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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

L’impermanence

Quelle est l’origine de l’impermanence ? Quel en est le sens ? Ce sens est vraiment très important et très profond. Nous pensons continuellement que notre monde est permanent, nous pensons que notre corps même est permanent, nous pensons que notre vie même est permanente et puisque nous pensons que tout cela est permanent, nous développons une grande saisie. Plus nous saisissons, plus nous souffrons, ainsi pour ne plus avoir de saisies nous devons méditer tout le long de notre vie, jusqu’à ce que nous n’en ayons plus. Nous ne devons pas être sous l’emprise de la paresse.

Nous devons arrêter toutes les activités qui ne sont dédiées qu’à ce monde, toutes ces activités mondaines car jusqu’à présent ce sont les seules que nous avons. Mais comme nous avons malgré tout des activités mondaines, tant que nous ne sommes pas sous leur emprise, c’est que nous sommes véritablement dans le Dharma.

Donc au départ, nous avons le désir de pratiquer le Dharma et puis nous commençons à le pratiquer et ensuite nous développons de la saisie relative à ce Dharma et nous pensons : « le Dharma est vraiment bien ». Si nous pensons ainsi cela signifie que nous n’avons pas une bonne compréhension de ce qu’est véritablement l’impermanence de la vie, de notre vie.

Si nous avons une bonne pratique du Dharma cela signifiera que nous n’aurons plus la saisie de la permanence de notre vie, et que nous n’aurons plus de saisie du Dharma. Ainsi, si nous pouvons développer cette non-saisie c’est que nous aurons véritablement compris que notre vie n’est pas permanente et donc que nous pourrons pratiquer le Dharma d’une manière parfaitement pure. Et à la fin de notre vie, c’est-à-dire au moment de notre mort, la seule chose qui pourra nous apporter une aide, c’est le Dharma.

En fait, tant que nous ne sommes pas arrivées au moment même, à l’heure même de notre mort, et même si nous entendons dire que nous allons mourir, nous n’y prêtons pas vraiment attention. Par contre, si étant malade, un médecin nous dit « Vous n’avez que quelques mois à vivre, vous n’avez peut-être qu’un an ou deux ans à vivre », à ce moment-là, nous allons commencer à y faire un peu plus attention.

Donc tant qu’un médecin ne nous aura pas dit : « Il ne vous reste que ces quelques mois à vivre » nous ne pouvons pas nous rendre compte que notre esprit n’est pas stable dans le Dharma. C’est lorsque nous nous rendons compte que très prochainement nous allons mourir que nous avons une compréhension véritable de l’impermanence de notre vie et que nous comprenons que la compréhension que nous avions auparavant de l’impermanence n’était pas une bonne compréhension.

À ce moment-là, quand nous nous rendrons compte que notre vie est réellement impermanente, nous expérimenterons une grande souffrance car nous nous rendrons compte de l’impossibilité de l’éliminer n’ayant pas pris le temps de nous entrainer à cela. Nous comprendrons que tout le temps que nous avions pu avoir pour le faire n’aura pas été utilisé pour la pratique du Dharma, pour obtenir une maitrise véritable de notre vie et de notre esprit.

Nous pouvons comprendre l’impermanence de notre vie, bien sûr que nous pouvons comprendre cela, mais notre compréhension n’est pas véritable, nous n’avons pas la compréhension du sens profond de l’impermanence. Et pour que vous en ayez une compréhension je vais, à nouveau, vous rafraîchir la mémoire.

Le jour et la nuit sont deux choses qui différentes ; il y a le temps ; il y a les minutes qui passent et à chaque seconde le temps change. Le jour passe, nous pouvons le voir, la nuit passe, nous pouvons le voir, mais nous pensons que ce changement ne nous nuit pas.

Il y a le jour, il y a la nuit, et puis petit à petit, alors que nous n’avions pas de rides, des rides commencent à apparaitre. Nous avions les cheveux noirs et puis, petit à petit, les cheveux blancs apparaissent. Nous avions une certaine souplesse dans notre corps et puis petit à petit, nous commençons à avoir du mal à bouger, nous commençons à avoir mal aux jambes, cela se manifeste de minutes en minutes. Il y a une minute, deux minutes, cinq minutes qui passent et puis ces minutes s‘accumulent et deviennent des jours, elles deviennent des nuits et ainsi nous arrivons à cet état, sans que nous puissions en avoir conscience, véritablement conscience.

La vieillesse ne vient pas en un instant, elle apparaît au fil des minutes, des heures qui s’écoulent, cela vient petit à petit. Jusqu’au moment de notre mort et durant toute vie, nous avons eu toutes sortes d’activités, mais au moment de la mort nous ne pourrons emmener avec nous aucune de ces activités.

