emporter le bonheur avec nous. Le bonheur que nous pensons obtenir, nous ne l’obtenons pas, nous ne le réalisons pas. Ce bonheur-là ne pourra pas nous aider au moment de notre mort.

Et pourquoi cela ?

C’est parce qu’il n’est que temporaire.
Lorsqu’une personne joue de la musique, cela ne dure que le temps de la musique, c’est éphémère. Ce soir, par exemple, je vais vous donner toute ma grâce pour que vous soyez dans le bonheur. Pendant quelques temps, vous serez ainsi, dans cette grâce, mais au bout de quelque temps, cette joie ne sera plus. Elle ne vous aidera plus. Je ne fais que vous donner des moyens pour obtenir le bonheur, le bien-être. En fait, ce que je fais-là, ce soir, c’est que je vous donne des moyens pour que, chez vous, vous puissiez vous entraîner afin d’obtenir le bonheur véritable, le bonheur ultime, la félicité véritable. Tout cela va dépendre de votre intelligence éveillée. Certains vont comprendre le sens véritable des mots, d’autres vont comprendre les mots mais pas le sens. Il ne faut pas saisir les mots, ce n’est pas cela qui nous apportera le sens des mots, il n’y aura pas de bienfait.

Si je reprends l’enseignement de ce soir, nous avons tous, homme ou femme, de l’attachement envers des objets extérieurs. A chaque fois que nous avons du désir, nous pouvons méditer les divinités. Si nous visualisons cet objet de désir en tant que divinité, il n’y aura plus de désir. Ce sont des moyens pour pouvoir bloquer, stopper vos émotions. Mais, si en même temps, en voyant de jolies femmes, vous êtes attirés par elles, ce que je vous ai dit n’est d’aucun bienfait. Dans ce cas, il n’y a pas d’intelligence éveillée. Parce que vous créez de l’émotion alors que je vous ai donné le moyen de la stopper. Si vous avez ces émotions cela montre bien qu’il n’y a pas d’intelligence éveillée.

Et maintenant, nous devons méditer.