C’est pourquoi, dès à présent, puisque nous avons eu la possibilité de rencontrer un Lama, et de recevoir des instructions essentielles, nous ne devons pas perdre une heure, nous ne devons pas perdre notre temps, nous devons pratiquer le Dharma pour que nous ne subissions pas de nuisance au moment de notre mort.

La vie est brève comme une cascade, comme de l’eau d’une cascade qui va vers l’océan. Notre vie, pareillement, s’écoule aussi rapidement que l’eau de cette cascade. Nous pouvons en avoir la sensation. Jusqu’à l’âge de quinze ans, nous pensons que le temps va doucement et que quinze ans, c’est long, il a fallu un certain temps avant que ces quinze années arrivent, et puis à partir de quinze ans, le temps passe très vite.

Pourquoi cela ? Parce que jusqu’à l’âge de quinze ans, à peu près, nous n’avons pas toute la capacité, nous n’avons pas toute l’énergie, nous n’avons pas encore toute la maîtrise entière de notre corps. Certaines personnes vont encore nous aider, nous n’avons pas une réelle maîtrise de nous-même. Puis ensuite nous acquérons la capacité totale et entière de faire ce que nous désirons et à ce moment-là, on se dit : « Voilà, j’ai le temps » mais pas du tout, car le temps passe très vite !

On dit aussi que la vie est semblable au soleil. Durant le jour le soleil se lève puis pendant toute la journée il brille donc il y a beaucoup de lumière et puis au fur et à mesure que la journée se termine, la lumière du soleil décroît, il en est de même pour notre vie. Quand nous sommes jeunes, nous avons l’éclat de la jeunesse, au niveau de la peau, au niveau de la capacité du corps, au niveau de l’intellect et puis petit à petit, avec le temps, tout cela décroît et finalement nous ne nous reconnaissons même plus.

Tout le monde vit cette impermanence, que ce soit le roi le plus riche du monde, que ce soit le plus pauvre des êtres, que ce soit le moindre petit insecte, que l’on soit fort ou pas, tous les êtres subissent l’impermanence. La plus belle des personnes subit cette impermanence, de même la personne la plus renommée, l’impermanence peut survenir à n’importe quel moment, que ce soit dans le jeune âge ou à un âge plus avancé. Habituellement nous pensons que l’impermanence ne va pas frapper avant l’âge de soixante-dix ans, mais plutôt entre soixante-dix et cent ans. Donc se dire : "jusqu’à soixante-dix ans, ça va, je suis tranquille", n’a aucun sens, on ne peut pas penser de cette manière-là.

À partir du moment où nous avons une vie, elle est impermanente, très rapidement, elle passe, car tout ce qui s’accroît, tout ce qui grandit, forcément, décroît un jour. Et toute personne qui aura acquis une certaine richesse ou un certain pouvoir un jour ne possèdera plus rien.

Rien n’est stable, rien n’est permanent. Nos amis et nos ennemis sont impermanents, nos ennemis peuvent devenir nos amis et inversement. Nous pouvons être dans le bien-être, mais ce bien-être n’est pas permanent, car la souffrance vient, de même on ne va pas demeurer continuellement dans la souffrance, à un moment donné à nouveau nous pourrons expérimenter le bien-être.

Il est bien d’avoir une compréhension claire de cela. Si l’on demeure un certain temps ou plusieurs jours dans la souffrance, dans une très grande souffrance, et que nous avons une compréhension juste de l’impermanence, on pourra se dire : « Voilà maintenant, j’expérimente une très grande souffrance, mais petit à petit elle va décroître, petit à petit cette souffrance va disparaître ».

Si l’on a une bonne compréhension de l’impermanence et si nous nous méditons, ou pratiquons l’impermanence de toutes choses, alors que tout va bien, que nous ne ressentons pas de souffrance, de maladie, que nous nous sentons bien, quand la souffrance reviendra, nous ne serons pas trop affectés, nous ne souffrirons pas trop.

Les Tibétains prennent souvent l’exemple suivant « Tout ce qui est élevé, un jour va être bas, tout ce qui est fort un jour sera faible ». Si comme les Nagas une personne possède une très grande richesse (ce sont les Nagas qui possèdent le plus de richesses) elle connaîtra l’impermanence. Et l’on dit aussi que même si une personne est très belle, semblable aux dieux ou déesses, elle subira l’impermanence [1].

Tout comme une fleur, elle est belle, on la voit, elle est très belle, mais elle ne restera pas comme ainsi, un jour, elle se fanera. C’est pareil pour tous les vêtements que nous portons, ils s’usent. Et il en est ainsi pour tout ce qui demeure dans le Samsara, rien n’est stable, tout est impermanent. C’est une erreur de penser ou de se dire, «  tout est stable et tout ce que je vais construire va être stable d’une façon durable, l’endroit où je suis est bien », car rien ne peut demeurer de manière stable.

Si par exemple, nous achetons une maison en nous disant : « Je vais rester dans cette maison », il est tout à fait possible qu’à cause d’un nouveau travail nous soyons obligés de déménager et là, il y aura toutes sortes de problèmes car nous pensions que tout serait stable, que tout était stable.

Toutes les choses dans ce monde sont impermanentes, tous les amis, toute la famille que nous avons est impermanente, notre vie même est impermanente, notre corps est impermanent, toutes sortes de sensations peuvent apparaître dans notre corps et la maladie de même.

Et dans un texte du Damchö Tema Karpo, le Bouddha a dit :

S’il y a naissance, il y a mort.

Dans la nature les arbres, les fleurs, l’herbe, naissent, s’accroissent et meurent, il en est de même pour l’ensemble de tous les êtres vivants ». Et comme nous sommes nés, forcément, nous allons mourir. Sans cette compréhension, si nous attendons le moment de notre mort pour nous en rendre compte, notre vie entière sera complètement perdue. De même tout ce qui s’assemble se désunit forcément au bout d’un moment, l’exemple le plus frappant est cette soirée, maintenant nous sommes tous réunis dans cette salle et, à la fin de l’enseignement, on va repartir chez soi, on va donc être désunis. C’est cela l’impermanence !

Dans un autre Soutra, le Bouddha Sakyamuni dit ceci :

Les trois mondes sont impermanents, ils sont semblables aux nuages dans le ciel

Tous les êtres, pareillement, sont impermanents, semblable aux reflets de la lune dans l’eau. Pourquoi prenons-nous cet exemple du reflet de la lune dans l’eau ? C’est parce que le reflet de la lune dans l’eau ne peut pas rester stable très longtemps, car très rapidement, instantanément, l’eau va commencer à bouger et le reflet ne pourra plus être clair. Il en est de même pour l’ensemble de la vie humaine, en réalité toutes sortes d’êtres humains ont vécu dans ce monde.

Nous sommes véritablement comme ce reflet de la lune dans l’eau qui bouge instantanément, et nous n’en avons pas la compréhension, ainsi, nous perdons complètement notre vie, elle ne fait que bouger, que passer. Et cette vie est semblable à une cascade, à l’eau qui déferle d’une cascade, elle est aussi rapide que cela. Toutes les activités de notre monde sont comme une danse, elles n’ont absolument aucune stabilité.

Aujourd’hui, nous faisons, demain, nous défaisons, après-demain, nous refaisons, c’est comme ça tout le long de notre vie. Et nous tournons, nous tournons sans cesse. Et c’est pourquoi, en tibétain on parle de la roue du Samsara.

Au moment de notre mort nous laisserons toutes ces activités. Pour parler de cela, les Tibétains aiment bien prendre l’exemple du beurre, parce qu’au Tibet il y en a beaucoup. D’où vient-il ? Il vient du lait de la dri [2], et, comme elle est poilue, il y a des poils dans le beurre. Les tibétains disent donc que lorsqu’on retire le poil du beurre, on ne retire pas le beurre avec, il en est de même pour nos activités, au moment de notre mort, nous n’en emporterons absolument aucune. Voilà, j’aime beaucoup cet exemple, c’est vraiment l’exemple tibétain typique !

Dans un autre Soutra, Lopen Ariadewa a dit :

Il y a eu d’innombrables vies, peu de choses peuvent nous guérir et beaucoup de circonstances conduisent à la mort.

Dans cette vie-ci petit à petit, de jour en jour, nos forces et les sensations du corps s’amoindrissent. Il y a beaucoup de circonstances qui causent la mort et peu de circonstances de guérison. Nous nous habillons pour ne pas être malade et pourtant, quand il fait froid même si nous sommes bien couverts, nous tombons malades, donc, quoi que nous fassions, finalement, la mort vient c’est pourquoi il est dit : « Toutes sortes de circonstances conduisent à la mort et cette mort n’intervient pas de la même façon pour tous. ».

Il y a par exemple des nourritures empoisonnées qui peuvent nous tuer, il y a aussi des animaux sauvages, tels que des tigres, des lions, des ours, qui peuvent provoquer notre mort et auparavant il y avait aussi des animaux venimeux. Et puis il y a aussi la mort qui provient de querelles ou de guerres. Il y a aussi des obstacles pour nous empêcher d’être heureux à cause des ennemis. La cause peut être due aussi aux éléments, à cause de l’élément feu dans un aliment ou à cause de l’élément eau, en réalité, il y a vraiment toutes sortes de circonstances qui peuvent nous amener à la mort.

Et puis bien que l’on peut se sentir très bien dans notre corps, on peut désirer certains médicaments pour se sentir encore plus fort, ces médicaments finissent parfois par devenir comme du poison et nous pouvons en mourir. Même si la nourriture est bonne, certaines choses font qu’à l’intérieur de notre corps, elle se transforme instantanément en poison et provoque la mort. Quand nous sommes malades, nous prenons des médicaments pour ne plus l’être et parfois ces médicaments se retournent contre nous.

Dans un autre Soutra, il est question d’une personne qui s’étrangle en prenant une bouchée de nourriture qui ne peut ni descendre ni monter. En fait, nous n’avons absolument aucune maîtrise de cela, tout dépend de notre karma passé et quoi qu’il en soit, ce karma passé nous conduira à la mort.

En ayant une compréhension de l’impermanence, si nous pratiquons véritablement l’impermanence, nous pourrons acquérir un esprit stable, et nous pourrons dire : « Puisque ma vie est impermanente il faut vraiment que je l’utilise, il faut que j’utilise chaque instant de ma vie. ». Et donc à chaque instant de la vie il n’y aura aucune distraction possible si on comprend réellement l’impermanence de cette vie que nous devrons utiliser.

Il peut arriver parfois, que dans la méditation, nous nous sentions fatigué. Lorsqu’un pratiquant qui a une vraie compréhension de l’impermanence réfléchit à cela, la fatigue s’évanouit instantanément. Parfois durant l’enseignement, on s’endort un peu, ou encore pendant la pratique, on somnole un peu, si l’on réfléchit bien sur l’impermanence, instantanément l’endormissement s’évanouit, il disparaît.

Pouvoir méditer sur l’impermanence est vraiment bénéfique, c’était la pratique continuelle de Padampa Sangyé lui-même.

On peut aussi prendre conscience que toutes les activités mondaines que nous effectuons seront, au bout du compte, tout aussi impermanentes et qu’au moment de notre mort, elles ne nous seront d’aucune utilité et ainsi nous comprendrons véritablement qu’il est nécessaire de pratiquer le Dharma.

Milarepa a dit : Personne n’a la possibilité de savoir quand la mort viendra, c’est pourquoi, j’ai eu peur de la mort et c’est grâce à cela que je me suis mis à pratiquer le Dharma, et c’est grâce à la pratique que maintenant, je n’ai plus peur de la mort.

Peut-être qu’un jour, nous pourrons être comme Milarepa, mais à présent, nous n’avons même pas peur de la mort ! Et comme nous n’avons pas peur de la mort cela montre que nous n’avons pas une compréhension réelle et véritable de ce qu’est l’impermanence.

Nous pouvons peut-être penser que la non-peur de la mort que nous avons est semblable à la non-peur de la mort de Milarepa, c’est quelque chose que nous pouvons penser, mais c’est quelque peu différent parce qu’en fait, la non-peur que nous avons de la mort n’est rien d’autre que l’incompréhension que nous en avons. Alors que Milarepa en avait une véritable compréhension, il comprenait l’origine même de la mort et c’est ainsi qu’il a pu vaincre la peur.

Questions

 Comment on peut faire pour ne pas glisser dans nihilisme ?

Ce n’est quand même pas pareil de réfléchir sur l’impermanence et d’être dans le nihilisme, il y a une petite différence entre ces deux choses. Quand on est dans le nihilisme, on ne croit pas en la vie, on ne croit pas en la loi de cause à effet, en la loi du karma. On pense seulement que tout est vide.

 Est ce que méditer sur l’impermanence, ce n’est pas aussi méditer sur la permanence ?

Effectivement, mais en même temps, on ne médite pas sur la permanence, on médite sur l’impermanence. En méditant sur l’impermanence, on peut réaliser la permanence mais à ce moment-là, l’on ne la médite pas, on la réalise.
En fait, la méditation sur l’impermanence, c’est un peu comme le professeur, Milarepa, en méditant sur l’impermanence, a pu réaliser Rigpa, la Connaissance et c’est pour cela qu’il n’a plus eu peur de la mort car dans l’état de connaissance, il n’y a ni mort, ni non-mort. Pour parvenir à cela il a médité, c’est en ayant médité sur cette impermanence qu’il a pu réaliser l’état permanent de non-mort. Méditer sur l’impermanence permet de développer la persévérance, permet de ne pas être paresseux. Voici donc le sens véritable de la méditation sur l’impermanence.

 Est-ce que le corps de Vajra est permanent ?

Oui, le corps Vajra est permanent car il est au-delà de la naissance et de la mort. Le corps Vajra n’a pas de tête, pas de bras, pas d’oreilles, pas de jambes. Il est le corps Vajra de la Sagesse, de la Connaissance. Si l’on se dit : « je peux penser à ce que peut être le corps Vajra », ce n’est pas possible car on ne peut pas du tout penser à ce qu’il peut être.